Tuesday 30 June 2009

Book 1, chapter 8, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 229]

(1) Nous négligeons dans ce calcul de tenir compte des jours de repos, qu’il faudroit [faudrait] déduire de part et d’autre.

[Translation]

(1) We take no account of days of repose in this calculation, which it would be necessary to deduct in both the cases.

Monday 29 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 244]

   Si l’on pouvoit [pouvait] une fois se convaincre que l’argent n’est pas la seule richesse d’une nation; que toutes les fois qu’elle possède en abondance des marchandises et du travail accumulé, elle trouve facilement du numéraire; que comme qu’elle fasse, ce dernier ne s’accumulera pas chez elle, et que s’il le faisoit [faisait] ce seroit [serait] pour sa ruine; qu’enfin elle s’enrichit toutes les fois que les produits de l’agriculture et de l’industrie augmentent; on comprendroit [comprendrait] qu’elles n’a point besoin pour cela des étrangers, et l’on ne s’étonneroit [étonnerait] pas d’une chose toute simple, savoir: que le commerce faisant l’avantage tant de l’acheteur que du vendeur, il soit deux fois plus profitable à la nation lorsque l’une et l’autre de ces deux personnes lui appartiennent, qua lorsque l’une des deux est étrangère.

[Translation]

   Money is not the only wealth of a nation; whenever the nation abounds with commodities and accumulated labour, it finds money easily; money will not be accumulated in this country, and, if it were to be accumulated, this would be for ruin; in the end, the nation is progressive in wealth, whenever the produce of agriculture and industry is on the increase. Once you convinced yourself of these propositions above, you would understand that the nation does not need foreign countries for that, and would not be surprised at a very simple maxim; that is to say, that, since commerce is advantageous for purchasers as well as for sellers, it is twice as profitable to the nation if both the parties belong to it as if one of them is from a foreign country.

Sunday 28 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 241-44]

   Les draps de Chalabre que nous avons pris précédemment pour exemple, se débitent tous dans le pays où on les a fabriqués: le capital qui les fait produire, anime en même tem[p]s une autre industrie nationale pour les payer; son effet est donc double dans le Département de l’Aude, ou dans les Départemen[t]s voisins, et les marchands qui les débitent remplacent toujours alternativement deux capitaux françois [français]. Tout auprès de cette manufacture en existoit [existait] autrefois une autre beaucoup plus brillante, celle de Carcassonne, qui fournissoit [fournissait] avant la révolution 56 mille pièces de drap par année. C’étoient [étaient] les plus beaux du midi de la France, et cette manufacture importante, qui ne produit plus que le quart de ce qu’elle faisoit [faisait] autrefois, excitoit [excitait] tout l’intérêt du Ministère. Elle l’excitoit [excitait] surtout, parce que les draps qui en sortoient [sortaient] se vendoient [vendaient] presque tous à l’étranger, et augmentoient [augmentaient] par conséquent, disoit-on [disait-on], la richesse nationale, en assurant des balances de commerce favorables. Sous ce rapport-là précisément, la fabrique de Carcassonne étoit [était] de moitié moins importante que celle de Chalabre. Le capital employé dans la première animait bien deux industries, l’une pour produire l’étoffe, et l’autre pour la payer; mais l’une seulement de ces deux industries étoit [était] françoise [français], l’autre étoit [était] celle des Levantins. En effet, le négociant de Marseille qui se rendoit [rendait] l’entremetteur entre le fabricant de Carcassonne et le marchand des Echelles, remplaçoit [remplaçait] alternativement, toujours avec un capital françois [français], le capital de l’un et l’autre; et si l’on ne veut considérer que l’argent, tantôt il payoit [payait] le fabricant de Carcassonne pour ses draps, tantôt le marchand de Smyrne pour son huile, son riz, et son café; tandis que son argent lui étoit [était] remboursé par le consommateur des deux nations. Le profit de son commerce pouvoit [pouvait] être le même, ou pouvoit [pouvait] être plus grand que celui d’un commerce intérieur; mais l’avantage pour la nation étoit [était] infiniment moindre, car la somme qu’il auroit [aurait] employée à remplacer deux capitaux françois [français], auroit [aurait] par chaque circulation fait travailler deux fois plus, et augmenté deux fois plus la richesse nationale, que la même somme lorsqu’elle ne mettoit [mettait] qu’un seul travail françois [français] en mouvement: à quoi il faut ajouter encore, que les retours d’un commerce au Levant étant infiniment plus tardifs, il auroit [aurait] fait circuler trois ou quatre fois son capital en France, avant que d’être payé d’un seul envoi fait à Smyrne.

[Translation]

   The drapery from Chalabre we have above taken for example is retailed everywhere in the country where it was produced. The capital for this production animates at the same time another national industry for payment for it. Its effect is therefore double in the department of Aude or in the neighbouring departments, and the merchants who retail it always replace two French capitals alternately. There used to be another factory quite near to this one. That one, situated in Carcassonne, was much more brilliant, and produced 56,000 pieces of drapery a year before the revolution. These were the most beautiful of all from Southern France, and this important factory, which produces only a quarter as much as it used to, stimulated all the interest of the administration. It stimulated it, above all because almost all the drapery produced there was sold abroad, and was said to increase the national wealth by assuring France of the favourable balance of trade. In these terms, precisely, the factory in Carcassonne was half as important as that in Chalabre. The capital employed in the former animated two industries well, one of which was for producing cloth, and the other of which for paying for it. But only one of these industries was in France, and the other was in the Levant. Indeed the merchant in Marseille who intermediated between the manufacturer in Carcassonne and the merchant in the Levant replaced the capital of both alternately, always with a French capital. If you want to consider only money, he sometimes paid the merchant in Carcassone for drapery and sometimes that in Smyrna for oil, rice and coffee, while he retrieved his money from consumers in the two countries. The profit of his commerce could be the same or could be higher than that of inland trade. But the advantage for the nation was far smaller, because the sum he had employed to replace two French capitals had employed twice as many labourers every time it circulated, and had given twice as much increase to the national wealth, as when it only put French labour in motion. To this we still need to add that, the returns on commerce of the Levant being far slower, he had made his capital in France circulating three or four times, before being paid from a single cargo to Smyrna.

Saturday 27 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 241]

   On pourroit [pourrait] encore avec plusieurs auteurs ne considérer comme remplacement de capital, que celui qui se fait en numéraire; ce qui arrive de deux fois l’une, celui qui donne de l’argent devant en recevoir ensuite, pour pouvoir en donner de nouveau. Il est pourtant plus exact de dire que tout commerce fournit toujours à la fois à deux consommateurs ce qu’ils veulent employer à leur usage, à l’un en nature, et à l’autre en argent qui lui sert à se le procurer. Or l’ouvrier productif à qui on le fournit en nature, est aussi bien mis en mouvement par là que celui à qui on le fournit en argent; ce sont donc toujours deux impulsions données, deux capitaux remplacés.

[Translation]

   Still, you might consider, like some authors, as replacement of capital only that which is made in specie (this takes place one out of two times), that which gives some money in expectation of receiving some money later in order to give some again. However, it is more exact to say that every sort of trade provides at once two consumers with what they want to make use of, namely one of them in kind and the other in money which helps to procure him the commodity. But the productive labourer provided with it in kind is employed by it as well as that provided in money. These are therefore always two given impulses, two replaced capitals.

Friday 26 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 239-41]

   Nous avons supposé pour simplifier que le fabricant étoit [était] le consommateur des denrées du paysan, tandis que le paysan étoit [était] le consommateur des étoffes du fabricant, et dans ce cas le capital du fabricant s’échange tour à tour avec celui du marchand de draps, et celui du marchand de denrées; au premier il donne des étoffes, au second de l’argent; les capitaux des deux marchands remplacent tour à tour ceux du fermier et du fabricant, et celui du fermier remplace tour à tour ceux des deux marchands. Il n’arrive jamais cependant que deux classes d’ouvriers se correspondent avec cette précision, d’où il résulte que le capital du marchand de denrées est remplacé maille à maille par les revenus des consommateurs; et sous cette dénomination il faut comprendre toutes les classes de la société. Lorsque ces consommateurs sont des ouvriers productifs, ils remplacent ce qu’ils achètent par un capital, car c’est sous ce point de vue qu’on doit considérer leur salaire nécessaire; les autres consommateurs achètent en général les denrées et marchandises avec leur revenu, qui se trouve alors remplacer un capital, tandis que d’autre part le capital approprié au salaire nécessaire de l’ouvrier productif remplacera leur revenu. Il arrive quelquefois aussi que le consommateur est un dissipateurs qui achète ce dont il a besoin avec son capital qu’il détruit, ou qu’il l’achète avec les capitaux d’une nation dissipatrice, qu’il contribue pour sa part à détruire.

[Translation]

   We have supposed for simplification that the manufacturer was the consumer of the produce of the peasant, while the peasant was the consumer of the cloth of the manufacturer, and in this case the capital of the manufacturer is exchanged, by turns, for that of the merchant of drapery and for that of the one of foods. At first he gives some cloth, and secondly some money. The capitals of the two merchants replace those of the farmers and the manufacturer by turns, and that of the farmer replaces those of the two merchants by turns. However, two classes of labourers do not correspond to each other so exactly, and from this it follows that the capital of the merchant of foods is replaced penny to penny by the revenue of consumers. And in this name [consumers] it is necessary to include all the classes of society. When these consumers are productive labourers, they replace what they purchase by a capital, because it is from this point of view that you must consider their necessary wage. The other consumers generally purchase foods and commodities with their revenue, which then happens to replace a capital, while on the other hand the capital appropriated for necessary wage of productive labourers will replace their revenue. It sometimes happens also that the consumer is a spendthrift, who purchases what he wants with his capital he destroys, or that he purchases it with the capital of an extravagant nation, whom he helps to destroy on his part.

