Wednesday 31 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 170-172]

   OURTHE. Peu de Départements contiennent plus de manufactures que celui de l’Ourthe; il y en a peu où elles se soutiennent avec plus d’activité; toutes sans exception travaillent pour l’étranger, aussi bien que pour l’intérieur; aussi le commerce de ce Département ne demande-t-il ni monopoles ni privilèges, ni encouragements, et ne se plaint-il point de la contrebande ou des fraudes faites aux douanes. Voilà donc des ateliers français à Liége, à Verviers, à Malmedi, à Stavelot, qui donnent aux commerçants un profit légitime, et à la nation un revenu, sans occasionner de perte aux consommateurs; et ces ateliers pourraient employer des capitaux bien plus considérables que ceux qui les alimentent, car plusieurs d’entr’eux se sont fermés pendant la révolution, et ne se r’ouvriront pas sans de nouvelles avances. Il en faudra pour ranimer la fabrique des fusils destinés au commerce de Guinée, celle des ouvrages d’acier d’Herstal, celle des draps de Verviers, Eupen, le bourg d’Ensival etc., qui ne produisent plus chaque année, comme elles faisaient avant la révolution 60 à 70,000 pièces de draps. Si l’on ne force plus les capitaux français à alimenter des manufactures perdantes, ils se dirigeront vers celles où leur profit est aussi assuré que légitime. Le débit de ces manufactures pourra s’augmenter en raison de la baisse du prix intrinsèque qui devra s’ensuivre, dès que les ouvriers n’étant plus dépouillés d’une partie du fruit de leurs sueurs par le renchérissement que les douanes occasionnent sur tous les objets de consommation, pourront vivre avec plus d’aisance sur un salaire moins considérable, et occasionner par conséquent moins de frais aux fabricants (1).

[Translation]

   OURTHE. Few departments have more manufactories than that of Ourthe. There are few where manufactories support one another with more activity. All manufactories, without exception, work for foreign as well as for inland trade. Thus, the trade of this department does not demand monopolies, privileges, or encouragements, and does not complain of smuggling or frauds practiced against the customs. Therefore, there are French workshops in Liege, Verviers, Malmedy, Stavelot, which give a legitimate profit to merchants, and revenue to the nation, without causing any loss to consumers; and these workshops could employ much more capitals than they employ really, because more than a few of them were closed during the revolution, and will not be reopened without new advances. Some new advances will be needed for recovering the manufacture of guns destined for trade with Guinea, that of steel works in Herstal, that of woollen cloth in Verviers, Eupen, Ensival, and so on, which no longer produce every year, as they made 60,000 to 70,000 pieces of woollen cloth before the revolution. If French capitals are no longer forced to be employed in manufactories at a loss, they will be directed towards those where their profit is as certain as legitimate. The sales of these manufactories will probably grow according to the fall of the intrinsic price which will take place, as soon as labourers, no longer deprived of a part of the fruitage of their toils by the rise forced by the customs duty upon objects of consumption, can live in more comfort on less wages, and can cost the manufacturers less, as a consequence (1).

Tuesday 30 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 170]

   Après nous être assurés d’un signe caractéristique et infaillible pour reconnaître les manufactures capables de prospérer sans secours, il y aura quelque intérêt à parcourir les statistiques publiées par ordre du Ministre de l’Intérieur pour distinguer les manufactures que la douane protège, d’avec celles qu’elle ne peut aider, et auxquelles alors elle porte du dommage, soit en détournant loin d’elles les capitaux, soit en augmentant l’intérêt des fonds, soit en étouffant l’émulation. Le résultat de cette comparaison est digne de remarque; nous verrons que celles des manufactures qui ne subsistent que par les douanes, et le monopole qu’elles leur assurent en France, loin d’être florissantes aujourd’hui à l’aide de ce monopole, languissent presque toutes, malgré le sacrifice que la nation fait pour elles, et sont par conséquent des entreprises imprudentes, qui n’ont point été appropriées aux temps, aux lieux, et aux circonstances du commerce et auxquelles il est urgent de renoncer.

[Translation]

   Now that we have seen a characteristic and infallible sign for recognising the manufactures capable of prosperity without protection, it will be of some interest to cast an eye over the statistics published on the order of the Minister of the Interior, to distinguish the manufactures protected with customs duties from those which they cannot aid and to which they do harm, be it a diversion of capitals away from them, a rise in interest of stock, or an oppression of emulation. This comparison will produce a noteworthy result. We shall see that those manufactures which only subsist by customs duties and the monopoly of which the customs duties assure them in France, far from being flourishing today with the aid of this monopoly, almost all decline, in spite of the sacrifice the nation makes for them, and are, as a consequence, reckless businesses, which have not been appropriate for the time, place, and circumstance of trade, and which it is urgent to give up.

Monday 29 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 168-169]

   Un commerce qui exporte, lors même que la Douane lui assure le monopole du marché intérieur, ne retire au dehors aucun avantage de ce monopole. Un Italien ne paye pas plus cher les draps, les soieries ni les montres, de France, parce que les draps, les soieries et les montres d’Angleterre ne peuvent pas entrer en France. Pour asseoir son prix relatif sur le plus bas des prix intrinsèques, il lui suffit que ces marchandises entrent librement chez lui, et si le monopole dont le marchand français jouit à l’intérieur, l’encourageait à demander au dehors un prix supérieur à celui de l’Anglais, ce monopole nuirait à sa vente, loin de la favoriser. Mais lorsque an contraire son prix intrinsèque se trouvant être le plus bas de tous ceux qui entrent en concurrente, sert de base chez les étrangers mêmes à la fixation du prix relatif libre, il est clair qu’il lui servirait également de base en France, où n’étant point accru par des frais de port et de douane, il aurait un plus grand avantage encore contre des prix étrangers; et que la liberté la plus absolue pour l’importation de draps, de soieries et de montres semblables, n’apporterait aucun préjudice à ces trois fabriques. On peut donc poser en principe, que toute manufacture française qui fait des exportations à l’étranger, ne retire aucun bénéfice du monopole que la douane accorde au fabricant français.

[Translation]

   An export trade, even when the customs assure the French merchant of the monopoly of inland trade, does not take any advantage of this monopoly abroad. An Italian does not pay more for woollen fabric, silk fabric, or watches of France, because woollen fabric, silk fabric, and watches of England cannot enter France. To reduce his relative price upon the lowest of the intrinsic prices, it is sufficient for the French merchant that these commodities freely enter his country, and if the monopoly enjoyed by the French merchant at home encouraged demanding a higher price abroad than that in England, this monopoly would be a nuisance to his sales, far from a promotion to it. But, when, on the contrary, his intrinsic price turns out to be the lowest of all that come in competition, and serves for the base to determine the free relative price in the same foreign countries, it is clear that the price would also serve him for the base in France, where, not being raised due to the carriage and customs, it would have a still larger advantage over the prices of the foreign produce; that the most complete freedom for importation of similar woollen fabric, silk fabric, and watches, would not place any obstacle to these three manufactures. It can, therefore, to be asserted in principle that every manufactory in French that exports to foreign countries does not gain any benefit from the monopole accorded by the customs to the French manufacturers.

