Sunday 30 January 2011

Book 3, chapter 9, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 431-434]

(2) La liberté du commerce était appréciée à sa juste valeur, par le bienfaiteur de la Toscane, le Grand-Duc Pierre Léopold. Il a confié la conservation de ses principes à la garde des Sociétés savantes, et des Académies de Florence; celles-ci se sont fait un devoir de les rendre populaires, en les soumettant à plusieurs reprises â l’examen des savants, et à la méditation des amis de leur pays. L’Académie Royale des Géorgofiles proposa en 1791 dans ce but, le problème suivant, qui donna naissance à un grand nombre de bons écrits. “Se in uno stato suscettibile di aumento di popolazione, e di produzione di generi del suo territorio, sia piu vantaggioso e sicuro mezzo, per ottenere i sopradetti fini, il dirigere la Legislazione a favorire le manifatture, con qualche vincolo sopra il commercio dei generi greggi, ovvero il rilasciare detti generi, nell intera e perfetta libertà di commercio naturale?„
   Le mémoire de Francesco Mengotti, intitulé, il Colbertirmo, et couronné le 13 Juin 1792, soutient la cause de l’affranchissement du commerce. Au reste, le Prince Philosophe qui avait rendu à ce commerce sa liberté, l’avait mieux assurée encore, en lui donnant pour appui l’attachement do Peuple, fondé sur l’expérience de sa prospérité. Au temps de la République Florentine, la Toscane avait été soumise au régime des prohibitions. Celles qui limitaient le commerce des grains occasionnèrent un grand nombre de famines, et particulièrement celle de 1766, qui causa une grande mortalité, surtout à Sienne et à Arezzo, et à laquelle on ne put mettre un terme qu’en abolissant toutes les entraves. La sortie des soies crues, des laines et des cuirs, est encore prohibée à la vérité, mais les capitaux mercantiles ont tellement augmenté dans le pays, depuis qu’il jouit d’une plus grande liberté, que ces divers objets s’y vendent bien plus cher que dans les Etats voisins, en sorte que la prohibition est absolument inutile, et ne pèse point sur le producteur comme une contribution. Ces dernières qui sont en grand nombre, sont toutes levées au profit du fisc, aucune n’appuye un monopole mercantile, aussi aucune ne met obstacle à la prospérité nationale. En rapprochant la Toscane de la France, on peut comparer l’effet des deux régimes pour l’encouragement du négoce. Au moment même où la paix maritime a été signée, le port de Livourne s’est rempli de vaisseaux, les capitaux mercantiles ont afflué, toutes les manufactures se sont ranimées, les demandes de savons, de papiers, etc. se sont succédées avec rapidité, l’huile a augmenté d’un tiers de valeur, et le cultivateur dans les hameaux les plus reculés, a ressenti les effets de la prospérité générale, par la diminution de prix de tout ce qu’il achète, par l’augmentation de valeur de tout ce qu’il vend. En France au contraire, si lors de cet heureux événement les marchands de quelques ports de mer ont entrepris des expéditions lointaines, ce n’est que par des sacrifices pénibles qu’ils se sont procuré les capitaux nécessaires; par tout l’on sent le vide, et la tension du besoin, et les négociants de la plupart des villes de l’intérieur, s’étonnent que la paix, loin de ranimer le commerce, ait étouffé le faible mouvement qui lui restait encore. Ah! qu’un Gouvernement qui désire ardemment le bien, qui ne pleure aucun sacrifice pour le procurer au Peuple, réfléchisse encore sur la routine à laquelle il se livre, et qu’il profite des leçons muettes mais énergiques de l’expérience.

[Translation]

(2) Free trade was justly appreciated by the benefactor of Tuscany, the grand duke Pierre Leopold. He left the conservation of his principles to the guard of the learned societies and the academies in Florence. These were obliged to render the principles popular, by subjecting them repeatedly to examination of learned men and to meditation of friends of their country. L’Académie Royale des Géorgofiles proposed the following problem for this purpose in 1791, which gave birth to a large number of good books and pamphlets. “If one wants to see population and agricultural produce grow, which is the more effective and certain way to achieve this purpose, by using direct legislation to encourage manufactures, with some restraints on trading raw materials, or by putting this kind of trade in full and perfect freedom of natural commerce?”
   The pamphlet by Francesco Mengotti, entitled il Colbertismo, and honoured with prize on 13 June 1792, supports the cause of free trade. In addition, the King of Philosophy who had restored this trade to freedom had made it still more secure by reinforcing it with the attachment of the people, based on the experience of their prosperity. In the era of the Florentine Republic, Tuscany had been subjected to the regime of prohibitions. The prohibitions which restrained the corn trade caused a large number of famines in general, and the famine in 1766 in particular, which led to the great mortality, above all, in Siena and Arezzo, and to which only the abolition of all restraints forced an end. The exportation of law silk, wool and leather is also prohibited as a matter of fact, but the mercantile capital has gone through such growth since it enjoyed a higher degree of freedom, that these various goods are for sale at a still higher price than in its neighbouring states. As a result, the prohibition is completely useless, and does not weigh upon the producer like a tax. Taxes which are large in number are all raised to the profit of the treasury, and no tax supports a mercantile monopoly, and put obstacle to national prosperity. By contrasting Tuscany with France, we can compare the effect of the two regimes for encouragement of trade. Even when the maritime peace was signed, the port of Livorno was filled with vessels, the mercantile capital was affluent, all manufactures were animated, the demand for soup, paper, and so on came into being rapidly, oil rose in value by a third, and the cultivator deepest in the country felt the effects of the general prosperity, through the fall in price of all his purchases and the rise of all his sales. To the contrary, in France, if in the period of this happy event, the merchants at some seaports made long-distance expeditions, it is only by painful sacrifices that they managed to obtain necessary capitals. The blank and tightness of demands are felt everywhere, and the merchants in the most parts of the country are surprised that the peace, free from stimulating trade, has smothered the weak movement which still remained there. Alas! May a government which hopes for the good, and spares no sacrifice for securing it to the people, reflect upon the old abuse to which it is devoted, and learn from mute but powerful lessons of experience.