Tuesday 23 June 2009

Book 1, chapter 8, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 232-36]

   L’avantagé que l’entrepreneur d’une fabrique trouve au travail qu’il dirige, est ce que nous avons déjà désigné sous le nom de profit mercantile; il fait partie du prix de la chose produite; mais l’avantage qui résulte pour la nation d’un travail fructueux est égal à la totalité du prix de la chose produite, car ce prix se divise tout entier en salaire nécessaire, salaire superflu, profit, et rente; il remplace le capital qui doit animer l’industrie, et paye leur revenu à toutes les classes de la société. On comprend d’après cela que deux capitaux dont l’un circuleroit [circulerait] lentement, et l’autre rapidement, pourroient [pourraient] donner le même profit à leurs propriétaires, mais qu’il est impossible qu’ils donnent le même revenu à la société. Supposons en effet deux fabrican[t]s de toiles établis dans la même ville, qui tous les deux possèdent un capital de cent mille fr. et l’emploient tous les deux en entier à leur commerce. L’un des deux vend ses toiles en Amérique, avec un bénéfice de vingt-cinq pour cent, mais soit à cause de l’éloignement, ou à cause du besoin de capital en Amérique, il ne peut être payé et recommencer l’ouvrage qu’au bout de deux ans. Il sait que c’est une conséquence d’un pareil commerce, et pour n’avoir jamais besoin de fermer son atelier en attendant des remises, il ne consacre que 50,000 francs chaque année à produire, et son profit annuel est de 12,500 francs. Son confrère au contraire vend à sa porte les toiles qu’il fabrique, et dont la consommation se fait toute dans l’intérieur: il ne gagne à la vérité que deux et demi pour cent dessus, mais il est payé comptant, et avant trois mois la circulation de son capital s’est opérée, en sorte qu’il a pu recommencer l’ouvrage, et que dans l’année il a fabriqué pour 400,000 fr. de toiles, et obtenu un profit de 10,000 fr. Quoique l’un des deux prenne sur la même marchandise un bénéfice dix fois plus fort que l’autre, ces deux commerces paroîtront [paraîtront] également avantageux aux négocions qui s’y livrent, parce que leurs profits ne seront entr’eux que comme cinq est à quatre, et que cette différence ne sera considérée que comme une juste compensation de l’inquiétude que cause toujours l’éloignement du marché. Mais pour la nation, il y aura bien une autre différence entre ces deux commerces; car l’intérieur lui procurera pour 400,000 fr. de productions, et l’extérieur seulement pour 50,000. Dans ce cas-ci cependant, comme dans tous les autres, lorsque le commerce est libre, l’intérêt du particulier est le même que l’intérêt général; il ne conviendroit [conviendrait] pas à la nation, pour avoir un produit beaucoup plus grand, de renoncer à tous les commerces où le capital circule lentement; l’agriculture elle-même se trouveroit [trouverait] comprise dans cette proscription, quelque nécessaire qu’elle soit à la prospérité publique. Les bénéfices que procure chaque branche d’industrie, se proportionnent naturellement au besoin qu’en a le peuple, et pour que le capitaliste reste attaché à celles où la circulation est plus lente, le consommateur qui a besoin de lui, consent à lui céder de plus grands profits. Mais il faut seulement en conclure, que c’étoit [était] une politique bien fausse que celle qui altéroit [altérait] cet équilibré naturel en accordant au commerce extérieur dont les retours sont fort lents, des faveurs plus importantes qu’au commerce intérieur, celui de tous qui avec le même capital, donne à la nation le plus grand revenu.

[Translation]

   The advantage the entrepreneur of a mill finds in the business he manages is what we have already called in the name of mercantile profit. It comprises a part of the price of produced things, but the advantage which results from fruitful labour for the nation is equal to the whole price of produced things, because this whole price is divided into necessary wage, surplus wage, profit and rent. It replaces the capital which should animate industry, and raises these sorts of revenue to all the classes of society. From this it follows that two capitals, if one of them circulated slowly and the other rapidly, could procure the same profit for their owners, but that it is impossible that they procure the same revenue to the society. Let us suppose that two linen mills are established in the same city, each of which possesses a capital of 100,000 francs and employs the whole capital for his trade. One of the two sells his drapery to America with a profit of 25%, but he cannot be paid either for the distance or for lack of capital in America and cannot restart his operation until two years have passed. He knows that this is a result of such a trade, and only appropriates 50,000 francs for production a year, lest he should have to close his mill while waiting for delivery, and his annual profit is of 12,500 francs. On the contrary, the other person in the same trade sells linen drapery of his manufacturing in a nearer market, which is entirely for domestic consumption. It is true that he gains only 2.5% profits, but he is paid in cash, and the circulation of his capital has been competed in three months, so that he has got ready to restart the operation, and that he has manufactured cloth of 400,000 francs in the year, and has obtained a profit of 10,000 francs. Though the one of the two takes ten times as much benefit upon the same trade as the other, these two sorts of trade will appear equally advantageous to the merchants engaged in it, because their profits will be little different (the ratio is five to four), and because this difference is only considered as a just compensation for troubles caused by the distance of the market. But for the nation there will in fact be another difference between these two sorts of trade. For the inland trade will procure the produce of 400,000 francs for the nation, and the foreign trade will only 50,000 francs. In this case, as well as in any other case, where trade is left free, however, the interest of an individual is the same as the general interest. In order that the nation may produce much more, it would not be convenient to abandon all sorts of trade where the capital circulates slowly. Agriculture itself would seem to be included in this banishment, however necessary it may be to the public prosperity. Benefits procured by each branch of industry are naturally in proportion to the need the nation has for it, and, if capitalists remain attached to those where the circulation is slow, consumers who need them agree to yield larger profits to them. But you have only to conclude from this that a policy was utterly wrong if it distorted this natural equilibrium by bestowing more significant favour to foreign trade upon which returns are very slow, than to inland trade, which deals in anything that, with the same capital, raises the largest revenue to the nation.