Sunday 28 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 167-168]

   Un fabricant qui travaille tant pour étranger que pour l’intérieur, et qui ne trouve dans ce double commerce qu’un bénéfice modique, de huit pour cent par exemple, s’il obtient qu’au moyen de la Douane on exclue du marché intérieur une production étrangère du même genre qui lui faisait concurrence, sera autorisé par cela même à élever ses profits en vendant à ses compatriotes; c’est même le but que se sera proposé le Législateur. Il les portera peut-être à douze pour cent, et renchérira de quatre pour cent celles des marchandises qu’il vendait aux Français; mais il lui sera de toute impossibilité de renchérir celles qu’il vendait aux étrangers, car ceux-ci s’adresseront aux marchands qu’on aura exclu de son propre pays, et qui se trouvant dérangés dans leur marché, seront bien plus disposés à rabattre de leurs prétentions qu’à les augmenter: le Français gagnera donc douze pour cent en vendant à ses compatriotes, et huit pour cent seulement en vendant à des étrangers; or comme il aime beaucoup mieux gagner douze que de ne gagner que huit, il tournera toute son industrie vers le commerce intérieur, et retirera ses fonds du commerce d’exportation, auquel il renoncera bientôt tout à fait si le monopole lui fait trouver assez de consommateurs dans sa patrie. En accordant un privilège exclusif dans le marché intérieur au fabricant qui exportait une partie de ses produits, on le dégoûte donc du commerce d’exportation, et l’on fait le contraire de ce qu’on s’est proposé par la Douane.

[Translation]

   A manufacturer who works for foreign as well as home markets, and who find only a small benefit in this double trade, say eight percent, if he has a customs duty exclude the same sort of foreign produce which competes with him from the market, will be authorised by the same means to increase his profits in selling to his fellow-countrymen. This is even what the legislator will have aimed at. He will elevate them to twelve percent, and will increase those of commodities which he sold to the French people by four percent. But it will not be possible at all to raise those commodities he sold to foreigners in price, because the foreigners will approach the merchants who will have been excluded from his own country, and who, finding themselves troubled in their markets, will be much more inclined to withdraw some of their claims than to increase them. The French merchant will, therefore, gain twelve percent by selling to his fellow-countrymen, and only eight percent by selling to foreigners. And yet, since he likes much more to gain twelve than only eight, he will devote all his industry to inland trade, and will withdraw his stocks from export trade, which he will give up at once if the monopoly makes him find sufficiently many consumers in his own country. To accord an exclusive privilege in the home market to the manufacturer who exported a part of his produce, therefore, is to discourage him from export trade, and to cause something contrary to what has been intended by the customs.

Saturday 27 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 166-167]

   La plupart des étoffes de coton, non plus que la quincaillerie de France, ne se vendraient jamais, nous assure-t-on, pas même sur les lieux où on les fabrique, si on n’avait soin d’exclure rigoureusement des marchés français, les étoffes de coton et la quincaillerie anglaise qui rivalisent avec elles; puisque ces dernières étant malgré les frais de port, ou meilleures pour le même prix, ou meilleur marché en même qualité, personne ne voudrait acheter les produits de l’industrie française. Cela peut être; mais dans ce cas il est incontestable que ces marchandises qui redoutent la concurrence des fabriques anglaises, ne peuvent point être vendues à l’étranger; car une fois exposées sur le marché d’une ville d’Italie ou d’Allemagne renchéries par les frais de port et de douane, elles y rencontreront les mêmes marchandises anglaises, qui n’y seront pas plus chères qu’elles ne le sont en France et qui par conséquent auront sur elles un bien plus grand avantage qu’elles ne pourraient jamais avoir dans le marché intérieur le plus libre.

[Translation]

   Little or no cotton fabric or hardware from France would ever be sold, it is sure, in the places where they are manufactured were it not for measures to rigorously exclude English cotton fabric and hardware which rival them from the French markets. This is because, as those of English make are better in quality for the same price or lower in price for the same quality in spite of carriage, people would not like to purchase the produce of French industry. This is possible, but in this case it is incontestable that these commodities which fear competition with the English produce cannot be sold abroad. The reason is that, once exposed in the market in an Italian or Germany city, raised in price due to the carriage and customs duty, they will encounter with the same English commodities there, which will be no more expensive there than in France, and which as a consequence will have a more advantage than they could ever have in the freest home market.

Friday 26 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 165-166]

   Nous avons cherché à faire voir dans le Liv. I. Chap. VII., que le commerce d’exportation n’est pas plus avantageux à la nation que le commerce intérieur; néanmoins il a une très haute importance sous un autre point de vue, comme pouvant seul servir à faire distinguer un commerce fondé sur des besoins mutuels, et dont le profit est réel et légitime, d’avec un commerce artificiel, qui ne doit son existence qu’aux besoins qu’a créées le monopole, et dont le bénéfice est illusoire. Toute manufacture dont les produits peuvent être exportés et vendus à l’étranger avec bénéfice, sans le secours d’une prime, est indépendante du monopole, parce que le prix que paye l’étranger est toujours un prix relatif libre, que le monopole n’a point affecté.

[Translation]

   We have tried, in book 1, chapter 7, to show that export trade is not more advantageous to the nation than inland trade. Nevertheless, it is of extremely high importance from another point of view, as it alone can serve to demonstrate a distinction between a commerce which is founded upon mutual needs and whose profit is real and legitimate, and an artificial commerce which owes its existence only to the needs which the monopoly has created and whose benefit is illusionary. Every manufacture whose produce can be exported and sold to foreigners to profit, without the aid of bounty, is independent from monopoly, because the price paid by foreigners is always a free relative price, which the monopoly has not affected.

Thursday 25 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 164-165]

   Puisque l’avantage que l’on procure à quelques manufactures est absolument illusoire, puisque le monopole ne cause aucun profit réel, mais une perte bien réelle; quelle que fût l’importance des manufactures en faveur desquelles on l’aurait établi, il n’en serait pas moins impolitique de le maintenir. Il ne faudrait point attendre pour son abolition, comme on l’entend souvent affirmer, le moment où toutes les nations renonçant également aux entraves qu’elles ont mises au commerce, nous ouvriraient leurs marchés, comme nous leur ouvririons les nôtres; car ce n’est point l’avantage d’un marché plus étendu qui nous a frappé comme devant être le résultat de la liberté du commerce, ce n’est point l’espérance de mieux vendre, mais l’assurance d’acheter moins cher: au moment où nous abolirons le monopole, quelque parti que prennent nos voisins, nous diminuerons nos dépenses, nous augmenterons nos revenus, nous attirerons cher nous des capitaux étrangers, et nous réveillerons l’émulation de nos artisans. Si persuadés par nos succès, ces voisins prennent ensuite le parti de nous imiter, outre les fruits que nous aurons déjà recueillis de la liberté dont nous jouirons à l’intérieur, nos fabricants verront s’ouvrir devant eux un marché plus étendu, ils pourront, si leurs fonds y suffisent, se livrer à une nouvelle industrie, et en pourvoyant les étrangers, se procurer un nouveau revenu qui augmentera celui de la nation.