Thursday 25 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 238-39]

   Mais si le même capital devoit [devait] sans remplacement faire mouvoir les bras de deux classes d’ouvriers productifs, en passant alternativement de l’une à l’autre, la circulation seroit [serait] infiniment lente, il faudroit [faudrait] au moins deux ans avant que le fabricant de draps fût payé et pût recommencer l’ouvrage. Ce capital s’est donc divisé entre les mains de tous ceux chez qui il devoit [devait] passer; ses propriétaires qui recherchent toujours leur plus grand avantage ont opéré d’eux-mêmes et tout naturellement cette division. Une partie de la richesse mobiliaire [mobilière] s’est arrêtée entre les mains du fabricant de Chalabre, une autre entre celles du fermier Languedocien, et une troisième entre celles d’un ou de plusieurs commerçan[t]s, qui distribuent les produits de l’un ou de l’autre. Le fabricant n’a pas plutôt fini son drap, qu’il trouve le marchand prêt à s’en charger, et à remplacer son capital par le sien, de sorte qu’il peut immédiatement recommencer l’ouvrage; le fermier n’a pas plutôt produit son blé, qu’un marchand s’en charge, et remplace également son capital; enfin le marchand lui-même distribue et le blé et le drap aux consommateurs selon leurs besoins, et reçoit de ceux-ci une portion de leurs revenus, qui pour lui devient un capital et sert à remplacer celui qu’il a avancé au fabricant et au fermier; chacun d’eux voit rentrer plus souvent ses fonds entre ses mains sous la forme de numéraire, chacun d’eux se bornant à une seule profession, l’exerce avec plus d’intelligence et de profit, mais la somme de leurs opérations est la même que nous avons d’abord supposé faite par un seul homme, la somme de leurs capitaux est dans la même proportion avec celle de leurs opérations, et cette somme maintient toujours deux travaux productifs, tandis que chacune de ses fractions remplace alternativement deux capitaux actifs.

[Translation]

   But, if the same capital should without replacement employ two classes of productive labourers by turns, the circulation would be infinitely slow, and it would take at least two years before the manufacturer of drapery is paid and ready to restart the operation. This capital has therefore been divided into all the hands into which it must pass. Its owners, who always ask for larger advantage, have operated this division voluntarily and naturally. Part of the movable wealth has remained in the hand of the manufacturer in Chalabre, another part in those of the farmer in Languedoc, and still another in those of one or several merchants who distribute the produce of the former or the latter. No sooner has the manufacturer finished his woollen drapery than he finds the merchant ready to take it on and to replace the manufacturer’s capital by his, so the manufacturer can immediately restart the operation. No sooner has the farmer produced his corn than a merchant takes it on, and replaces his capital in the same way. Finally the merchant himself distributes the corn and drapery to consumers according to their needs, and receives a portion of their revenue from them, a portion which is a capital for him and serves to replace what he has advanced upon the manufacturer and the farmer. Each of them sees his stocks retrieved into his hands in the form of specie in most cases. Each of them, confining himself to only a profession, performs it with more intelligence and to more profit, but the sum of the operation is the same as we have at first supposed made by only a man; the sum of their capitals is in the same proportion to that of their operations, and this sum always maintains two sorts of productive labour, while each half of it alternately replaces two capitals at work.

Wednesday 24 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 236-38]

   Un capital destiné à animer un travail productif peut-être [peut être] considéré comme étant toujours le même, depuis le moment de la production, jusqu’à celui de la consommation de la marchandise. Supposons, par exemple, qu’un seul capital de cent mille écus fut employé dans la manufacture des draps ordinaires de Chalabre, (département de l’Aude), destinés à la consommation intérieure: l’échange ne sera vraiment accompli que lorsque le drap vendu par le fabricant, sera parvenu au cultivateur, et aura été payé par celui-ci en blé et vin produit de son travail, de sorte qu’une même valeur soit rentrée entre les mains du premier et qu’il puisse recommencer. La partie des cent mille écus qui paye le salaire nécessaire, mettra donc en mouvement l’industrie du fabricant de Chalabre, et celle du paysan Languedocien, tandis que le reste deux fois reproduit par l’un et par l’autre, procurera deux fois leur salaire superflu [,] leur profit et leur rente aux trois classes productives, formera enfin deux fois le revenu de la société; car il y a toujours dans tout commerce, double production, dont la seconde est destinée à payer la première. S’il y avoit [avait] consommation sans reproduction d’égale valeur, le capital s’épuiseroit [épuiserait], et le travail seroit [serait] arrêté; un homme ne peut pas plus toujours acheter qu’un autre toujours vendre; il faut que de son côté il produise ou fasse produire, il vende ou fasse vendre, afin de se procurer l’argent nécessaire à ses achats. Son revenu procède ou de son propre travail, ou du profit de son capital, ou de la rente de ses terres, ou de la part qu’il obtient au travail des autres comme appartenant à la classe improductive; il est donc toujours en dernière analyse fondé sur le travail; tout consommateur n’achète donc que parce qu’un travail fait par lui ou par d’autres le met en état de le faire; toute vente suppose donc une autre vente pour compléter le troc entre le produit de deux travaux simultanés, tandis que pour l’entrepreneur, elle fait partie du troc entre les produits de deux travaux successifs.

[Translation]

   A capital appropriated for activation of productive labour can be considered as always the same since the moment of production until that of consumption of the produce. Let us suppose, for example, that a single capital of 100,000 ecus were employed in a mill of ordinary woollen drapery in Chalabre (in the Aude department) for the home market. The exchange will not be really accomplished until the drapery sold by the manufacturer has reached a cultivator and has received the payment from him in corn and wine produced by his labour. Then the mill will have retrieved something of the same value into hands, and will have been ready to restart the operation. That part of 100,000 ecus which pays necessary wages, therefore, will set in motion the industry of the manufacturer in Chalabre, and that of a peasant in Languedoc, while the rest, twice reproduced by both, will twice procure their surplus wage, profit and rent for the three productive classes, and will twice bear the revenue of society in the end. The reason is that there is always double production in every sort of trade, the second of which is appropriated for payment for the first. If there took place consumption without reproduction of equal value, the capital would be exhausted, and the labour would be suspended. A man can no more frequently purchase than another can sell. It is necessary that on his side he should produce or have someone else produce, and should sell or have someone else sell, in order to obtain necessary money for his purchases. His revenue comes from his own labour, from profit on his capital, from rent of his estates, or from that part which he obtains for the labour of others as belonging to the unproductive class. In the end, therefore, he always rests on labour. So every consumer purchases only because one sort or another of labour performed by him or by others enables him to do it. Every sale presupposes another sale in order to complete the act of bartering the produces of two simultaneous doses of labour, while it comprises a part of the act of bartering the produces of two successive doses of labour for the entrepreneur.

Tuesday 23 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 232-36]

   L’avantagé que l’entrepreneur d’une fabrique trouve au travail qu’il dirige, est ce que nous avons déjà désigné sous le nom de profit mercantile; il fait partie du prix de la chose produite; mais l’avantage qui résulte pour la nation d’un travail fructueux est égal à la totalité du prix de la chose produite, car ce prix se divise tout entier en salaire nécessaire, salaire superflu, profit, et rente; il remplace le capital qui doit animer l’industrie, et paye leur revenu à toutes les classes de la société. On comprend d’après cela que deux capitaux dont l’un circuleroit [circulerait] lentement, et l’autre rapidement, pourroient [pourraient] donner le même profit à leurs propriétaires, mais qu’il est impossible qu’ils donnent le même revenu à la société. Supposons en effet deux fabrican[t]s de toiles établis dans la même ville, qui tous les deux possèdent un capital de cent mille fr. et l’emploient tous les deux en entier à leur commerce. L’un des deux vend ses toiles en Amérique, avec un bénéfice de vingt-cinq pour cent, mais soit à cause de l’éloignement, ou à cause du besoin de capital en Amérique, il ne peut être payé et recommencer l’ouvrage qu’au bout de deux ans. Il sait que c’est une conséquence d’un pareil commerce, et pour n’avoir jamais besoin de fermer son atelier en attendant des remises, il ne consacre que 50,000 francs chaque année à produire, et son profit annuel est de 12,500 francs. Son confrère au contraire vend à sa porte les toiles qu’il fabrique, et dont la consommation se fait toute dans l’intérieur: il ne gagne à la vérité que deux et demi pour cent dessus, mais il est payé comptant, et avant trois mois la circulation de son capital s’est opérée, en sorte qu’il a pu recommencer l’ouvrage, et que dans l’année il a fabriqué pour 400,000 fr. de toiles, et obtenu un profit de 10,000 fr. Quoique l’un des deux prenne sur la même marchandise un bénéfice dix fois plus fort que l’autre, ces deux commerces paroîtront [paraîtront] également avantageux aux négocions qui s’y livrent, parce que leurs profits ne seront entr’eux que comme cinq est à quatre, et que cette différence ne sera considérée que comme une juste compensation de l’inquiétude que cause toujours l’éloignement du marché. Mais pour la nation, il y aura bien une autre différence entre ces deux commerces; car l’intérieur lui procurera pour 400,000 fr. de productions, et l’extérieur seulement pour 50,000. Dans ce cas-ci cependant, comme dans tous les autres, lorsque le commerce est libre, l’intérêt du particulier est le même que l’intérêt général; il ne conviendroit [conviendrait] pas à la nation, pour avoir un produit beaucoup plus grand, de renoncer à tous les commerces où le capital circule lentement; l’agriculture elle-même se trouveroit [trouverait] comprise dans cette proscription, quelque nécessaire qu’elle soit à la prospérité publique. Les bénéfices que procure chaque branche d’industrie, se proportionnent naturellement au besoin qu’en a le peuple, et pour que le capitaliste reste attaché à celles où la circulation est plus lente, le consommateur qui a besoin de lui, consent à lui céder de plus grands profits. Mais il faut seulement en conclure, que c’étoit [était] une politique bien fausse que celle qui altéroit [altérait] cet équilibré naturel en accordant au commerce extérieur dont les retours sont fort lents, des faveurs plus importantes qu’au commerce intérieur, celui de tous qui avec le même capital, donne à la nation le plus grand revenu.

