Tuesday 28 September 2010

Book 3, chapter 6, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 317-318]

   Le seul but raisonnable que l’on puisse supposer à un Gouvernement, pour fonder une Compagnie, est celui d’attirer la nation à un commerce qu’elle aurait négligé sans cela. Or celui qu’on fait avec des nations barbares, demande une avance de capitaux, pour former au milieu d’elles des établissements susceptibles de défense, sans lesquels les facteurs et les agents du commerce seraient sans cesse exposés à demeurer victimes des révolutions des peuplades féroces au milieu desquelles ils pourraient se trouver. Les forts, les garnisons, et tous les postes militaires établis dans des pays éloignés pour y protéger le commerce national, devraient sans doute toujours relever du Pouvoir Exécutif, et être maintenus par lui; mais l’on comprend que celui-ci a pu préférer de laisser au commerce, au profit duquel ils étaient destinés, le soin de faire les premiers frais de leur établissement. Sous ce point de vue un privilège exclusif accordé pour un temps limité, à une Compagnie qui entreprend un commerce de ce genre, peut se défendre en politique; encore qu’il en résultât pendant sa durée le renchérissement des denrées que la nation tirerait de ce commerce; c’est un sacrifice une fois fait, pour obtenir par la suite un avantage; mais cet avantage ne commencerait pour la nation, que du moment où le commerce serait rendu libre, et où la Compagnie arrivée au terme de son privilège, remettrait entre les mains du Pouvoir Exécutif ses forts et ses factories. Le commerce à la Baie d’Hudson, par exemple, avait peut-être besoin pour s’établir, de Compagnies exclusives.

[Translation]

    The only reasonable aim that the government can be supposed to have in establishing a company is to direct the nation to a trade which would otherwise have been neglected. To trade with barbarous nations requires an advance of capitals to institute defence facilities among them. Without such facilities, merchants and commercial agents would be incessantly exposed to the risk of falling victim to disturbances of fierce tribes surrounding them. Forts, garrisons, and all other military stations established in faraway countries for protection of their commercial activities there, should no doubt always belong to, and be maintained by, their executive power. As is well known, however, the government may have preferred to impose the initial costs for the facilities on the trade on whose behalf they were intended. From this point of view, the conferment of an exclusive privilege, for a limited space of time, upon a company which undertakes this kind of trade, can be supported in politics, even though the commodities dealt with by this company for the nation may rise in price during that time. This is a once-and-for-all sacrifice for a later advantage. However, this advantage would not be open to the nation until trade is free and the company returns the forts and factories to the hands of the executive power at the time of expiration of its privilege. To establish a trade at Hudson Bay, for example, required exclusive companies.