Saturday 30 January 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 111-113]

   Les profits légitimés du commerce contribuent puissamment à enrichir une nation, puisqu’ils forment une des trois grandes sources de son revenu; ils ne forment cependant que l’une des trois, et de plus, ce n’est pas proportionnellement à son revenu qu’une nation s’enrichit, mais proportionnellement aux épargnes qu’elle fait sur lui. Tel homme avec vingt mille francs de rente ne s’enrichira point, s’il les dépense chaque année; tel autre dont le revenu est de moitié moindre, s’il met chaque année cinq mille francs en réserve, s’enrichira rapidement. Une nation fait de même des progrès plus ou moins accélérés vers l’opulence selon que son revenu se trouve placé entre les mains de gens plus ou moins disposés à l’économie: or la facilité à dépenser son biens est toujours proportionnée à la facilité qu’on a trouvée à le gagner; aussi, quoique les négociants, comme je l’ai remarqué dans un autre ouvrage, forment de toutes les classes de la société, celle qui économise le plus sur ses revenus, parce que c’est celle qui les regarde le plus comme incertains; d’autre part, ils économisent d’autant plus, leur vie est d’autant plus frugale, et leur maison d’autant plus modeste, que leurs profits sont moindres proportionnellement au capital qu’ils emploient. Lors donc que l’on augmente la proportion de ces profits, l’on corrompt la simplicité de ceux qui les font, l’on encourage leur dissipation, et l’on diminue l’espoir que la nation pouvait fonder sur l’accumulation de leurs richesses. C’est pour n’avoir point considéré le profit mercantile sous tous ses rapports, que la plupart des Gouvernements Européens en voulant l’accroître l’ont dénaturé, et n’en ont fait qu’une extorsion dirigée contre les consommateurs.

[Translation]

   Legitimate profits of commerce contribute largely to the wealth of a nation, because they form one of three great sources of her revenue. They form, however, only one of the three, and, moreover, a nation grows richer, not in proportion to her revenue, but to the savings she makes upon it. Such a man as has 20,000 francs of rent will not grow richer if he uses them up every year; such a man as has half as much revenue will grow richer rapidly if he makes a saving of 5,000 francs. In like manner, a nation makes more or less accelerated progress toward opulence according to more or less parsimony of the men under whose hand her revenue comes. And yet the ease with which she expends her wealth is always in proportion to the ease with which she gains it, even though merchants, as I have noted in another work, form that class who economise the most upon its revenue of all classes of society, because they regard their revenue as the most uncertain. On the other hand, they make all the more economy, their life is all the more frugal, and their house is all the more moderate if their profits are smaller in proportion to the capital employed by them. Therefore, a rise in the rate of these profits will destroy the frugality of those who gain them, encourage their extravagance, and diminish the hope the nation was able to found upon the accumulation of their wealth. Almost all the European governments have marred the mercantile profit, intending to increase it, and have only made a sort of extortion directed to consumers, because they have not considered the mercantile profit from every viewpoint.