[Translation]

   The advantage the entrepreneur of a mill finds in the business he manages is what we have already called in the name of mercantile profit. It comprises a part of the price of produced things, but the advantage which results from fruitful labour for the nation is equal to the whole price of produced things, because this whole price is divided into necessary wage, surplus wage, profit and rent. It replaces the capital which should animate industry, and raises these sorts of revenue to all the classes of society. From this it follows that two capitals, if one of them circulated slowly and the other rapidly, could procure the same profit for their owners, but that it is impossible that they procure the same revenue to the society. Let us suppose that two linen mills are established in the same city, each of which possesses a capital of 100,000 francs and employs the whole capital for his trade. One of the two sells his drapery to America with a profit of 25%, but he cannot be paid either for the distance or for lack of capital in America and cannot restart his operation until two years have passed. He knows that this is a result of such a trade, and only appropriates 50,000 francs for production a year, lest he should have to close his mill while waiting for delivery, and his annual profit is of 12,500 francs. On the contrary, the other person in the same trade sells linen drapery of his manufacturing in a nearer market, which is entirely for domestic consumption. It is true that he gains only 2.5% profits, but he is paid in cash, and the circulation of his capital has been competed in three months, so that he has got ready to restart the operation, and that he has manufactured cloth of 400,000 francs in the year, and has obtained a profit of 10,000 francs. Though the one of the two takes ten times as much benefit upon the same trade as the other, these two sorts of trade will appear equally advantageous to the merchants engaged in it, because their profits will be little different (the ratio is five to four), and because this difference is only considered as a just compensation for troubles caused by the distance of the market. But for the nation there will in fact be another difference between these two sorts of trade. For the inland trade will procure the produce of 400,000 francs for the nation, and the foreign trade will only 50,000 francs. In this case, as well as in any other case, where trade is left free, however, the interest of an individual is the same as the general interest. In order that the nation may produce much more, it would not be convenient to abandon all sorts of trade where the capital circulates slowly. Agriculture itself would seem to be included in this banishment, however necessary it may be to the public prosperity. Benefits procured by each branch of industry are naturally in proportion to the need the nation has for it, and, if capitalists remain attached to those where the circulation is slow, consumers who need them agree to yield larger profits to them. But you have only to conclude from this that a policy was utterly wrong if it distorted this natural equilibrium by bestowing more significant favour to foreign trade upon which returns are very slow, than to inland trade, which deals in anything that, with the same capital, raises the largest revenue to the nation.

Monday 22 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 232]

   Il faut remarquer que je pren[d]s ici le mot de circulation dans son sens le plus strict; Herrenschwand a observé avec raison, (Écon. polit. et mor. vol. II. p. 112) que ce mot étoit [était] employé improprement toutes les fois qu’il ne désignoit [désignait] pas un mouvement qui ramenât en se terminant la chose circulante à la place d’où elle étoit [était] partie lorsque le mouvement avoit [avait] commencé. C’est précisément ce qui arrive au capital circulant, il décrit toujours un cercle, et revient toujours entre les mains de son premier propriétaire, lequel lui a donné l’impulsion; et c’est ce qui n’arrive jamais au numéraire, qui peut passer de mains en mains sans jamais revenir à celles de son premier détenteur. J’ai cependant désigné par le même mot, la circulation incomplète de ce dernier, l’usage m’autorisant à le faire.

[Translation]

   It is necessary to note that here I take the word circulation in its most strict sense. Herrenschwand has observed with reason (De l’économie politique et morale de l’espèce humaine, vol. 2, p. 112) that this word is improperly employed unless it means a movement where a circulating thing returns at the end to the place out of which it comes at the beginning. This is precisely the case with circulating capital. It always draws a circle and always returns in the hands of the first owner, who has triggered it. This is never the case with specie, which can pass from hand to hand without returning into the hands of the first holder. Yet I have meant by this word the incomplete circulation of specie because usage authorises me to do so.

Sunday 21 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 231-32]

   Cependant la circulation n’est point achevée lorsque le producteur a vendu sa marchandise, et a changé son capital contre de l’argent, avec lequel il peut recommencer le travail; elle est bien complète pour lui, mais elle ne l’est pas pour la nation dans le sein de laquelle elle s’opère: Une vente, nous l’avons déjà observé, n’est que la moitié d’un troc; or la circulation n’est réellement accomplie que quand le troc est achevé, et que le consommateur a appliqué à son usage la chose produite, après se l’être procurée en échange, d’une autre qu’il a produit lui-même, ou fait produire. Tant qu’une chose n’est point appliquée à son usage par le consommateur, le capital qui l’a produite existe toujours en elle; ce n’est donc pas le même capital, mais un nouveau, qui retourne entre les mains de l’entrepreneur, et donne de l’activité à son travail. L’existence de ce nouveau capital est due, comme nous le verrons bientôt, à la division des capitaux nationaux, dont une partie qui demeure entre les mains des marchands, est destinée à remplacer alternativement tous les capitaux des producteurs.

[Translation]

   But the circulation is not completed when the producer has sold his commodities, and has exchanged his capital for money, with which to restart the labour. It is true that the circulation is completed for him, but not for the nation in itself, from which it come about. As we have already observed, a sale is only a half of an act of bartering. The circulation is not really completed until the act of bartering is completed, and until the consumer has applied the produced thing to his use after having obtained it in exchange for another thing he himself has produced, or has made produced. Until the consumer applies a thing to his use, the capital which has produced it always exists in it. Therefore, it is not the same capital but a new capital that returns into the hands of the entrepreneur, and gives activity to his labour. The existence of this new capital is due, as we will see later, to the division of the national capital, a part of which, remaining in the hands of merchants, is appropriated for successive replacement of all the capitals of producers.

Saturday 20 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraphs 07-08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 229-31]

   Nous avons comparé aux semences du laboureur le capital circulant employé comme salaire nécessaire; la nation dont le capital circule avec assez de rapidité pour revenir plusieurs fois dans l’année à celui qui le premier l’a mis en mouvement, est dans la même situation que le laboureur de ces climats heureux, qui peut demander successivement à la même terre, trois ou quatre récoltes dans la même année.
   Ce n’est pas seulement la rapidité du retour du salaire nécessaire qu’il faut considérer, mais la circulation totale du capital, car l’entrepreneur d’un ouvrage ne pouvant point changer la proportion courante entre le salaire nécessaire et le superflu; non plus que celle entre la partie du capital qui paye le salaire, et la partie qui fournit des matières premières, des outils, etc. ne peut rappeler ses travailleurs à l’ouvrage, que quand la totalité de son capital lui est rentrée; la mesure commune de tous les capitaux étant le numéraire, ceux qu’un entrepreneur destine à un certain ouvrage sont représentés avec exactitude par leur rapport avec une somme numérique, quoique l’or et l’argent ne soient point nécessaires à leur circulation qu’ils ne font que faciliter; on dira donc qu’une manufacture demande un capital de cent mille écus, plutôt que de trois cent mille journées de travail, parce que ce travail, ni la subsistance qui le commande, ne suffisent point pour mettre la manufacture en mouvement, et qu’il faut beaucoup d’autres choses dont l’argent est la mesure commune, choses qu’il procure, bien qu’il ne les remplace pas.

[Translation]

   We have compared the circulating capital employed as necessary wages to grains of farmers. The nation whose capital circulates rapidly enough to be retrieved several times a year by those who have employed it at first is in the same situation as farmers in those happy climates where three or four crops can be successively raised in a year from a field.
   You need not only to consider the rapidity of return of necessary wages but that of the total circulation of capital, because the entrepreneur of a business, who cannot change the current proportion between the necessary wages and the surplus or between the part of capital which pays wages and the part which provides raw materials, tools, etc., cannot put his labourers at work again until he has retrieved the whole of his capital. The common measure of all capital being specie, the capitals an entrepreneur allots for a certain business are exactly represented by their relation with a sum of specie, though gold and silver are not necessary for their calculation, which they only make easy. You will say therefore that a mill requires a capital of 100,000 ecus, rather than 300,000 days of labour, because this labour itself or the provisions which command it are not sufficient to operate this business, and because many other things are needed, of which money is the common standard, things which it procures, though it does not replace them.

Friday 19 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraphs 05-06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 227-29]

   C’est, comme nous l’avons vu, le caractère distinctif du travail productif, que de laisser après lui, des traces matérielles susceptibles d’être échangées contre une valeur supérieure à celle qui a été consommée pour le faire. Dès que l’on prend le tem[p]s en considération, plus cet échange est répété souvent, plus un seul capital, après avoir passé du producteur au consommateur est revenu souvent au premier, dans un espace de tem[p]s donné, et plus ce seul capital aura pu produire d’ouvrage.
   Supposons un homme qui dispose d’une masse de subsistance suffisante pour maintenir trente mille ouvriers pendant un jour; si l’ouvrage auquel il veut les employer est tel qu’il puisse être accompli et échangé contre de la nouvelle subsistance dans l’espace d’un mois, il est clair qu’il pourra tenir habituellement à ses gages mille ouvriers, parce que vendant chaque jour le produit du travail de ces mille ouvriers, il renouvellera constamment son fonds, de manière qu’il devra lui suffire pour maintenir toujours le même nombre d’hommes à perpétuité: ses ouvriers feront donc pour lui dans une année 365000 journées de travail. Qu’un autre homme dispose précisément de la même quantité de subsistance, mais que le genre d’ouvrage qu’il entreprend soit tel qu’il faille une année révolue pour qu’il en échange les fruits contre de nouvelle subsistance, comme il arrive, par exemple, à l’agriculteur, il ne pourra payer en tout que trente mille journées d’ouvriers pendant le cours de l’année, ou l’un portant l’autre, il n’aura à son service que quatre-vingt-deux ouvriers et une fraction chaque jour. Il est donc clair que le premier fera dans un tem[p]s donné douze fois plus d’ouvrage avec le même capital que le second (1).

[Translation]

   As we have seen, the distinctive character of productive labour is to leave behind some tangible traces which can be exchanged for something of more value than that which has been consumed for making them. Taking the time into consideration, the more often this exchange is repeated (the more often the same capital has returned to the producer after having passed from him to consumers in a give period), the more work this capital will possibly have produced.
   Let us suppose that a man owns a mass of provisions sufficient for maintenance of 30,000 labourers for a day. If he offers them for the work which can be accomplished and exchanged for some new provisions in a month, it is clear that he will be able to usually employ 1000 labourers, because, by selling the produce of labour by these 1000 labourers, he will constantly renew his stock, in order that it may be sufficient for him to always maintain as many men forever. His labourers will therefore make 365,000 days of labour for him in a year. Let us suppose that another man owns precisely the same quantity of provisions, but that he undertakes a sort of work whose produce it will take a full year to exchange for some new provisions; as is often the case with, say, husbandmen, he can pay in all only 30,000 days of labourer in the course of the year, or on the average he will have at his service only a little more than 82 labourers a day. It is therefore clear that in a given time the former will make twelve times as much work with the same amount of capital as the latter (1).