[Translation]

   Since the advantage which is procured for some manufactures is completely illusionary, since monopoly causes no real profit but a very real loss, however important the manufactures might be in favour of which it would have established, it would be none the less impolitic to maintain it. It would not be necessary to wait for its abolition, as is often asserted, until all other nations, equally giving up the restrictions put upon trade, would open their market to us, as we shall open our markets to them. This is because it is not the advantage of a more extensive market that has brought home to us what should result from free trade; it is not the hope of better sales, but the assurance to purchase less dear. The moment we abolish monopoly, whatever course our neighbouring nations may take, we shall diminish our expenditure, shall increase our revenue, shall attract foreign capitals to ourselves, and shall awake emulation of our artisans. If, persuaded by our success, these neighbouring nations subsequently take the course to imitate us, then, in addition to the fruits we shall have already reaped from the freedom enjoyed at home, our manufacturers will see a more extensive market open before them, and they will be able, if their stocks are sufficient for that, to devote themselves to a new branch of industry, and, by supplying for foreign nations, will secure a new source of revenue which will increase that of the nation.

Wednesday 24 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 162-164]

   4.° Enfin la douane, comme monopole, diminue les pouvoirs productifs du travail et de l’industrie, puisqu’elle a une tendance directe à éteindre l’émulation, et à engourdir le génie et le talent. A quoi sert de se distinguer lorsqu’on est assuré de vendre? A quoi sert de chercher à faire mieux, lorsque le Gouvernement a pris l’engagement de trouver des acheteurs à ceux mêmes qui font plus mal? A quoi sert de surprendre le secret des fabricants étrangers, lorsqu’on n’aura jamais à craindre leur concurrence? C’est dans cette position, c’est lorsque le fabricant ne voit plus ses intérêts liés à sa réputation, qu’il s’appesantit dans sa routine, et qu’il se refuse à tout effort généreux qui pourrait l’en faire sortir. Le Ministre de l’Intérieur a bien senti toute l’influence délétère de ce privilège; lorsqu’il énumère les inconvénients attachés à la prohibition des produits étrangers, il n’oublie pas celui de ne plus offrir de stimulant à l’émulation de nos fabricants; aussi ajoute-t-il, je veux que les produits des fabriques étrangères viennent concourir sur nos propres marchés avec ceux de nos fabriques nationales. (Chaptal essai sur les arts Chim. en France p. 43). Ce n’est qu’en ayant sous les yeux ces produits, en étant constamment alarmés par leur perfectionnement, que les chefs d’atelier comprendront ce qu’ils peuvent et ce qu’ils doivent faire pour l’intérêt des consommateurs et pour le leur propre.

[Translation]

   Fourthly, and finally, the customs duty, like monopoly, diminishes productive powers of labour and industry, because it has a direct tendency to extinguish emulation and to paralyse genius and talent. What is the use of your being distinguished when you are sure of your sales? What is the use of your trying to do better when the government has promised to find purchasers for those who do worse as well? What is the use of your perceiving the secret of foreign manufacturers when you do not have to fear competition with them? In this position, where the manufacturer no longer sees his interest associated with his reputation, he adheres to his routine and refuses all general efforts which could allow him to leave it. The Minister of the Interior has well felt all the harmful influence of this privilege. When he enumerates the inconveniences attached to the prohibition of the foreign produce, he does not forget the inconvenience of offering no more stimuli to emulation of our manufacturers. Thus he adds, “I hope that the produce of foreign manufacturers will come in competition with that of our home manufacturers in our own markets” (Chaptal’s Essai sur le perfectionnement des arts chimiques en France, p. 43). Only by seeing this produce with the naked eye, by being constantly alarmed by its improvement, do the masters of workshops understand what they can and should do for the interest of consumers and for their own interest.

Tuesday 23 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 161-162]

   3.° L’influence de la douane ne s’arrête pas aux revenus et aux dépenses, elle diminue aussi les capitaux employés à maintenir l’industrie. Nous avons vu au Liv. I. Chap. IX. que lorsque deux nations inégalement riches commercent ensemble, la plus riche des deux devient prêteuse, que son exportation chez la plus pauvre ne lui est payée que par une créance, que la marchandise qu’elle lui a envoyé est un capital, qu’on ne lui rend point, et qui sert à animer l’industrie de la nation emprunteuse ou importatrice: or de tout temps, mais surtout depuis la dilapidation de la richesse française sous le régime de la terreur, la France a été moins fournie de capitaux que l’Angleterre: dans tout commerce entre ces deux nations, c’est en général la France qui est l’emprunteuse; les lois qui gênent le trafic entr’élles, et le réduisent presque à celui de contrebande, ont donc le même effet que celles qui dans les siècles de barbarie, faisaient défense au marchand d’emprunter les capitaux dont il besoin pour son commerce. Ces lois absurdes n’empêchent pas absolument tout emprunt, mais elles forcent l’emprunteur à payer une usure au lieu d’un intérêt légitime; les entraves données au commerce avec les autres nations ont des effets analogues quoique moins sensibles; c’est toujours l’importation qu’elles gênent, et l’entrée des capitaux étrangers qu’elles arrêtent le plus.

[Translation]

   Thirdly, the customs duty works not only upon the revenue and the expenditure: it also diminishes the capital employed to maintain industry. We have seen in book 1, chapter 9, that, when two nations unequal in wealth trade with each other, the richer of the two should come in credit, that her exportation to the poorer nation is only paid to her on credit, that the commodity the richer have sent to the poorer is a capital, which does not return to the former, and which serves to animate the industry of the nation in debt, or the importing country. And yet, all the time, but particularly since the embezzlement of the French wealth under the regime of terror, France has been endowed with less capital than England. In all trade between these two nations, France is generally in debt. The laws which disturb trade between them, and almost confine it to contraband trade, therefore, have the same effect as those which in the barbaric times prohibited merchants from borrowing capital needed for their trade. These absurd laws do not completely forbid all sorts of borrowing, but force the borrower to pay usury instead of legitimate interest. The restrictions imposed upon trade with other nations have analogous if not so sensitive effects. They always contract importation, and put the most obstacles to the entry of foreign capital.

