Tuesday 7 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 379-380]

   Ce n’est pas que la Législation commerciale d’une nation, ne puisse devenir préjudiciable à ses voisines; surtout lorsque celles-ci sont déjà arrivées au degré d’opulence, où il serait désirable pour elles de pouvoir se livrer au commerce extérieur. Comme le commerce libre est avantageux pour les deux personnes qui contractent, toutes les fois qu’on les empêche de contracter, on nuit à l’une et à l’autre: tous les règlements des nations Européennes qui sont désavantageux à leurs sujets, le sont aussi par contrecoup à ceux qui négocieraient avec eux. Ainsi, lorsque les Espagnols ont exclu les nations Européennes de leurs colonies d’Amérique, ils n’ont pas seulement fait du tort à leurs colons et à eux-mêmes, ils en ont fait aussi aux fabricants étrangers, qui auraient travaillé pour eux, avec plus d’activité, et pour de plus fortes sommes, qu’ils ne le font aujourd’hui. Ce profit qu’on leur enlève n’est pas compensé par le profit supérieur que font les interlopes, dans leur commerce de contrebande. Mais outre qu’on peut douter si ces inconvénients sont égaux à ceux qu’entraîne une guerre de commerce, ce n’est pas pour soutenir une demande aussi raisonnable que celle de la liberté du négoce, qu’on a livré des batailles, ou négocié des traités; c’est pour extorquer des autres Peuples, des avantages déraisonnables, et souvent onéreux pour celui qui les accorde, en même temps qu’inutiles pour celui qui les obtient.

[Translation]

   It is not impossible for the commercial legislation of a nation to be detrimental to her neighbouring nations; it may be possible, especially when they have already come so opulent that it would be safely desired for the nations to devote themselves to foreign trade. Since free trade is advantageous to the two persons in contract, whatever keeps them from making a contract is to be detrimental to both parties. All the regulations of European nations that are disadvantageous to their subjects are, as a roundabout result, as disadvantageous to those who would deal with them. When the Spaniards excluded other European nations from their colonies in America, therefore, they did not only do harm to the habitants of their colonies and to themselves, but also to foreign manufacturers, who would have worked for them with more briskness and for larger sum of money than they do today. This profit taken away from them is not compensated for by the higher profit accruing to smugglers, dealing with the contraband. However, not only can there be some doubts as to whether these inconveniences are comparable to those occasioned by a commercial war; nations have given battle or negotiated for treaties, not in order to meet a reasonable demand such as that for freedom of commerce, but in order to extort from other nations advantages which are unreasonable, and often costly to those who accord them, and, at the same time, useless to those who obtain them.