Thursday 18 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 226-27]

   Nous avons déjà vu que la somme du mobilier circulant déterminoit [déterminait] le besoin de numéraire, que ce même mobilier comprenoit [comprenait] les fruits du capital fixe, et payoit [payait] les intérêts du capital immatériel, en sorte qu’il étoit [était] nécessairement en rapport avec toutes les parties de la richesse nationale. Nous avons vu aussi que de deux nations également riches, l’une pouvoir être animée par une économie active et industrieuse, l’autre pouvoit [pouvait] s’abandonner au luxe, à la mollesse et au désœuvrement; que la première accroîtroit [accroîtrait] sans cesse son salaire nécessaire, son travail, et ses revenus, tandis que la seconde verroit [verrait] déchoir les uns et les autres. Il ne nous reste donc plus pour connoître [connaître] ce qui peut influer sur la quantité de travail produit, qu’à comparer les divers degrés de rapidité de la richesse circulante; et à rendre compte des différen[t]s effets qu’ils produisent sur l’activité des ouvriers.

[Translation]

   We have already seen that the sum of circulating movables determines the need for specie, that these same movables consist of the fruits of fixed capital and pay the interest of intangible capital, so that they are necessarily in proportion to all these parts of national wealth. We have also seen that one nation can be animated by active and industrious economy, while another nation, equally rich, can indulge itself in luxury, meekness, and idleness; that the former has necessary wages, labour, and revenue continually grow, while the latter sees them in decline. Therefore we have only to compare diverse degrees of the rapidity of circulating capital, and to account for different effects they have on the activity of labourers, in order to better understand what can influence the quantity of produced [productive] labour.

Wednesday 17 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraphs 02-03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 226]

   Le travail fructueux, ainsi que nous l’avons dit plusieurs fois, ne s’entreprend qu’autant qu’un salaire nécessaire met en mouvement l’ouvrier productif. Ce salaire est composé de la partie matérielle [,] circulante et mobiliaire [mobilière] de la richesse nationale, que les ouvriers appliquent immédiatement à leur usage, et dont la possession ou la consommation leur est indispensable pour vivre et pour travailler; l’aliment, le vêtement, le logement, les outils, et non point l’or qui achète toutes ces choses, constituent réellement le salaire nécessaire des ouvriers.
   La quantité de mobilier circulant qu’une nation possède, dépend de son état actuel de richesse; la proportion entre la partie de ce mobilier qu’elle emploie au salaire nécessaire et celle qu’elle dissipe, dépend de sa sagesse et de son économie; enfin l’effet qu’elle peut produire et le travail qu’elle peut animer, avec une portion égale de richesse, et une somme égale de salaire nécessaire, dépendent du plus ou moins de rapidité de la circulation de cette richesse.

[Translation]

   The fruitful labour, as we have said repeatedly, is only performed as long as necessary wages put productive labourers at work. These wages are composed of the tangible, circulating and movable part of national wealth, which labourers immediately apply to their use, and whose acquisition or consumption is indispensable for them to live and work; food, clothing, lodging, tools, not money which buy all these things, really constitute the necessary wages for labourers.
   The quantity of circulating movables in the possession of a nation depends upon the current state of its wealth. The proportion between that part of movables employed for necessary wages and that part wasted depends upon the national wisdom and frugality. Finally, how much the nation can produce and how much labour it can perform, with a given portion of wealth and a given amount of necessary wage, depends more or less upon the rapidity of the circulation of this wealth.

Tuesday 16 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 225]

Ce n’est point, comme nous venons de nous en convaincre, le rapport entre les importations et les exportations, qui constitue l’état prospère ou adverse du commerce chez une nation; le rapport entre le travail fructueux entrepris, et le travail dont les fruits ont été consommés, détermine seul la balance entre les revenus et les dépenses de la société. C’est là seulement qu’il faut chercher les indices de l’augmentation ou de la diminution de la fortune publique, tous les autres signes qu’on a cru pouvoir saisir ne sont exacts et concluan[t]s, qu’autant qu’ils sont des conséquences plus ou moins rigoureuses, et plus ou moins immédiates, de cette proportion essentielle.

[Translation]

As we have shown, it is not the relation between imports and exports that constitutes the prosperous or declining state of commerce of a nation. Only the relation between the performed fruitful labour and the labour whose fruits have been consumed determines the balance between revenue and expenditure of society. It is only this that it is necessary to search for the index of increase or decrease of the public fortune, and all other signs that have been believed significant are only exact and conclusive as long as they are more or less rigorous and immediate consequences of this essential proportion.

Monday 15 June 2009

Book 1, chapter 7, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 215-16]

(1) Les calculs présentés au Chap. IV pourroient [pourraient] seuls suffire pour justifier cette conclusion; cependant pour ne laisser aucun doute dans l’esprit du lecteur, nous montrerons ici qu’une nation peut s’enrichir, non-seulement encore que la balance de son commerce soit constamment défavorable, mais même encore qu’elle le devienne chaque année davantage; tout comme elle peut s’appauvrir dans le cas contraire: nous conserverons aux lettres la même signification que nous leur avons donnée pag. 105, où nous avons exprimé par D=P+C–(N+X) le bilan de la nation qui doit pour solde chaque année une somme aux étrangers. Or que C soit la 1/10 de N, et X une quantité positive égale au 1/5 de N, ce bilan se réduira ainsi; D=P+N/10–N–2N/10 soit D+M/10=P–N, et la nation économisera cette année. Mais qu’elle accroisse l’année suivante et ses emprunts, et son salaire nécessaire, de sorte que les premiers, ou C, soient égaux à N/8 et le second ou X à N/4: que la troisième année elle les accroisse encore, tellement que C soit =N/6 et X=N/3; les économies de la nation dans ces trois années seront pour la première N/10, pour la seconde N/8, pour la troisième N/6, quoique sa balance de commerce soit devenue toujours plus défavorable, précisément dans la même proportion. Or cette supposition s’accorde parfaitement avec ce qu’on voit arriver tous les jours dans les colonies nouvelles et très prospérantes [prospérâtes]; quelque sages et économes que soient les Colons, leurs épargnes ne suffisent pas pour mettre en mouvement tout le travail qu’ils sont encouragés à entreprendre, ils empruntent donc chaque année davantage, mais ils empruntent pour employer avantageusement et comme salaire nécessaire les marchandises qu’ils reçoivent. La nation qui acquitte ses dettes, mais qui retranche de son salaire nécessaire dans une proportion supérieure à ce remboursement, doit aussi nécessairement s’appauvrir, ce qui n’a pas besoin je pense d’une nouvelle démonstration.

[Translation]

(1) The calculations presented in chapter 4 alone could suffice to justify this conclusion. However, in order to leave no doubt in the mind of the reader, we shall here show that a nation can be enriched, not only even when the balance of its trade is constantly unfavourable, but also even when it becomes more unfavourable every year, as it can be impoverished in the contrary case. We will give to the respective letters the same meanings as we gave them on page 105, where we express the balance of the nation who owes a sum to repay to foreign countries every year, by D=P+C–(N+X). Now let us suppose that C is a tenth of N, and that X is an equal positive value as a fifth of N, and the balance will be as follows: D=P+N/10–N–2N/10, i.e., D+N/10=P–N, and the nation will save N/10 this year. But suppose that it increases its borrowings and necessary wages the following year, so that the former or C is equal to N/8 and the latter or X to N/4. Furthermore, suppose that, the third year, it increases them again, so that C is equal to N/6 and X to N/3. The savings of the nation during these three years will be N/10 for the first, N/8 for the second, and N/6 for the third year, though its balance of trade has always been more unfavourable precisely in the same proportion. This supposition is in perfect accord with what you see come about everyday in the new and prospering colonies. However sage and economical the colonisers may be, their savings are not sufficient for employment of all the labour which they are encouraged to undertake, and so they make more loans every year, but they borrow in order to employ the commodities they receive, to advantage and as necessary wage . The nation who pays off its debt, but who deduct some of its necessary wage in more proportion to this repayment, should also necessarily be impoverished, a situation which I think does not need any more explanation.

Sunday 14 June 2009

Book 1, chapter 7, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 212-14]

(4) Nous pouvons donner comme exemple de ces balances défavorables, qui ne laissent pas que d’enrichir une nation, le commerce que font les Européens avec les iles d’Amérique. D’après Lord Sheffield qui a calculé de dix ans en dix ans les importations et exportations de l’Angleterre pour toutes ses colonies depuis le commencement du dix-huitième siècle, l’année moyenne, de 1770 à 1780, présente pour le commerce avec les Indes Occidentales;
      Import. en Anglet. L. 2,943,955 ster.
      Export. d’Anglet. L. 1,279,572 ster.
   Au moment de la révolution, la France recevait de ses colonies d’Amérique pour 181,000,000 environ de marchandises, savoir:
      Sucre et café   134,000,000 L. tours.
      Coton.   26,000,000
      Indigo, rocou, et autres teintures.   11,600,000
      Cacao, gingembre, etc.   10,000,000
      Total.   L. 181,600,000
   A la même époque elle envoyoit [envoyait] à ses colonies pour 78 millions de marchandises, savoir:
      Objets manufacturés, fabriqués et ouvragés   L. 42,447,000
      Comestibles, farines, légumes, chairs salées, fromages   19,611,000
      Vins et eaux-de-vie   7,285,000
      Bois, merrain, feuillard, métaux, etc.   6,513,000
      Marchandises diverses.   2,057,000
      Total,   L 77,913,000 fce.
Dict. de la Géog. comm. de Peuchet. Les colonies Septentrionales au contraire, le Canada, les États-Unis, importent chaque année beaucoup plus de marchandises européennes qu’ils n’en exportent des leurs; leur balance avec l’Europe est donc défavorable pour eux, et cependant il est bien reconnu que leur richesse s’accroit d’une manière très rapide.