Monday 22 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 160-161]

   2.° Nous venons de dire, que la douane augmentait les dépenses, elle diminue aussi les revenus de la nation, car elle maintient en dépit de la nature des choses, des manufactures perdantes, dont le prix intrinsèque est plus élevé que le prix relatif libre; c’est encore ce que nous ayons vu Liv. II. Chap. V. p. 49. or les seules marchandises dans la valeur desquelles ces deux prix s’identifient, donnent un revenu national; celles dont le prix relatif libre reste au-dessous du prix intrinsèque, lors même qu’on oblige l’acheteur d’en payer ce prix intrinsèque, ne produisent qu’un transport de propriété d’une main à une autre, mais non pas une augmentation de valeur, ou une revenu national. La douane ne fait cependant pas simultanément l’effet d’augmenter la dépense et de diminuer le revenu, mais pour chaque marchandise sur laquelle son monopole influe, elle fait ou, l’un, ou l’autre; tout le dommage qu’elle ne fait pas d’une de ces deux manières, elle le fait de l’autre; et la somme de ce dommage est égale à la différence entre le prix relatif libre, et le prix accidentel ou le prix relatif forcé de toutes les marchandises vendues.

[Translation]

   Secondly, we have asserted that the customs duty increases the expenditure, and at the same time diminish the revenue of the nation, because, against the natural course of things, they maintain some losing manufactures, whose intrinsic price is higher than the free relative price. This is also what we have seen in book 2, chapter 5, p. 49, and yet the commodities of the value to which these two prices converge alone contribute to the national revenue. Those commodities whose free relative price remains below the intrinsic price, even when the purchaser is obliged to pay the intrinsic price for them, only make a transfer of property from one hand to another, with no increase of value or national revenue. The customs duty does not, however, simultaneously make two effects, to increase the expenditure and to decrease the revenue, but make one or the other effect upon each commodity affected by the monopoly ascribed to the customs duty. All the harm that it does not do in one of these two ways, it does in the other way; and the amount of this harm is equal to the difference between the free relative price and the incidental price or the forced relative price of all sold commodities.

Sunday 21 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 159-160]

   1.° La douane occasionne un dommage direct et très considérable au consommateur, en le forçant à payer cher ce qu’il pourrait avoir bon marché, soit qu’il achète la marchandise étrangère dont le prix est augmenté par les droits du fisc, ou l’assurance du contrebandier, soit qu’il s’en tienne â la marchandise nationale, dont le prix relatif est élevé par le monopole, et le renchérissement ou l’exclusion de celles qui pouvaient lui faire concurrence; mais nous avons vu Liv. II. Chap. I. et III. que toutes les fois que le prix relatif s’élevait, il y avait perte pour la nation; dans ce cas-ci l’on ne peut douter que le renchérissement de toute marchandise ne soit une perte pour tout consommateur, et n’augmente d’autant les dépenses nationales, qui ne sont autre chose que la somme des dépensés de tous les consommateurs.

[Translation]

   First of all, the customs duty does direct and considerable harm to the consumer, by forcing him to pay a high price for what he could obtain at a low price, either because he purchases a foreign commodity whose price has risen due to taxes for the treasury or to guarantees for smugglers, or because he is satisfied with a home-made commodity whose relative price has risen due to the monopoly and to the appreciation or exclusion of those commodity which could compete with it. But we have seen in book 2, chapters 1 and 3, that, every time the relative price rises, there is loss for the nation. In this case, there is no doubt that the rise in price of any commodity is a loss for every consumer, and increases the national expenditure proportionally, which is nothing but the aggregate of expenditure of all consumers.

Saturday 20 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 158-159]

   L’on s’est proposé par dessus tout, dans la législation des douanes, de donner au fabricant national un monopole contre celui qu’il approvisionne: c’est-à-dire, de rendre impossible an consommateur d’acheter ce dont il a besoin, d’aucun autre que du marchand Français; de là les droits perçus sur les marchandises de tout genre qui viennent de l’étranger, tandis que celles que produit la France n’en payent aucun; de là encore l’augmentation excessive de ces droits à l’importation, ou la prohibition de celles des marchandises que les étrangers cèdent à beaucoup plus bas prix que les Français, et qui par conséquent, si elles étaient admises librement dans l’État, feraient tomber la manufacture Française qui cherche à leur faire concurrence. Tel est le but avoué du Législateur. D’après tout ce que nous avons exposé dans les deux premiers livres, nous ne pourrons hésiter à conclure, que ce but est contraire à l’intérêt national. Le préjudice qu’il cause au consommateur, et même à l’industrie française, peut, ce me semble, se ranger sous quatre chefs.

[Translation]

   In legislation of customs, the intension has been above all to accord the home manufacturer a monopoly against those for whom he provide: namely to make it impossible for consumers to purchase what they want from any one but French tradesmen. Therefore, we have taxes levied upon commodities of all sorts which come from abroad, while those of French make do not pay any tax; moreover, we have excessive increase of these taxes upon importation, or prohibition of those commodities which foreigners provide at a much lower price than the French, and which, consequently, if they were freely admitted into the state, would collapse the French manufactures which try to compete with them. Such is the confessed purpose of the legislator. According to all we have expounded in the first two books, there will be no hesitation to conclude that this purpose is contrary to the national interest. The harms it does French consumers and even industry can, it seems to me, be put under four heads.

Friday 19 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 156-158]

   En traitant une matière d’une si haute importance, et qui mériterait peut-être à elle seule d’être le sujet d’un ouvrage, il convient surtout d’acquérir une connaissance exacte des faits, et d’appuyer les calculs de la théorie par tous les détails de l’expérience. J’ai cherché à le faire autant que le permettent les bornes dans lesquelles je dois me restreindre. Je commencerai par résumer la théorie de la liberté du commerce, afin de présenter sous un seul point de vue les conséquences du monopole créé par la douane, pour le consommateur et pour l’État. Cherchant ensuite quel avantage il en résulte pour celui en faveur de qui le monopole est établi, j’indiquerai un signe caractéristique, pour distinguer une manufacture favorisée par le monopole, d’avec une manufacture qui n’en profite pas. Je n’ai point l’avantage d’avoir des renseignements sur celles de toute la France, mais les Préfets d’un quart des Départements, ont déjà publié leurs statistiques, d’après les ordres du Ministre de l’Intérieur; peu de documents sont plus certains, et méritent une plus entière confiance, que ceux qu’elles présentent. Nous passerons eu revue ces vingt-cinq statistiques; nous examinerons quelle influence ont les douanes sur les manufactures du quart de la France, et nous pourrons d’après cet examen, tirer avec confiance des conséquences sur celles des Départements qui n’ont point encore été décrits. Éclairés alors par un grand nombre de faits, nous chercherons dans le chapitre suivant, quelle aurait dû être la marche du Législateur pour produire l’effet qu’il se proposait d’obtenir par les douanes; savoir, d’une part introduire dans le pays celles des branches nouvelles d’industrie que l’ignorance seule empêchait d’adopter; de l’autre, procurer au Gouvernement un revenu par une taxe sur les consommations.

