Friday 16 October 2009

Book 2, chapter 4, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 10-12]

   Un impôt sur le blé le ferait certainement renchérir, parce que les terres à blé pouvant tout aussi bien être destinées à la production de l’orge, de l’avoine, ou à d’autres cultures, il serait beaucoup plus facile aux producteurs de diminuer leur blé, qu’aux consommateurs de diminuer leurs besoins. La dîme qui se prélevait sur toutes les plantes céréales, et non sur les fourrages, ne paraissait pas en général renchérir les grains, quoiqu’elle eût pu déterminer à convertir les champs en prairies; mais cette exception tenait à l’état vicieux de notre agriculture; plus celle-ci se serait perfectionnée, et plus la dîme aurait eu d’influence sur le prix du grain. En effet lorsque l’agriculture est mal entendue, que beaucoup de terres restent en friche, et que les pâturages naturels sont nombreux, on ne retire point des prairies, un profit proportionné à celui que l’on peut retirer des champs; en sorte que l’agriculteur qui, pour éviter la dîme, aurait converti ses champs en prairies, eût perdu par là le principal avantage de sa propriété. Mais à mesure que l’agriculture s’est perfectionnée, le besoin de bétail et d’engrais s’est accru, et avec lui l’avantage des prairies: celles-ci se trouvant de plus être affranchies de la dîme, on leur aurait à la fin consacré tant de terrés, qu’il n’en serait pas resté pour le blé, et que pour engager les fermiers à en produire, les consommateurs se seraient vus obligés d’augmenter leur prix. J’ai lieu de croire qu’une des causes qui ont le plus contribué à exclure la culture du blé des petits Cantons Suisses; c’est que dans plusieurs d’entr’eux on payait des dîmes, ce qui élevait le prix intrinsèque des grains, au-dessus du prix relatif, que leur donnait le commerce. Elles se lèvent encore dans le Canton d’Ury, mais comme on n’y récolte aucune plante céréale, il n’y a absolument que les pommiers, les poiriers, et les noyers, qui y soient assujettis.

[Translation]

   A tax upon wheat would certainly make it expensive, because, as fields of wheat can be destined for the production of barley, oats, or other grain as well, it would be much easier for producers to diminish their wheat, than it would be for consumers to diminish their needs for it. Tithes levied upon all sorts of grain, but not fodder, did not seem in general to raise grain in price, though it could lead to conversion of fields into meadows. But that exception to this stemmed from the poor state of our agriculture; if it had been more improved, tithes would have had more influence upon the price of grain. Indeed, if agriculture is unfamiliar, many fields remain in the wilderness and natural pastures are abundant, then people do not gain a profit from meadows in proportion to that which they can gain from fields. Consequently, the husbandman, if he had converted his fields into meadows in order to avoid tithes, would have lost the principal advantage of his property due to the tithe. But, as agriculture was being improved, there were more needs for livestock and manure, and with them more advantage in meadows. If meadows had happened, in addition, to be relieved of tithes, so many fields would in the end been converted to meadows, that no field would have remained for wheat, and that, in order to make farmers produce wheat, consumers would have found themselves forced to bid up the price of wheat. I have a good reason to believe that one of the causes which contributed the most largely to exclusion of the cultivation of wheat from small cantons of Switzerland, is that in some of them people paid tithes, which raised the intrinsic price of grain above the relative price regulated by the commerce. Tithes are levied in the canton of Uri, but, since the people in the canton have no harvest of grain, there is nothing but apples, pears, and walnuts, upon which they are levied upon.