[Translation]

(4) We can give as an example of these unfavourable balances, found only in a progressive nation, the trade in which Europeans are engaged with American islands. According to Lord Sheffield, who has calculated imports and exports of England for all its colonies every ten years since the beginning of the 18th century, the average year between 1770 and 1780 saw the trade with West Indies as follows.
      Imports to England.   2,943,955l. sterling.
      Exports from England.   1,279,572l. sterling.
   At the moment of the revolution, France received about 181,000,000 in commodities from its colonies in America, namely:
      Sugar and coffee.   134,000,000l. (Tours livre).
      Cotton.   26,000,000
      Indigo, bixin, and other dyestuffs.   11,600,000
      Cacao, ginger, etc.   10,000,000
      Total.   181,600,000l.
   In the same period France sent to its colonies about 78 millions of commodities, namely:
      Manufactured, fabricated and finely wrought goods.   42,447,000l.
      Staples, flour, vegetables, salted meat.   19,611,000l.
      Wine and spirits   7,285,000
      Woods, antlers, steel strip, metals, etc.   6,513,000
      Diverse commodities.   2,057,000.
      Total.   77,913,000l. fce.
(Dictionnaire universel de la géographie commerçante, by Peuchet). The northern colonies, Canada, and the United States, on the contrary, import much more European commodities every year than they export their commodities . Their balance with Europe is therefore unfavorable for them, and it is well recognized that their wealth nevertheless grows in an extremely rapid way.

Saturday 13 June 2009

Book 1, chapter 7, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 203-04]

(3) Les nations qui s’enrichissent le plus rapidement sont souvent celles qui font les emprunts les plus considérables, parce que ce sont aussi celles qui trouvent chez elles à faire les placemen[t]s de capitaux les plus avantageux. La balance du commerce de ces nations paroît [paraît] en général défavorable, c’est-à-dire que leurs importations surpassent de beaucoup en valeur leurs exportations, au moment où leur richesse prend les accroissemen[t]s les plus rapides. C’est ce que l’on peut surtout observer dans les colonies du Nord de l’Amérique. D’après les tables publiées par Lord Sheffield, le Canada, la baie d’Hudson, et les autres possessions Britanniques dans le continent de l’Amérique septentrionale, jointes aux États-Unis, tiroient [tiraient] d’Angleterre, année commune des dix qui s’écoulèrent de 1770 à 1780, pour L. 2,156,479, st. et ne renvoyaient en payement que pour L. 877,442, st. de marchandises coloniales. Cependant comme l’Angleterre s’étoit [était] réservé le commerce presque exclusif de ces vastes régions, la balance entre la métropole et la colonie devoit [devait] pour cette dernière être conforme à la balance générale de son commerce extérieur.
   Quant aux commerce particulier des Anglais avec les États-Unis, ils leur fournissaient par année pour 1,331,206l. à la même époque, et n’en retiroient [retiraient] que pour 743,560l. st. de marchandises. Le commerce entre la France et les Anglo-Américains présentoit [présentait] une balance dans le même sens; les importations en Amérique de marchandises de France s’élevèrent (année moyenne d’entre les trois qui suivirent le traité de Janvier 1778) à 3,203,000 francs, et les exportations, d’Amérique, à 2,393,000 francs seulement. Dans les trois années qui suivirent, la disproportion fut plus grande encore; les importations des marchandises françaises en Amérique montèrent à la valeur de 11,460,000 l. tournois, et, les exportations d’Amérique pour la France ne passèrent pas 3,494,000 l. A la paix de 1783, la France, l’Angleterre, la Hollande, les Pays-Bas Autrichiens et l’Allemagne, s’empressèrent d’expédier des marchandises en Amérique. Dans la seule année 1784, et dans les seuls ports de Charles-Town, Philadelphie et New-Yorck [sic] les importations s’élevèrent à la valeur de 100 millions tournois. Cette masse d’importations si supérieure à celle des exportations, loin d’avoir ruiné les États-Unis, comme les mercantiles devroient [devraient] le conclure d’après leur système, y a multiplié rapidement les capitaux, et y a accéléré les développemen[t]s de l’industrie. (Peuchet. Dict. de la Géog. comm. art. Angleterre, et art. France.)
   Les Bermudes sont aujourd’hui dans le même cas que les colonies continentales, la balance de leur commerce extérieur qui est limité à celui qu’elles font avec l’Angleterre est constamment défavorable, et cet état de leur balance, loin de mettre obstacle à leur prospérité, est précisément un effet de l’accroissement de leurs richesses. De 1770 à 1780 l’exportation annuelle pour l’Angleterre montoit [montait] à la valeur de 1,882 liv. et l’importation à 13,024. liv. sterl.

[Translation]

(3) The nations who get richer the most rapidly are often those who make the largest loans, because they also offer the most advantageous opportunities of investment. The balance of trade of these nations seems generally unfavourable; that is to say, their imports are far over their exports in value, when their wealth is increasing the most rapidly. This is what can be observed, above all, in the colonies of North America. According to the tables published by Lord Sheffield, Canada, Hudson Bay and the other British possessions in the continent of North America, in addition to the United States, took 2,156,479l. sterling from England, in the ordinary ten years from 1770 to 1780, and sent only 877,422l. sterling in colonial commodities in return. However, the balance between the home country and the colonies must conform to the general balance of foreign trade for the colonies, since England had monopolised almost all trade with these vast regions.
   As for the particular trade of the Englishmen with the United States, they gave it 1,331,206l. per year in the same period, and took only commodities of 743,560l. Trade between France and the British possessions in America presented a balance in the same direction. Imports to America of French commodities amounted (average of the three years which followed the treaty of January 1778) to 3,203,000 francs, and exports from America to no more than 2,393,000 francs. In the following three years, the disproportion was still larger. Imports of French commodities to America amounted to the value of 11,460,000l. (Tours livre), and exports from America to France did not exceed 3,494,000l. At the peace of 1783, France, England, Holland, the Austrian Netherlands and Germany immediately sent commodities to America. For so short a time as a year of 1784, and at as few as three ports (Charles Town, Philadelphia, and New York), imports amounted to the value of 100 million (Tours livre). This mass of imports, still more than that of exports, far from ruining the United States, as mercantilists must have concluded according to their system, rapidly multiplied the capital and accelerated developments of the industry in the United States (Peuchet. Dictionnaire universel de la géographie commerçante, entries for ‘England’ and ‘France’).
   Bermuda Islands are today in the same case as the continental colonies, the balance of their foreign trade, which is limited to that which they carry on with England, is constantly unfavourable, and the state of their balance is far from obstructing their prosperity and is precisely an effect of growth of their wealth. From 1770 to 1780, annual exports for England amounted to the value of 1,882l. and imports to 13,024l. sterling.

Friday 12 June 2009

Book 1, chapter 7, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 201-02]

(2) N’oublions point que le commerce des espèces, loin de solder celui des marchandises, peut souvent augmenter la différence de compte qui doit être compensée par des créances; ainsi quoique l’argent d’Espagne passât en général par la France pour arriver en Allemagne et dans le Nord, la balance avec ces divers pays, et surtout avec les plus pauvres et les moins industrieux d’entr’eux, étoit [était] considérée avant la révolution comme favorable à la France; voici comment on la calculoit [calculait] à cette époque, d’après les relevés des douanes.
   En Allemagne, possessions Autrichiennes, Pologne, Prusse et Pays-Bas.
   Exportat [?]. L. 95,600,000. Import. L. 64,000,000.
   En Russie, Danemark, Suède et villes anséat [hanséatique].
   Exportat [?]. L, 79,000,000. Import. L. 31,600,000.
   Nous allons passer en revue dans ce chapitre toutes les causes d’erreur attachées au calcul des balances du commerce; si on supposoit [supposait] celles-ci exactes, ce que je suis loin d’admettre, il faudroit [faudrait] en conclure que non-seulement la France prêtoit [prêtait] aux peuples du Nord, l’excédant de ses ventes sur ses achats, déduction faite de son profit et de ses frais, mais encore une somme considérable en métaux précieux, qu’elle leur expédioit [expédiait] indubitablement. Il est très-probable que la France étoit [était] prêteuse dans son commerce avec les nations septentrionales, bien moins riches et moins industrieuses qu’elle, mais il n’est nullement vraisemblable que ce fut pour d’aussi fortes sommes. Quant aux achats d’espèces que faisoient [faisaient] ces Peuples, il est très possible qu’ils les soldassent par leur commerce direct avec l’Espagne, et que la France ne s’y trouvât mêlée que comme lieu d’entrepôt des métaux précieux.

[Translation]

(2) Let us keep in mind that trade of coins, far from settling that of commodities, can often increase that difference of account which must be compensated by bills of credit. Therefore, though silver [money] of Spain passed generally via France to reach Germany and Northern Europe, the balance with these diverse countries, and above all with the poorest and least industrious countries among them, was considered as favourable to France before the revolution. It was calculated in this period as follows according to records of the customs.
   With Germany, the Austrian possessions, Poland, Prussia and the Netherlands:
      Exports. L. 95,600,000. Imports. L. 64,000,000.
   With Russia, Denmark, Sweden, and Hanseatic cities:
      Exports. L. 79,000,000. Imports. L. 31,600,000.
   We will in this chapter scrutinise all the causes of errors attached to the calculation of balances of trade. If one supposed the above calculations exact, a supposition which I am far from admitting, it would be necessary to conclude from them that to the peoples of Northern Europe France does not only lend as much as the excess of its sales over its purchases (with its profits and costs deduced), but also lend a considerable amount of precious metals, which France dispatched to them undoubtedly. It is utterly probable that France was a creditor in trading with the nations of Northern Europe, who were still less rich and less industrious than France, but it is not probable at all that this was in as large amount. As for the purchases of coins made by these peoples, it is utterly possible that they paid for them by their direct trade with Spain, and that France was only concerned with them as a storehouse of precious metals.

Thursday 11 June 2009

Book 1, chapter 7, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 196-97]

(1) D’après le bilan commercial présenté aux Consuls par le Ministre de l’Intérieur, le I Germinal an X, la France auroit [aurait] dû payer pour solde en l’an VIII, la somme de 54,000,000 aux étrangers, et en l’an IX, celle de 112,659,000 francs. Une pareille exportation de numéraire, venant après celles qu’avoit [avait] occasionné la révolution, en auroit [aurait] épuisé la France, si elle avoit [avait] été réelle. Il est de fait cependant que durant ces mêmes années le numéraire circulant a augmenté loin de diminuer, c’est que le commerce des espèces ne solde point celui des marchandises, et que l’un est absolument indépendant de l’autre.