[Translation]

   In dealing with a matter which is of so extreme importance and which alone would probably deserve to be the subject of a treatise, it is adequate above all to have an exact knowledge of facts and to support theoretical deductions by every detailed experience. I have tried to do so as far as the limits to which I should confine myself permit. Now I will begin with abridgement of the theory of free trade, in order to present effects of the monopoly created by customs duties on the consumer and the state, from a single point of view. Next, enquiring what advantage it gives to those in favour of whom the monopoly is established, I will point out a criterion for distinguishing a manufacture favoured by the monopoly from a manufacture which profits nothing from that. I have no advantage to have information about manufactures all over France, but the prefects of a fourth of the departments have already published their statistics, following orders of the Minister of the Interior; few documents are more certain and deserve more complete confidence than those which they present. We shall pass in review these 25 sets of statistics; we shall examine what influence customs duties have upon manufactures in the fourth of France, and, according to this examination, shall be able to confidently draw conclusions regarding those departments which have not been described as yet. Enlightened by a large number of facts, then we shall in the following chapter examine what steps the legislator should have taken to produce the effect he intended to obtain by customs duties; that is to say, to introduce to the country those new branches of industry whose adoption ignorance alone impeded, on the one hand, and to procure the government revenue by a tax upon consumption, on the other hand.

Thursday 18 March 2010

Book 3, chapter 2, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 156]

Nous voici arrivés au moment d’appliquer les principes que nous nous sommes efforcés de faire reconnaître dans le cours de cet ouvrage, au sujet le plus important de tous, au monopole que la douane assure au fabricant et au commerçant national contre le consommateur. D’entre ceux qu’ont créé les lois, c’est le seul qui se soit maintenu au milieu des révolutions, c’est encore celui dont l’influence est la plus étendue, et celui auquel on redoute le plus de toucher, lors même qu’on reconnaît combien il est onéreux à la masse des citoyens; dans la persuasion qu’une foule de manufactures nationales ne reposent que sur son maintien.

[Translation]

The time has come when we have to apply the principles of which we have attempted to convince the reader in the course of this work, to the most important subject of all: namely, to the monopoly of which customs duties assure manufacturers and merchants at home against consumers. Among those monopolies which laws have created, this monopoly is the only one which has been maintained in the middle of revolutions, a monopoly whose influence is the most extensive and which people are the most fearful of touching, even when they recognise how costly it is to the mass of citizens, of the persuasion that a host of manufactories at home rest exclusively upon maintenance of this monopoly.

Wednesday 17 March 2010

Book 3, chapter 1, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 147]

(1) Recherches sur les constitutions des Peuples libres. Liv. III. et IV. La publication de cet ouvrage, qui devait précéder celui-ci, a été retardée par diverses circonstances.

[Translation]

Rechereches sur les constitutions des Peuples libres, books 3 and 4. The publication of this work, which should precede this work, has been delayed due to various circumstances.

Tuesday 16 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 155]

   Les deux premières parties de cette tâche appartiennent plus précisément à la jurisprudence; la troisième seule est du ressort de l’économie politique, et du sujet de ce livre. Les monopoles que les lois ou les règlements mercantiles ont établis, leurs incoinvénients particuliers, les avantages qu’on s’était vainement proposé en les établissant, et les moyens de les détruire, sont ce qui nous reste à examiner.

[Translation]

   The first two parts of this task, more precisely, belong to jurisprudence, and the third alone is within the domain of political economy, and is the subject of this book. We have yet to examine the following: monopolies established by mercantile laws or regulations, their particular inconveniences, the advantages touted in vain in establishment of them, and the means by which to destroy them.

Monday 15 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 154-155]

   L’office du Législateur ou du Gouvernement à l’égard du commerce demeure encore assez important, après qu’on en a retranché un soin qui n’est pas fait pour lui; il doit par des lois claires et précises, rendre les procès moins fréquents, moins longs et moins dispendieux; il doit tenir scrupuleusement la main à l’exécution de toutes les conventions auxquelles le commerce donne naissance; enfin il doit avoir les yeux ouverts, pour prévenir et dissoudre toutes les ligues qu’un intérêt particulier pourrait former contre l’intérêt général; il doit détruire partout les monopoles, au lieu de les créer ou de les maintenir.

[Translation]

    The task of the legislator or the government, with respect of trade, still remains important enough, after he has been released from the care which is not proper for trade. He have to enact clear and precise laws to make lawsuits less frequent, less time-consuming, and less costly; he have to be responsible for execution of all the conventions to which trade gives birth; finally, he has to keep an eye to prevent and discourage all conspiracies that a particular interest could form against the general interest; he have to destroy, above all, monopolies, instead of creating or maintaining them.

Sunday 14 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 153-154]

   Enfin, c’est surtout lorsqu’on laisse le commerce libre, qu’on peut être assuré qu’aussi long-temps que la nation possédera un capital, toutes ses parties seront employées d’une manière profitable pour elle, à mettre en mouvement un travail productif. Ce n’est pas que, lors même que le commerce est gêné de toute manière, l’intérêt du capitaliste ne lui ordonne encore de mettre son capital en œuvre, sous peine d’être privé de son revenu; mais les entraves mises au commerce peuvent tellement gêner ses mouvements et diminuer ses bénéfices; il peut être si difficile pour lui d’entrer dans le commerce, où dans celui des commerces pour lequel il se sent de la disposition, qu’il préférera souvent d’employer son capital hors de l’État, et loin des chaînes dont on veut l’entourer. Depuis que tous les Souverains de l’Europe se sont endettés, il a toujours la ressource de jeter sa fortune dans le gouffre des emprunts publics, sans cesse ouvert pour absorber les capitaux, et d’enlever les siens et à sa patrie, et aux ouvriers productifs qu’il pouvait maintenir.

[Translation]

   Finally, it is above all with trade free that we can be assured that, as long as the nation possesses a capital, all parts will be employed in a profitable way for her, to set productive labour in motion. This is not to say that, even if the commerce is impeded by any means, the interest of the capitalist does not order him to put his capital at work, making him accept the diminution of his revenue. Rather, the restrictions upon trade can impede the movement of his capital and make profits so low, and it can be so difficult for him to enter into the trade, or in that branch of trade, at which he feels himself good, that he will often prefer employing his capital abroad and far away from the restrictions which appear to chain him. Since all the sovereigns in Europe ran into debt, he has always had resort to throwing his fortune into the abyss of public debts, which is always open to absorb capitals and to taking his own property from his country and from productive labourers he could maintain.

