Sunday 31 October 2010

Book 3, chapter 7, paragraph 19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 346-348]

   Sans doute lors de leur fondation, les Colonies furent destinées comme des fermes, à produire et consommer; c’est le but général de la société humaine. Il serait fort heureux qu’elle pût en tous lieux ne suivre que celui-là, c’est-à-dire s’élever par le travail à l’aisance, aussi bien qu’au développement des facultés intellectuelles que cette aisance occasionne d’ordinaire. Si toutes les nations convenaient entr’elles comme le voudrait de Pradt, de ne jamais détourner les Colonies de ce but, il n’est pas douteux que notre Europe ne profitât indirectement de leur bonheur: mais c’est aussi attendre trop de philosophie et de renoncement à soi-même, tant de la part de nos Gouvernements, que de celle de nos concitoyens, que de leur demander de faire une Utopie pour les antres, et de se placer en dehors. Il est dans la nature des choses que les hommes dans les Colonies tout comme ailleurs, forment des nations, ou des parties de nations, qu’ils soient appelés par l’inconséquence des Gouvernements et par les vices attachés à toutes les humaines, à des dissensions intestines, à des guerres extérieures, enfin à toutes ces causes de désordre, qui engagent en tous lieux les hommes à détruire d’une main les richesses qu’ils accumulent de l’autre, à faire périr une population, que leurs penchants les appellent à multiplier.

[Translation]

   No doubt, at the earliest time of the colonies, they were intended, like farms, for production and consumption. This is the general aim of the human society. It would be impeccably desirable that it can everywhere pursue this aim alone, that is to say, more comfort by means of labour, and higher intellectual faculties that generally follow that comfort. If all the nations consented, as de Pradt would like, not to divert the colonies from this aim, there is no doubt that our Europe would benefit at second hand from their well-being. But we might as well expect thus much of philosophy and self-effacement from both our government and our fellow-countrymen, as demand them to make a Utopia for the rest and to keep off it. According to the nature of things, men in the colonies as well as everywhere else form nations or parts of nations, and may be called on, due to the aimlessness of the governments and to the vice attached to all human things, for civil disturbances, foreign wars, and, finally, all those causes of disorder which everywhere lead men to destroy the wealth on the one hand which they accumulate on the other hand, and to diminish a population which their propensity calls on them to multiply.