[Translation]

(1) According to the balance of trade presented to the Consuls by the Minister of Interior, on 1st Germinal of year 10, France should have paid for settlement in year 8, the sum of 54,000,000 to foreign counties, and in year 9, that of 112,659,000 francs. Such exportation of specie, coming after those which had caused the revolution, would have exhausted France had it been real. The fact is, however, that during the same years specie in circulation has increased, far from diminishing; that the trade of coins does not settle that of commodities, and that one is completely independent from the other.

Wednesday 10 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 222-24]

   L’on a considéré l’augmentation de l’exportation comme un avantage que la guerre procuroit [procurait] à la nation Angloise [Anglaise], il s’en faut bien cependant que c’en soit un. D’une part le capital qui est exporté, et qui l’est toujours en dernière analyse sous la forme de marchandises, est perdu sans retour pour l’État; il doit subvenir au dehors aux dépenses des armées, ou aux subsides accordés à d’autres Puissances, et il n’en reviendra jamais rien; cependant comme l’on présume que ce sacrifice est fait pour la défense ou l’honneur de la nation, c’est à l’homme d’État à juger, s’il est nécessaire. Reste à savoir d’antre part, si les moyens mis en œuvre pour procurer de l’argent compensent, comme on le suppose, l’inconvénient de l’avoir dépensé; rien moins que cela. Le capital mercantile rapportoit [rapportait] auparavant un certain profit, que pour simplifier nous évaluerons à 10 p. %; le Gouvernement en perdant 13 p. % sur l’exportation de toute marchandise payable à Francfort, a attiré vers ce commerce particulier une portion considérable du capital mercantile, qui étoit [était] employée utilement ailleurs, et toute cette portion du capital n’ayant plus fait d’autre profit que la perte du Gouvernement, est devenue infructueuse pour la nation, quoique le marchand en retire toujours le même avantage; c’est donc autant de perte à ajouter à la dépense de la guerre. Le bon marché des productions angloises [anglaises], a bien à la vérité engagé les marchands continentaux à acheter plus qu’il ne falloit [fallait] pour fournir au Gouvernement la somme demandée; mais pour tout ce qu’ils ont payé avec leurs propres denrées, le renchérissement de celles-ci à compensé le bénéfice que cette augmentation du nombre des acheteurs pouvoit [pouvait] procurer aux Anglois [Anglais]. Il n’y a qu’un seul cas où ceux-ci peuvent faire un bénéfice réel, c’est lorsqu’ayant vendu à crédit, la paix s’est faite avant qu’ils aient été payés, car alors, le retour du change au pair, s’il y revient, augmente 10 p. % la valeur de leurs créances sur l’étranger.

[Translation]

   An increase of exports has been considered as an advantage derived from the war by the English nation, but this consideration is far from true. On one hand, the exportation of capital, all of which is made ultimately in the form of commodities, is a sort of loss without returns for the state. The state must meet the military expenditure abroad, or the subsidiary expenditure to other powers, and it does not avoid them. However, as one presumes that this sacrifice is made for the defence or honour of the nation, it depends upon the statesman to judge whether it is necessary or not. On the other hand, a question remains to solve; that is the very question of whether or not the means employed for procurement of money compensate for the inconveniences in expending the money, as people suppose. The mercantile capital bore a certain profit before, which we will evaluate at 10% for simplification. The government, by losing 13% on all the exports payable in Frankfurt, has attracted to this particular trade a considerable portion of mercantile capital, which was usually employed elsewhere, and all this portion of capital, not having made more profit on one hand than the government loses on the other, turns out fruitless for the nation, though the merchant always reaps the same advantage from there. Therefore, this is as much loss in adding to the expenditure of the war. It is true that the low price of the English produce has engaged continental merchants to purchase more than needed to provide the government with the demanded sum. But for all that they have paid with their own commodities, the high price of these has offset the benefit which this increase of the number of the purchasers could produce for the English. There is only a case where these can make a real benefit. This is when, having sold on credit, the peace has been made before they have been paid, because then the return of exchange to par increases the value of the bills of credit upon foreign countries by 10%, if it returns there.

Tuesday 9 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 219-22]

   Pour mieux comprendre comment elle y parvient, il faut axer nos idées par un exemple. Le Gouvernement Anglois [Anglais], pendant une guerre continentale a un besoin habituel de faire parvenir du numéraire à Francfort; c’est là qu’il veut le verser lui-même. En tem[p]s ordinaire on donne à Francfort sur Mein 135 ¾ batz, soit 9 florins et 3 creutz, pour une livre sterling à Londres, mais le Gouvernement Britannique qui a peut-être, dix millions sterling, ou 90500000 florins à verser à Francfort dans l’année, consent à faire toute la perte nécessaire pour les y faire parvenir: il donne donc à Londres une livre sterling pour 120 batz. ou environ qu’on lui fait toucher à Francfort. Il y a donc 13 p.%, de profit pour les marchands anglois [anglais] à vendre leurs marchandises payables à Francfort, plutôt que payables à Londres ou nulle part ailleurs, et par conséquent ils peuvent faire un rabais de 13 p. %, en faveur de tous ceux qui les payent dans cet endroit: ils peuvent aussi dès lors vendre des marchandises, qui sans cela leur seroient [seraient] revenues de 13 p. % trop cher pour que les étrangers les achetassent; ils gagneront cependant tout autant qu’ils gagnoient [gagnaient] auparavant, mais leur gain sera payé par le Gouvernement et non plus par le consommateur. Comme l’argent n’arrive point encore assez vite à Francfort, les agen[t]s du Gouvernement Britannique tirent depuis cette ville sur les banquiers du Ministère à Londres, à raison de 120 batz. ou 8 florins la livre sterling, et vendent leur papier contre argent aux banquiers de Francfort; ceux-ci le revendent aux banquiers de toutes les autres nations qui négocient avec l’Angleterre, et ces derniers à tous les marchands qui achètent d’elle. Les marchands après avoir alloué deux ou trois pour cent de commission ou provision aux banquiers entre les mains de qui ont passé les lettres de change qu’ils achètent, ont encore un profit de dix pour cent, lorsqu’ils payent avec ce papier les marchandises angloises [anglaises]. Le cours des effets sur Londres baisse dans toute l’Europe; 110 liv. à Londres ne valent pas plus que 100 livres partout ailleurs, et que 97 liv. à Francfort. Le marchand anglois [anglais] cependant n’augmente point son prix, parce que le Gouvernement lui paye indirectement la différence qu’il perd, mais le marchand étranger qui veut vendre en Angleterre, et qui y vendoit [vendait] avant la guerre, s’il n’augmente pas son prix en raison de la différence survenue dans le change, perd réellement 10 p. % sur sa marchandise, car la somme payée à Londres n’est point ce qui lui importe; tout œ qu’il considère c’est la somme qui lui est livrée dans la ville d’où il fait son envoi. Ainsi tous les marchands qui de la Silésie et du Nord de l’Allemagne envoient des toiles à Londres, tous ceux qui de Riga et des ports de la mer Baltique y envoient des bois de construction, des chanvres, etc. renchérissent le prix de leurs marchandises en raison de la guerre, tandis que l’Anglois [Anglais] ne peut renchérir lé prix des siennes. Cependant le numéraire de l’Angleterre n’éprouve pas de variation sensible, mais une circulation rapide s’établit autour de Francfort, à peu près comme celle d’un jet d’eau qui s’alimente de l’eau même qu’il a répandue: le sacrifice pécuniaire qu’a fait le Gouvernement Britannique a mis la machine en jeu, et lui conserve son mouvement.

[Translation]

   To understand better how the nation reaches there, it is necessary to clarify our ideas by using an example. During a continental war the government of England feels the constant needs to remit a large amount of specie to Frankfurt. It is in that very case that it itself needs to pay the specie. In ordinary times, 135.75 batz [money used in the West of Switzerland from the beginning of the 16th century to about 1850], namely 9 florins and 3 kreutzers, in Frankfurt am Main, are given for one pound sterling in London, but the British government, which perhaps has 10,000,000 pounds sterling, or 90,500,000 florins to pay in Frankfurt in the year, agrees to sustain all the necessary loss in making them reach there. So in London it gives one pound sterling for 120 batz or so, which it is allowed to receive in Frankfurt. Therefore, there is 13% profit for English merchants to sell their commodities payable in Frankfurt, rather than payable in London or anywhere else, and consequently they can make a 13% discount for all those who pay for them in this place. So they can also sell some commodities, which without the discount would have been 13% expensive, too expensive for foreigners to purchase. They will gain, however, exactly as much as they used to before, but their gain will be paid no longer by consumers but by the government. Still, as money does not arrive promptly enough at Frankfurt, the agents of the British government draw bills from this city upon bankers of the ministry in London, at the rate of 120 batz, or 8 florins to the pound sterling, and sell the bills for money to bankers in Frankfurt. The bankers resell the bills to bankers of all other nations who trade with England, and these foreign bankers resell them to all merchants which purchase from England. After having given 2 or 3 % of commission or advance to the bankers among whom the bills of exchange the merchants purchase have passed from hand to hand, the merchants gain a 10% profit, when they pay for English commodities with these bills. The market price of bills upon London falls everywhere in Europe. The sum of 110 pounds in London is valued at 100 pounds almost everywhere else, and moreover at 97 pounds in Frankfurt. English merchants, however, do not raise the price of their commodities, because the government indirectly pays them the difference they lose, but foreign merchants who wants to sell in England and sold there before the war suffer a really 10% loss on their business if they do not raise the price for the very reason of the abrupt difference caused by exchange, because the sum paid in London does not matter to him. All they take into consideration is the sum delivered to them in the city from where they make the shipment. Thus, all merchants that send cloth from Silesia and Northern Germany to London, all that send woods for construction and linen from Riga and port towns along the Baltic sea, etc. raise the price of their commodities on the pretext of the war, while English merchants cannot raise the price of theirs. However, the specie [currency] of England suffers no remarkable variation, but a rapid circulation is established around Frankfurt, almost as that of a throw of water which lives on the very water which it has poured. The pecuniary sacrifice made by the British government has put the machine at work, and keeps it moving.