Saturday 13 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 153]

   Les profits du commerce qui dirigent toutes les spéculations des capitalistes, sont toujours proportionnés à l’état actuel des capitaux en circulation, et à celui des besoins des consommateurs; mais les lois par lesquelles on a prétendu les régler, ne peuvent jamais être proportionnées à un état à venir et variable; lors donc que le Gouvernement confirmerait et rendrait immuable la distribution des capitaux entre divers commerces, telle qu’elle subsiste aujourd’hui, cette distribution aurait beau être la meilleure possible, il n’en ferait pas moins une haute imprudence d’assurer sa durée, dès que les circonstances qui seules la rendent bonne peuvent changer.

[Translation]

   The profits of commerce which regulate all speculations of capitalists are always in proportion to the present state of capitals in circulation, and to that of the needs of consumers. But the laws which have been intended to regulate the profits cannot change with a future and variable state. Therefore, in a case where the government would affirm and fix the distribution of capitals among various trades as it is today, however good this distribution might have been, it would be extremely imprudent to guarantee its duration, as soon as circumstances which alone make it good can change.

Friday 12 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 152-153]

   L’équilibre entre les profits de tous les commerces règle le profit moyen, or nous avons vu que celui-là seul formait une partie du revenu national, et n’était une perte pour personne, tandis que celui qui s’élevait au-dessus, causait une perte au consommateur, et que celui qui restait au-dessous en occasionnait une au producteur; que dans le premier cas, la dépense était augmentée, dans le second, la recette diminuée, que dans l’un et l’autre, la nation éprouvait une perte. La liberté du commerce sur laquelle est fondé cet équilibre, assure donc tout ensemble à la nation, que les arts qui lui importent le plus seront exercés, et qu’ils le seront de la manière le plus profitable pour elle.

[Translation]

   The equilibrium between the profits of all trades regulates the average profit, and yet we have seen that the average profit alone forms a part of the national revenue, and is not a loss for any individual, while a profit above the average causes a loss to the consumer, and a profit below the average causes a loss to the producer; that in the first case expenses are increased, in the second case proceeds are diminished, and that in both the cases the nation sustains a loss. The freedom of trade upon which this equilibrium is founded, therefore, assures the nation as a whole that the arts of the most importance to her will be shown, and that in the most profitable way.

Thursday 11 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 152]

   Le capitaliste qui ne consulte que son propre intérêt, travaille donc toujours pour celui de la nation, soit qu’il quitte un art de luxe pour un art nécessaire, ou qu’il abandonne un art nécessaire pour un art de luxe; dans l’un et l’autre cas, il obéit à la volonté nationale, qui se manifeste par la hausse ou la baisse des profits mercantiles.

[Translation]

   The capitalist who consults his own interest alone, therefore, always works for that of the nation, whether he quits a trade of luxuries for necessaries, or necessaries for luxuries. In both the cases, he obeys to the national preference, which is shown in height or lowness of mercantile profits.

Wednesday 10 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 150-152]

   Cette tendance des capitaux à rechercher les plus grands profits, assure au consommateur, non-seulement que les arts qui lui sont le plus éminemment nécessaires, mais encore que tous les autres, seront exercés avec une activité proportionnée aux capitaux nationaux et à ses besoins. En effet, le plus important de tous est celui qui procure à l’homme sa nourriture; et si tous les capitaux d’une nation ne suffisaient que tout juste à produire ce qui lui est nécessaire pour la nourrir; comme ce besoin est le plus impérieux de tous, l’art qui lui correspond deviendrait si fort le plus profitable, qu’il attirerait à soi sans exception tous les capitaux nationaux; mais dès que ces capitaux peuvent suffire à procure au Peuple quelque chose au delà de sa nourriture, d’autres besoins se font entendre; l’art du laboureur est saturé de capitaux, les autres ne le sont pas; ce sont donc les autres qui offrent de plus grands profits, et chacun d’eux réclame une portion du capital national proportionnée à son indépendance. Jusqu’à ce qu’il l’ait obtenue, il offre des profits plus considérables que les arts qui le rivalisent, et enchérit sur eux.

[Translation]

   This tendency of capitals to seek the highest profits assures the consumer, that not only the arts which are the most eminently necessary to him, but also all the others, will be shown with the vigour which is in proportion to the national capitals and to his needs. In fact, the most important art of all is that which procures man his provisions; and if all of capitals of a nation were only just sufficient to produce what is necessary for her subsistence, since this need is the most imperious of all, the art corresponding to it would become by so far the most profitable that it would attract all the capitals to itself without exception. But no sooner can these capitals be sufficient to provide the nation above her subsistence than she comes to feel the needs for others. The art of the husbandman is full of capitals, and the others are not so. The latter, therefore, offer higher profits, and each of them claims for a portion of the national capital in proportion to its independence. Until it has obtained a due portion of capital, it offers higher profits, and is more expensive than the arts in competition with it.

Tuesday 9 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 150]

   Plus les besoins des consommateurs sont pressants, plus ainsi que nous l’avons vu, ils augmentent le prix relatif qu’ils consentent à payer; aussi la branche de commerce qui est la plus utile à la nation, si elle n’est pas suffisamment fournie de capitaux, offre-t-elle des profits plus considérables qu’aucune autre; car la plus utile est toujours celle où les besoins des consommateurs sont les plus impérieux, et où par conséquent le prix relatif peut s’élever davantage. Mais pourvu que le passage des capitaux d’un commerce à un autre soit libre, et que rien n’arrête l’industrie dé ceux qui les possèdent et veulent les employer, comme chaque capitaliste cherche toujours pour soi les profits les plus grands, l’industrie qui donnerait les plus grands de tous si on la privait de capitaux, sera toujours la première servie. La liberté du commerce assure donc au consommateur que les arts dont il a besoin seront ceux qu’on exercera avec le plus d’activité.

[Translation]

   The more urgent the needs of consumers are, as we have seen, the higher relative price they consent to pay for them. Thus, the branch of trade which is the most useful to the nation, if it is not sufficiently provided with capitals, offers higher profits than any other. This is because the most useful is always the branch of trade where the needs of consumers are the most imperious and where, as a consequence, the relative price can be higher. But, provided that the transfer of capitals from one branch of trade to another is free, and that nothing bring to a halt the industry of those who possess them and like to employ them, since every capitalist always seeks the highest profits for himself, the industry which would give the highest profits of all for lack of capitals will always be provided with capital in the first place. The freedom of trade, therefore, assures the consumer that the arts that he needs will be shown with the most vigour.

Monday 8 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 149-150]

   Cet intérêt exige impérieusement que la passage des capitaux d’une industrie à une autre soit le plus libre qu’il est possible, et que rien n’obstrue leur circulation.

[Translation]

   This interest imperiously demands that the transfer of capitals from one branch of industry to another should be the freest possible, and that nothing should obstruct their circulation.

