Thursday 23 December 2010

Book 3, chapter 8, paragraph 18

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 399-401]

   Je ne puis me refuser à extraire à cette occasion, le discours par lequel M.r Pitt défendit en Parlement le 12 Février 1787, le traité de commerce qu’il venait de conclure avec la France: ce discours est également curieux par sa bonne logique, et par la comparaison qu’on en peut faire avec la conduite subséquente de ce Ministre, alors tout fraîchement entré dans l’administration. «Il n’est point vrai, disait-il, qu’une nation doive être l’ennemie naturelle et inaltérable d’une autre, cette inimitié n’est point confirmée par l’expérience des nations ou l’histoire des hommes; c’est calomnier la constitution des sociétés politiques, et supposer l’existence d’une malignité infernale dans le caractère humain. Les Français dans la plupart de nos guerres avec eux, ont été il est vrai, les agresseurs, mais leur franchise dans la négociation actuelle, mérite de notre part une égale confiance. Il serait ridicule d’espérer que les Français consentissent à nous céder des avantages, sans obtenir de compensation; aussi le traité conclu avec eux, leur sera-t-il sans doute avantageux, mais il le sera plus encore à nous-mêmes. La France obtient pour ses vins et pour ses autres productions, l’entrée d’un riche et vaste marché; nous obtenons pour nos manufactures le même avantage, mais dans un degré bien supérieur. La France acquiert huit millions de consommateurs, nous en acquérons vingt-quatre millions; il faut profiter du moment où les deux nations sont disposées à former des relations si avantageuses. La France doit aux bienfaits de la Providence, le meilleur sol, le plus beau climat, les plus riches productions; elle possède plus qu’aucune autre contrée, dans ses fertiles vignobles et ses abondantes moissons, tout ce qui peut rendre la vie heureuse. L’Angleterre d’autre part, moins favorisée par la nature, doit à son heureuse liberté, à sa constitution, à l’égalité de ses loir, et à la sûreté qu’elles procurent, de s’être élevée au plus haut degré de grandeur commerciale, et de s’être mise en état de fournir à la France, les commodités de la vie, en échange des précieuses productions de son sol (4).»

[Translation]

    I cannot help quoting on this occasion the speech that Mr Pitt gave in Parliament on 12 February, 1787, to justify the treaty of commerce just concluded by him with France. This speech is interesting both in its good logic and in its possible comparison to the subsequent conduct of this minister, who had just entered into the administration. He said: “It is not true that a nation must be a natural and consistent enemy of another, and this enmity is not confirmed by experiences of nations or human history. This is a slander against the constitution of political society, and is a supposition of the existence of infernal malignancy in the human nature. Admittedly, The French people have been invasive in most of our wars against them, but their honesty in the current negotiation deserves an equal confidence on our side. It would be ridiculous to hope that the French will consent to give up advantages to us without compensation. As a result, the treaty concluded with them will undoubtedly be advantageous to them, but, at the same time, more so to us. France has been allowed to bring her wine and other produce into a rich and extensive market; we have gained the advantage of the same kind but of much higher degree, for our manufactures. France acquires eight million consumers, and we acquire twenty-four million. Now that the two nations are inclined to form such advantageous relations, we must grab this chance. To the benevolence of Providence France owes the better soils, milder climate, and richer produce; she possesses all that can make it possible to live a happy life, enjoying more fertile vineyards and more abundant harvests than any other country. England, on the other hand, less favoured by nature, owes her highest commercial prosperity and her capacity to provide France with everyday conveniences in exchange for the precious produce of France, to her happy freedom, constitution, equality under laws, and security given by laws.” (4)