Monday 8 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 218-19]

   Il y a, comme nous l’avons annoncé plus haut, un seul cas où il se fait une exportation sans retour égal ni de marchandises ni de créances, c’est celui où le Gouvernement a des sommes à faire passer dans l’étranger pour la guerre ou les négociations. Dans ce cas, lors même que la nation n’auroit [aurait] point de commerce étranger, elle s’en créeroit [créerait] un immédiatement; le Gouvernement envoyant an dehors son numéraire, la nation se hâteroit [hâterait] de le racheter avec ses marchandises; ou bien elle procureroit [procurerait] au Gouvernement du numéraire dans le pays où il en auroit [aurait] besoin, en échange contre ces mêmes marchandises. La nation appelée dans ce cas-ci à donner plus de rapidité au courant de numéraire qui doit la traverser ou passer près d’elle, et qu’elle attire du dehors pour le porter aussi au dehors, là où le Gouvernement en a besoin, ne peut y réussir qu’en altérant son équilibre naturel, et en créant à ses dépens le canal incliné que ce courant doit parcourir.

[Translation]

   As we have shown above, there is only a case where exportation takes place with no equal return in kind or on credit. That is where the government has some sums to send abroad for wars or negotiations. In this case, even when the nation would not trade with foreign countries, it [the nation] would undertake a sort of trade immediately. If the government sent its specie abroad, the nation would promptly buy it back with commodities. Or it would procure for the government some specie in the country where it would need the specie, in exchange for these same commodities. The nation asked in this case to give more rapidity to the currency of specie which must run through or pass near the nation, and which the nation attracts from abroad to also send it to the place where the government needs it, can only succeed in it by altering the natural equilibrium, and by creating for its expenditure the inclined channel which this currency should must run through.

Sunday 7 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 216-18]

   Lorsque la valeur des exportations surpasse celle des importations, la nation devient créancière des étrangers, et reçoit d’eux chaque année l’intérêt des fonds qu’elle leur a avancé. C’est le cas de toute nation qui fait un grand commerce extérieur, et sa créance sur l’étranger est d’autant plus forte que son commerce est plus circuiteux [?]; c’est-à-dire, lorsqu’au lieu de vendre ses produits à ceux de qui elle tire les produits étrangers dont elle a besoin pour sa propre consommation, elle est obligée de faire trois ou quatre échanges, avant d’obtenir la chose qu’elle veut employer à son usage. C’est ainsi que l’Angleterre vend sa quincaillerie aux Nègres de Guinée contre des esclaves, qu’elle échange ceux-ci contre des sucres et des cafés, et les derniers contre des vins, en sorte que ce n’est que par le troisième échange, qu’elle se sert elle-même. Une nation qui entreprend le commerce de transport, c’est-à-dire, qui fait les échanges des autres peuples sans apporter chez soi en dernière analyse un retour destiné à être consommé, fait un prêt plus considérable encore aux nations étrangères, et doit par conséquent attendre d’elles par delà le montant de ses exportations un retour annuel égal à la valeur des intérêts de sa créance. C’est bien là, si on veut l’appeler ainsi, une balance favorable, mais elle est l’effet non la cause de l’accroissement de la richesse. Il n’est guère moins absurde de forcer une nation à entreprendre un pareil commerce avant qu’elle soit assez riche pour s’y livrer, qu’il ne le seroit [serait] de proposer à un marchand embarrassé faute de capitaux, pour faire face à ses affaires, de prêter quelques centaines de mille écus à ses voisins, pour vivre ensuite de ses rentes. Il faut qu’une nation aussi bien qu’un particulier commence par se procurer les capitaux dont elle a besoin elle-même, avant de songer à les prêter aux autres.

[Translation]

   When the value of exports surpasses those of imports, the nation becomes a creditor to foreign countries, and receives from them every year the interest of the money it has advanced to them. This is the case of every nation who trades in amount with foreign countries, and its credit to foreigners is larger, the more multilateral its commerce is: namely when instead of selling its produce to those from whom it purchases the foreign produce it wants for its own consumption, it is obliged to make three or four exchanges, before obtaining the thing it wants to employ for its use. It is thus that England sells its hardware to Negroes in Guinea for some slaves, that it exchanges these for sugar and coffee, and these for wine, so that it is only by the third exchange that England obtains what is serviceable to itself. A nation who undertakes the trade of transport, namely who makes exchanges with other nations without, after all, carrying back anything for consumption, supplies still more loans to foreign nations, and should consequently expect from them more annual return than its exports, a return which is equal to the value of the interest of its credit. You may well call this a favourable balance too, but it is an effect, not a cause, of the growth of wealth. It is almost as absurd to force a nation to undertake such a trade before it becomes rich enough to engage itself in the trade, as it is to recommend a merchant, troubled with too little capital to cope with his affairs, to lend some hundreds of thousand ecus to his neighbours in order to live later on his rent. It is necessary that a nation as well as an individual should begin by obtaining capitals it itself needs before expecting to lend them to others.

Saturday 6 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 211-15]

   D’entre les sources d’erreurs que nous avons examinées, celle-ci est la seule qui tende à diminuer la balance du commerce; toutes les autres tendent à l’augmenter. Aussi quoiqu’on ne paroisse [paraisse] pas s’être formé une idée bien nette de ces diverses manières de calculer, cependant comme les Gouvernemen[t]s ont toujours désiré de présenter sous un point de vue avantageux le commerce national, ils ont employé tantôt l’une tantôt l’autre, selon qu’elle satisfaisoit [satisfaisait] mieux ce désir. Lorsqu’il s’est agi du commerce étranger, ils ont adopté pour base les calculs qui faisoient [faisaient] paroître [paraître] la balance du commerce favorable, c’est-à-dire, les retours moindres que les envois; lorsqu’ensuite ils ont voulu faire connoître [connaître] l’état du commerce avec les colonies du Golfe du Mexique, ils ont fait le calcul que nous venons de faire, et représenté les retours comme supérieurs aux envois (4). Il est étrange que ces deux résultats contradictoires, et tous deux considérés comme avantageux, n’aient pas fait soupçonner que de grandes erreurs étoient [étaient] cachées sous ce système imposant des balances du commerce. Il me semble que, d’après ce que nous en avons vu, nous pouvons conclure. 1°. Que dans tout échange égal il y a une balance favorable pour l’une et pour l’autre nation, parce que dans tout commerce il y a un bénéfice pour l’un et pour l’autre contractant. 2°. Que quoiqu’il fut intéressant de savoir si les dettes ou les créances d’une nation augmentent ou diminuent, on ne peut obtenir à cet égard des registres des douanes, que les lumières les plus douteuses; et qu’il est absolument impossible de les soumettre au calcul. 3°. Enfin, que cette recherche quoique curieuse ne donneroit [donnerait] point de notions exactes sur l’état de prospérité de la nation, puisque l’accroissement, ou le déclin de sa richesse, dépendent d’une toute autre balance, celle des salaires nécessaires employés chaque année; et que nous pouvons nous représenter une nation dont la prospérité seroit [serait] toujours croissante, quoique sa dette s’accrût chaque année, tandis que la prospérité d’une autre iroit [irait] toujours en déclinant, quoiqu’elle contractât chaque année une moindre dette (1).

[Translation]

   Among the sources of errors we have examined, this is the only one which tends to diminish the balance of trade. All the others tend to increase it. Therefore, though no one seems to have entertained a very clear idea of these diverse ways of calculating, yet the governments have employed sometimes one and sometimes another, according to the degree of satisfaction of their desire, which they have always had to present the national trade in an advantageous way. When it comes to foreign trade, they basically adopted the calculations which made the balance of trade appear favourable, namely the homeward cargo less than the outward cargo. But later, when they wanted to lay bare the state of trade with the colonies around the Gulf of Mexico, they made the calculation as we have just made, and represented the homeward cargo as superior to the outward cargo (4). It is strange that these two contradictory results, both considered as advantageous, did not make it suspected that some serious errors were hidden under that magnificent system of balances of trade. It seems to me that, according to what we have seen, we can reach the following conclusions. The first is that, in every equivalent exchange, a sort of balance is favourable for one nation and for the other, because every transaction is of benefit at all to both the parties. The second is that, though it is interesting to know whether the debts or credits of a nation are on the increase or decrease, you can only obtain the most doubtful information from records of the customs in this respect, and can simply not subject them to calculation. The third and last conclusion is that this research, however curious, would give any exact notion upon the state of prosperity of the nation, because the growth or decline of its wealth depends upon another, wide different, balance: the balance of necessary wages employed every year; and that we can imagine a nation whose prosperity would be on the continual increase every year though getting into more debt every year, and another nation whose prosperity would be on the gradual decrease though getting out of more debt every year (1).

Friday 5 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 209-11]

   Comment ensuite fixer le pris des marchandises importées où exportées? S’en rapportera-t-on aux déclarations des marchands? Mais il est évidemment de leur intérêt de déclarer au-dessous de leur valeur toutes celles qui sont soumises à des droits, et de grossir plutôt le compte de celles qui en sont franches, pour augmenter leur importance, et rehausser le mérite de leur commerce aux yeux du Gouvernement. Les évaluera-t-on d’après le prix courant à la place du chargement et déchargement? Mais alors les retours paroîtront [paraîtront] toujours beaucoup plus considérables que les envois. Supposons, pour faire comprendre cette assertion, qu’un marchand françois [français] négocie de St. Malo avec le Cap François [Français], sur un capital de cent mille écus; les marchandises qu’il expédie sont évaluées à la Douane de St. Malo à cent mille écus qu’elles lui ont coûté réellement; les frais de transport et son bénéfice leur donneront au Cap François [Français] une valeur au moins de 120,000 écus, et ce sera la somme pour laquelle elles seront inscrites à la Douane de la Colonie. Nous supposons que sur cet accroissement de 20,000 éc. dix mille aient payé les douanes de sortie et d’entrée, le nolissement [nolisement], les gages des matelots, l’assurance, etc. et que les dix mille autres soient le profit du commerce; le Malouin aura donc un fonds disponible de 110,000 éc. au Cap François [Français], avec lequel il achetera [achètera] des marchandises coloniales déclarées à la Douane pour cette somme. Les registres de la Colonie porteront donc, si les estimations sont justes, 120,000 éc. d’importations et 110,000 d’exportations. Le Capitaine Malouin de retour dans sa patrie devra ajouter 22000 écus au prix d’achat de ses denrées, savoir: onze mille pour profit mercantile à dix pour cent, et onze mille pour nolissemerit [nolisement], gages, avaries assurances, douanes, et autres frais. Ses sucres et cafés vaudront réellement sur le marché de St. Malo 132,000 éc. et si les estimations se font à la Douane avec exactitude, celle de St. Malo trouvera sur ses registres 100000 écus d’exportations, 132000 d’importations, en sorte que l’on verra clairement que les deux pays qui négocient ensemble, gagnent l’un et l’autre à leur commerce, et que celui qui est actif et non passif, gagne plus, comme de raison.