Sunday 7 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 149]

   La science de l’économie politique est si difficile, elle est encore aujourd’hui si peu répandue, tandis toutes les autres ont fait des progrès rapides, qu’il ne faut pas s’étonner si au milieu des ténèbres du moyen âge elle était absolument ignorée; mais le jour viendra bientôt sans doute, où la France profitera du progrès des lumières, et se rappellera en réformant sa législation commerciale, que l’intérêt du consommateur est toujours le premier intérêt de la nation.

[Translation]

   The science of political economy is so difficult and so unknown still today, while all the others have made rapid progress, that it should not be surprising that, in the middle of the darkness of the middle age, it was completely ignored. But the time will come soon without doubt when France will benefit from the progress of the insights, and will be reminded, in reforming her commercial legislation, that the interest of the consumer is always the premier interest of the nation.

Saturday 6 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 146-149]

   Lorsque le commerce commenta à renaître en Europe, vers le treizième siècle, ses premiers succès excitèrent la jalousie des grands Feudataires, et de tous les gentilshommes, qui semblaient voir dans l’opulence de quelques hommes nouveaux, les premiers germes de la puissance qui devait les renverser un jour. Les Grands, conjurés contre les négociants qu’ils méprisaient et qu’ils enviaient, veillaient les occasions de les dépouiller, mais les coups qu’ils croyaient leur porter, retombaient tous sur eux-mêmes: ils multiplaient les exactions, redoublaient les péages sur les marchandises qui traversaient leurs terres, et ne s’apercevaient pas qu’eux ou leurs sujets payaient ensuite comme consommateurs, toutes les sommes qu’ils avaient levées sur le commerce. Cependant l’anarchie allant toujours en croissant, les marchands s’étaient tous retirés dans les villes, seul endroit où ils fussent à l’abri de vexations plus directes de la part des Seigneurs. Lorsque le lien de la société est presque dissous, c’est par des associations partielles que les citoyens suppléent à l’énergie défaillante de l’association générale. J’ai développé dans un autre ouvrage(1), l’histoire de ces associations des villes commerçantes. C’est en elles qu’il faut chercher l’origine commune de la Souveraineté des cités, et de l’importance politique des corps de métiers. Ceux-ci nommèrent des Consuls et souvent des Juges, donnèrent force de loi à leurs délibérations, s’affilièrent les artisans qui dépendaient d’eux, et formèrent enfin des compagnies de milices, obligées de marcher sous l’étendard du métier dominant. Avec une organisation si complète, dans un siècle où le Souverain perdait chaque jour de ses forces, ils virent bientôt croître les leurs. On verra dans l’ouvrage déjà cité, quel rôle les corps de métiers jouèrent dans les Républiques de l’Italie: quant aux villes de la France et de l’Angleterre, comme elles ne parvinrent jamais à l’indépendance, les corps d’arts et métiers ne purent y posséder que la partie de la Souveraineté qu’elles s’étaient arrogées; du moins, ils l’obtinrent sans partage. Dans un temps où les marchands donnaient des lois à leur patrie, il ne faut pas s’étonner qu’ils dictassent seuls celles du commerce. Presque tous les usages et les règlements municipaux du négoce, datent de cette époque, où les villes à peu près indépendantes étaient gouvernées par des commerçants. Lorsque le pouvoir Législatif passa des mains des bourgeois à celles des Parlements et à celles des Rois, ces derniers crurent ne pouvoir rien faire de plus sage, que de confirmer ce que des gens du métier avaient décidé sur leurs propres affaires, qu’ils paraissaient entendre seuls; et lorsqu’ils jugèrent à propos de faire à ces lois quelques corrections, ils se firent un devoir de consulter ces mêmes négociants, sur celles qu’ils crûrent convenables. C’est ainsi que dans cette lutte qui doit subsister sans cesse entre le consommateur et son pourvoyeur; le Gouvernement, loin de chercher à tenir la balance égale, s’est rangé constamment du côté du dernier, et l’a favorisé de toutes ses forces. En sorte que si le monopole ne pèse pas plus rudement encore sur tous les besoins de la nation, ce n’est point à la protection du Législateur qu’elle en doit rendre grâce, mais à la modération des négociants, qui n’ont pas demandé tout ce qu’ils auraient pu obtenir.

[Translation]

   When commerce began to revive in Europe around the thirteenth century, its earliest success excited jealousy of great feudal lords and all gentlemen, who seemed to see the opulence of some new men as the first omen of the power which would surely overthrow them some day. The great feudal lords, conspiring with one another against the merchants they despised and envied, watched for opportunities to denude them, but the blows which they believed would strike at the merchants fell upon them themselves. They multiplied tax-collections, reinforced tolls upon commodities passing across their estates, and did not notice that they or their subjects would later paid, as consumers, all of what they had levied upon commerce. However, as anarchy was constantly spreading out, all merchants had retired into towns, the only places where they were free from more direct tyrannies from the side of lords. In the case where the bond of society is almost dissolved, it is by some partial associations that citizens supplement the weakened energy of general association. I have in another work expounded(1) the history of these associations of commercial towns. It is in these associations that we must try to find the common origin of the sovereignty of towns and of the political importance of corpses of artisans. These nomi¬nated some consuls and often some judges, gave legal effect to their deliberations, affiliated the artisans who depended upon them, and, finally, formed companies of militias, obliged to march under the flag of dominant trades. With such a complete organisation, in a century when the monarch was less and less powerful, the corpses were soon more and more powerful. You will in the already cited work see what role the corpses played in the Republics of Italy. As for the towns of France and England, since they did not achieve independence, corpses of artisans and craftsmen could only possess that part of sovereignty which the towns had acquired, though the corpses obtained it as a whole. In a period when merchants gave laws to their fellow-countrymen, it must not be surprising that they should be the only ones to dictate laws of commerce. Almost all municipal uses and regulations of commerce date from that age when merchants governed almost independent towns. When the legislative power passed from the hands of bourgeois to those of parliaments and kings, the latter believed that there could be nothing wiser than to affirm that which men of trade had decided as to their own business, which they alone seemed to understand. Moreover, when they judged it proper to make amendments to these laws, they thought themselves obliged to consult these same merchants, as to what they believed proper. Thus, in that process of haggling which should continue incessantly between the consumer and his supplier, the government, far from trying to keep the balance equal, has constantly stood on the side of the supplier, and has favoured him by all means. As a consequence, if the monopoly has not yet fallen harshly upon the needs of the nation, it is not to the protection of the legislator that she should be grateful for that, but it is to the moderation of the merchants, who have not demanded all that they could have obtained.

Friday 5 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 145-146]

   Presque toute la législation actuelle du commerce n’est autre chose que la création de différents monopoles: presque tous sont le résultat des demandes des marchands: on n’en est pas encore venu à comprendre que lorsqu’il s’agit ou de les maintenir, ou d’en établir de nouveaux, c’est l’avis des consommateurs qu’il faut demander, bien plutôt que celui des négociants, et qu’avant de porter une loi inégale, on doit, si l’on veut être juste, songe à obtenir l’assentiment de ceux qui y perdent, et non pas celui de ceux qui y gagnent.

[Translation]

   Almost every act of the present legislation of commerce is only creation of one or another monopoly; almost every monopoly is a result of demands from merchants. There is no general recognition yet that, when it comes to maintenance of them or establishment of new ones, it is mandatory to consult the opinion of consumers, rather than that of merchants, and that, before establishing an unequal law, we should, if we wants to be just, ask consent from those who lose due to it, not that of those who gain.

Thursday 4 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 144-145]

   Mais l’on ne doit point s’attendre que les commerçants répondent toujours d’une manière si noble et si désintéressée; quoique l’intérêt d’une nation commerçante veuille bien qu’on les laisse libres, l’intérêt particulier de chacun d’eux demanderait souvent que l’on chargeât d’entraves, tant ceux qui peuvent leur faire concurrence, que ceux avec qui ils ont à traiter. Le monopole, qui est la ruine d’une nation, est une source d’opulence pour celui à qui on l’accorde. Demander à un monopoleur s’il convient d’augmenter ses privilèges, ce serait demander à un traitant s’il juge à propos d’augmenter les bénéfices de la ferme. Il ne faut pas attendre de l’homme qu’il préfère toujours les intérêts du public aux siens propres; et quand il serait assez honnête pour vouloir constamment le faire, pour peu que la question qu’on lui proposerait, pût admettre de doute, il serait difficile que son jugement ne fût pas aveuglé par la contrariété de ces deux intérêts.

[Translation]

   But we must not expect that merchants always made such a noble and disinterested answer. Although the interest of a commercial nation required them to be left free, the particular interest of each of them would often demand that restrictions should be put upon those who can be in competition with them as well as those with whom they have to haggle. Monopoly, which is the ruin of a nation, is a source of opulence for those to whom it is accorded. You might as well ask a monopolist whether it is proper to multiply his privileges as ask a tax-collector whether he thinks it proper to raise margins of tax-collection. You must not expect that he always prefer the public interests to his own interests, and, if he were to be honest enough to want constantly to do so in the face of such a question as can admit of little doubt, it would be difficult for his judgement not to be distracted by the conflict between these two interests.

Wednesday 3 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 144]

   Cette noble réponse fait le plus grand honneur aux négociants qui la prononcèrent; la liberté qu’ils réclamaient pour le commerce, est en effet le plus grand bienfait que le Gouvernement puisse accorder à une nation entière. De tous les obstacles qui arrêtent le déploiement de l’industrie chez les Peuples de l’Europe moderne, ceux qui leur causent le plus de dommage sont nés de la manie de presque tous les Législateurs, de vouloir diriger le commerce qui n’est point du ressort des lois, et tenir en leur main la balance de ces intérêts particuliers, qui, lorsqu’ils sont libres, tendent sans effort au bien général.

[Translation]

   This noble answer does the greatest honour to the merchants who made this assertion. The freedom for which they claimed on behalf of commerce is indeed the greatest benefit that the government can give to a whole nation. Of all the obstacles to the development of industry among the nations of modern Europe, those which do them the most harm stem from the mania of almost all legislators, for control over the commerce which has nothing to do with laws, and over the balance of these particular interests, which, left free, serve the general good without effort.

Tuesday 2 March 2010

Book 3, chapter 1, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 143-144]

L’on assure qu’un membre distingué du Ministère Britannique, voulant raffermir sa popularité, en s’assurant l’appui du commerce, s’adressa aux négociants d’une grande ville, pour les engager à lui demander ce qu’ils croiraient le plus propre à favoriser leurs intérêts. S’il est une grâce, répondirent-ils, qui puisse signaler votre administration, encourager le commerce, et faire le bien de la nation entière, c’est celle de nous oublier; aucune faveur spéciale que les lois puissent nous accorder, ne vaudra pour nous la liberté que nous laissera leur silence.

[Translation]

It is generally reputed that, for the purpose of having more popularity, a distinguished member of the British administration guaranteed support of commerce, and told merchants in a large town to demand from it what they believed was the best for promotion of their interests. “If there is an act of grace,” they answered, “that can distinguish our administration, encourage commerce, and do good to the whole nation, it is to leave us alone; no special favour that laws can accord us will be of more value to us than the freedom into which their silence will set us.”

Monday 1 March 2010

Book 2, chapter 9, footnote 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 140-141]

(7) Outre des statuts particuliers, en faveur de diverses manufactures, le st. 2 et 3. Edw. VI. c. 15. condamne l’ouvrier qui se ligue avec ses confrères pour élever son salaire, à l’amende et à la prison, et pour la troisième récidive à la perte d’une oreille. Un grand nombre de statuts plus modernes punissent sévèrement par la prison et de fortes amendes, ceux qui engagent les artisans à passer en pays étranger, et les capitaines de vaisseaux qui les transportent. Comme les salaires sont plus élevés en Angleterre que dans tout le Continent Européen, ces lois n’ont point aujourd’hui l’effet d’empêcher une population surabondante d’aller chercher de l’ouvrage là où il est le mieux payé, aussi les auteurs des statuts 5. Geo I c. 27. 23. Geo. II. c. 13. 25. Geo. III. c. 67. etc. avaient-ils moins en vue d’empêcher l’augmentation des salaires, que de conserver à l’Angleterre la possession exclusive des secrets de ses manufactures. Mais il est presque impossible d’empêcher par des lois l’émigration de gens sans propriété, elles ne sauraient ni les arrêter, ni les atteindre, elles devraient donc être supprimées comme inutiles, si elles ne le sont pas comme contraires aux libertés Britanniques.

[Translation]

(7) In addition to particular statutes in favour of diverse manufactures, the statute 2 and 3, Edward IV, c. 15 condemn the labourer who combines himself with his colleagues to raise his wage, to fine and imprisonment, and the repeat offender to loss of an ear. A large number of more recent statutes severely punish those who engage artisans to pass abroad and captains of vessels who carry them, by imprisonment and heavy fine. Since wages are higher in England than in any country on the European Continent, these laws have no effect today to check the superabundant population to go seeking some employment which pays him well, and, moreover, the writers of the statutes 5, George I, c. 27, 23, George II, c. 13, 25, George III, c. 67, etc., keep in view a check to the increase of wages less than the maintenance by England of exclusive possession of secrets of her manufactures. But it is almost impossible to check the emigration of men without property by laws; the laws could not stop or prepare them, and, therefore, would surely be abandoned as useless even if not so contrary to the British freedom.