[Translation]

   How, then, should you determine the price of imported and exported commodities? Will you depend upon declarations of merchants? But it is evidently in their interest to declare all that are taxed below their value, and to exaggerate the account of those free of tax, in order to increase their importance and to enhance the merit of their trade in the eyes of the government. Will you evaluate them according to the current price in the place of loading and unloading? But then return cargos will seems always to be far more massive than outward cargos. To be convinced of this assertion, let us suppose that a French merchant from Saint-Malo should carry on trades with the French Cape [Haiti] on his capital of 100,000 ecus. The commodities he ships are evaluated at the customs of Saint-Malo at 100,000 ecus, a price which he has really paid for them. The costs of transport and his profits will give them a value of at least 120,000 ecus at the French Cape, and this will be the sum at which they will be recorded at the customs of the colony. Let us suppose that, of this addition of 20,000 ecus, 10,000 ecus should have been spent to pay for customs duties, charterage, wages of sailors, insurance, etc., and that the rest, 10,000 ecus, should be the profit of commerce. Then this merchant from Saint-Malo will therefore have a disposable stock of 110,000 ecus at the French Cape, with which he will purchase some colonial commodities declared at the customs for this sum. The records of the colony will therefore have an entry, if the estimation is right, of 120,000 ecus imports and of 110,000 exports. The captain from Saint-Malo on the way home will have to add 22,000 ecus up to the purchase price of his commodities; namely 11,000 (10%) for mercantile profit, and 11,000 for charterage, wages, damage, insurance, customs duties, and other costs. His sugar and coffee will have the value of 132,000 ecus at the market in Saint-Malo, and, if the estimation is exactly made at the customs [bureau], the records of Saint-Malo will have an entry of 100,000 ecus exports and 132,000 of imports, so that you will clearly see that the two countries which trade with each other gain from the commerce, and that, naturally, the active, not passive, country gains more.

Thursday 4 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 208-09]

   Dans quelque but que l’on veuille calculer la balance du commerce, le moment et le lien que l’on choisit pour évaluer les marchandises importées et exportées, occasionnent de nouvelles erreurs, et c’est encore une observation de Mr. Necker. En effet, le calcul se fait toujours à la Douane des frontières, soit que la nation soit habituellement prêteuse ou emprunteuse: il se fait ainsi pour la Russie tout comme pour l’Angleterre, quoique des étrangers fassent tout le commerce extérieur de la première; et que tout celui de la seconde soit fait par des nationaux. Les marchandises qui sortent des ports de Riga, de Pétersbourg, et d’Archangel non plus que celles qui y entrent, ne sont point la propriété des Russes; les premières ont cessé de l’être dans le marché intérieur où elles ont été vendues; les secondes deviendront que dans ce même marché intérieur où les Russes les acheteront [achèteront]. D’autre part, les marchandises importées en Angleterre, appartiennent à des Anglois [Anglais], longtem[p]s avant que d’arriver au port; celles qu’ils exportent, leur appartiennent long-tem[p]s après en être serties. La valeur de la créance ou de la dette nationale ne doit être estimée cependant qu’au montent où la marchandise est transmise du négociant national à l’étranger, ou vice versa. Elle est par conséquent accrue de tous les profits et de tous les frais intermédiaires jusqu’à cette transmission.

[Translation]

   For whatever purpose you may want to calculate the balance of trade, the time and place you choose in order to evaluate imported and exported commodities cause some new errors, and this is another observation of Mr Necker. Indeed, the calculation is always made in the Customs [Bureaus] on the borders, whether the nation may be a lender or a borrower. It is made therefore for Russia exactly in the same way as for England, though foreigners monopolise all foreign trade of the former, and some nations share foreign trade of the latter. The commodities shipped from the ports in Riga, St. Petersburg, and Archangel [Arkhangelsk] are not in the possession of the Russians, nor those arriving at the ports. The exports ceased to be so in the home market where they were sold, and the imports will only get so in that same home market where Russians will purchase them. On the other hand, commodities imported to England belong to the English long before they arrive ashore, and those exported from the country belong to them long after they leave overseas. The value of the credit or of the national debt, however, must not be estimated until the commodities are transferred from national to foreign merchants, or vice versa. The value is consequently higher by all the profits and costs for intermediaries up to the transfer.

Wednesday 3 June 2009

Book 1, chapter 7, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 204-08]

   Les calculs qui représenteroient [représenteraient] avec exactitude la balance du commerce, c’est-à-dire, non point ce qu’une nation paye, mais ce qu’elle doit, offriroient [offriraient] certainement un intérêt majeur en économie politique; mais lorsqu’on appuie avec ostentation sur ces calculs, on ne soupçonne guère de combien d’erreurs ils sont susceptibles, et combien il est difficile, ou plutôt impossible d’y apporter la moindre exactitude. Que l’on consulte à cet égard le Ministre, qui le premier a sondé toutes les profondeurs de l’administration; son témoignage est d’autant moins suspect, qu’il attache lui-même une très haute importance à la balance du commerce, qui lui paroissoit [paraissait] favorable à la France. «On ne se formera jamais des notions justes, dit-il, sur la créance de commerce que le Royaume acquiert, si l’on ne supplée point par le jugement, à l’insuffisance des travaux mécaniques». Et ailleurs: «La plupart des calculs sur cette matière sont inexacts et imparfaits, et l’on doit l’imputer à différentes causes ». ( Adm. des Fin. T. III. Ch. III.) La première qu’il indique suffit en effet toute seule pour montrer la vanité de tous ces calculs; c’est que comme on ne conne que par les douanes les quantités de marchandises qui entrent, et celles qui sortent, toute la partie des transactions de commerce qui s’exécute par contrebande, ne sauroit [saurait] être connue par les livres des agen[t]s du Fisc. C’en est assez pour que toute balance paroisse toujours avantageuse au pays qui la calcule; car presque toute contrebande s’opère du dehors au dedans, la sortie des marchandises étant libre, et leur entrée prohibée. Plus les prohibitions sont rigoureuses, ou le tarif des douanes élevé, plus il devient nécessaire de faire entrer tous les retours en fraude; en sorte que l’importation paroît [paraît] presque nulle, à l’indicible satisfaction de ceux qui calculent la balance d’après les états du commerce fournis par les bureaux de Douane; quoique dans le fait, cette balance ne soit nullement altérée. Quant aux retours en numéraire, le commerce suit une marche toute contraire, mais qui tend cependant à accroître l’erreur précédente. L’exportation du numéraire est toujours ou défendue, ou vue de fort mauvais œil; son importation, au contraire, est constamment favorisée: on n’en fait donc sortir qu’en fraude, ou du moins avec mystère, et en cherchant à détourner les yeux du public de cet objet; celui qu’on fait entrer au contraire, lors même qu’on ne le feroit [ferait] point inscrire dans des registres, on sait toujours s’en faire un mérite aux yeux de la nation ou du Gouvernement. Si la branche de commerce qui en importe a quelque faveur à demander, elle ne manque pas de l’appuyer d’un tableau de tout l’or et de tout l’argent qu’elle a introduit dans le pays; tableau qui lors même qu’il seroit [serait] parfaitement exact, induiroit [induirait] toujours en erreur, parce qu’on ne peut le confronter à celui des espèces qu’une branche correspondante de commerce a fait sortir. Ces deux causes se réunissent donc pour faire paroître [paraître] la balance beaucoup plus favorable qu’elle ne l’est réellement, ou pour faire croire que l’exportation de marchandises surpasse de beaucoup l’importation.

[Translation]

   The calculations which would exactly represent the balance of trade (namely that which a nation does not pay but owes) would certainly offer a major interest in political economy. But, when someone emphasises these calculations with ostentation, it is improbable to imagine how many errors they are subject to, and how difficult or almost impossible it is to make them less exact. Suppose that one consults the Minister in this respect who is the first to have investigated all the depths of administration. His proof is all the less doubtful in that he attaches extreme importance to the balance of trade, which seemed to him favourable to France. “You will never entertain right notions,” says he, “on credit of commerce acquired by the kingdom, if you have not supplied the insufficiency of mechanical labour by reasoning.” Moreover, he says elsewhere, “Almost all calculations on this material are inexact and imperfect, and you should attribute it to different causes” (De l’administration des finances de la France, vol. 3, chap. 3). Indeed, the first he indicates alone suffices to show the vanity of all these calculations. That is, as you only know by customs the quantity of imported and exported commodities, all the part of transactions of commerce which is executed by smuggling could not be known from any books of officials of the treasury. This accounts enough for the fact that every balance always appears advantageous to the country which calculates it. It is because almost all transactions of smuggling takes form of importation, the outflow of commodities being free, and the inflow prohibited. The more rigorous the prohibitions are, or the heavier the tariff of customs duties is, the more necessary it is to make all the return cargos illegally. Consequently the importation seems almost null, to the inexpressible satisfaction of those who calculate the balance according to item lists of trade provided by the Customs Bureaus, though in practice this balance is not altered at all. As for the returns in specie, the trade takes a contrary course, but tends to increase the precedent error in that period. The exportation of specie is always prohibited or thought ill of. Its importation, on the contrary, is constantly encouraged. Specie is therefore only illegally exported or at least secretly, and by diverting the public attention from this object. The importation of specie, on the contrary, even though it would leave no trace in records, can always have a merit in the eyes of the nation or the government. If the specie-importing branch of trade asks for some preferential treatment, it never fails to base the demand upon a table of all gold and silver it has introduced into the country. This table would be misleading, even though it would be perfectly exact, because it is impossible to compare it to that of the coins which its counterpart of trade has exported. These two causes conspire therefore to make the balance appear much more favourable than it really is, or to make it believed that exports of commodities far surpass imports.