Sunday 28 February 2010

Book 2, chapter 9, footnote 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 136]

(6) Arthur Young regarde les droits établis en Angleterre sur l’exportation des laines et des cuirs crus, droits qui équivalent à une prohibition, comme répondant à une taxe de 2 s. par livre sur le revenu des terres. Arithmét. Pol. Ch. II. trad. de Freville. p. 26.

[Translation]

(6) Arthur Young regards the taxes established in England upon the exportation of wool and rawhide, taxes which are no less than prohibitions, as comparable to a tax of 2 shilling a pound upon the revenue from land. Political Arithmetic, chap 2, translated by Freville, p. 26.

Saturday 27 February 2010

Book 2, chapter 9, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 134]

(5) Le statut 8. Eliz. ch. 3. condamne ceux qui transportent au delà des mers des bêtes à laine vivantes, ou qui les embarquent sur un vaisseau, à la confiscation de leurs biens, à un an de prison, et à avoir au sortir de la prison leur main gauche coupée dans un marché public, et clouée sur la place. La récidive est considérée comme félonie. Voyez aussi Blackstone Comm. on the laws of Eng. B. IV. Ch. XII. Ces statuts ont été étendus à l’exportation de la laine et de la terre à foulon par d’autres subséquents, comme 12. Ch. 11. c. 32. 7 et 8. Will. III. c. 28. 4 Geo. I. c. 11. 12 Geo, II. c. 21. et 19. Geo, II. c. 34.

[Translation]

(5) The statute 8, Elizabeth ch. 3, condemns those who transport living sheep abroad, or who load them aboard, to have their means confiscated, to be kept in prison for one year, and to have their left hand cut in a public market on the release and exposed to public view there. A repeat offence is considered as felony. See also Blackstone’s Commentaries on the Laws of England, book 4, chapter 12. These rules have been extended to exportation of wool and fuller’s earth by subsequent legislation, such as 12, Charles II., c. 32: 7 and 8, William III., c. 28: 4 George I., c. 11: 12, George II., c. 21: 19, George II., c. 34.

Friday 26 February 2010

Book 2, chapter 9, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 133]

(4) Tandis que la prime tendait à abaisser la valeur du chanvre national, un droit d’entrée de L. 3. 13 s. 4 d. sterling, élevait celle du chanvre de Russie. L’importation du lin de Russie n’est chargée d’aucun droit.

[Translation]

(4) While bounty tended to lower the value of homemade linen, a customs duty upon entry of 3l. 13s. 4d. sterling raised that of hemp from Russia. Importation of linen from Russia is not charged with any customs duty.

Thursday 25 February 2010

Book 2, chapter 9, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 126]

(3) L’assise du pain date dans la Législation Anglaise, tout au moins du règne d’Henri III. Voyez an. 51. Hen. III. st. 6. Le même sujet a été depuis fréquemment soumis aux délibérations du Parlement. Voyez entr’autres st. 31. Geo. II. c. 29. st. 3. Geo. III. c. 11. et 13 Geo. III. c. 62, cependant cette assise du pain n’est qu’une vaine formalité.

[Translation]

(3) The assize of bread dates back to the English legislation, at the latest, of the reign of Henry III. See 51, Henry III, cap 6. The same subject has ever since been frequently under the deliberations of the Parliament. See, above all, 31, George II, cap 29: 3, George III, cap 11: 13, George III, cap 62. However, this assize of bread is only an ineffectual formality.

Wednesday 24 February 2010

Book 2, chapter 9, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 124-125]

(2) Bien des gens ne se font point encore une idée précise du tripot par lequel le Gouvernement se procurait de l’argent, au moyen des assignats. C’était cependant une opération aussi simple que ruineuse et immorale; il vendait aux étrangers des assignats contre argent. Les assignats n’avaient d’autre valeur dans l’étranger que celle qu’ils dérivaient de leur valeur en France, aussi y perdaient-ils toujours plus que dans l’intérieur des frontières de la République. Les négociants qui les avaien achetés n’avaient donc plus grande hâte que de les renvoyer en France, afin de les y échanger contre quelque chose dont la valeur fût plus réelle. Le Gouvernement, pour les déterminer à les acheter, les leur avait cédés à assez bas prix, pour qu’ils pussent sans perte payer avec ce dans l’intérieur de la France, soit l’argent, soit les marchandises, beaucoup plus cher qu’aucun Français: tous les assignats qui étaient vendus au dehors devaient donc être immédiatement renvoyés en France, pour y être convertis, soit en argent, soit en marchandises qu’on exportait aussitôt. Plus leur sortie était vendue difficile, et plus il fallait que le Gouvernement perdit sur son papier s’il voulait le vendre aux étrangers, pour leur donner les moyens de payer une contrebande plus coûteuse. C’était toujours le Gouvernement qui donnait le signal de la baisse des assignats dont il accusait les agioteurs, on pouvait les acheter de lui à meilleur marché que d’aucun autre: c’était lui qui vendait aux étrangers, soit le numéraire, soit les marchandises en circulation dans la République en en vendant le signe: et comme il vendait une chose qui n’était point à lui, il ne redoutait pas de faire dessus un rabais assez considérable, pour que les marchands eussent un grand avantage à traiter avec lui, encore qu’il les obligeât à payer très chèrement la contrebande qu’il les forçait à faire. De toutes les manières de se procurer la disposition du capital national, cet infâme agiotage sur le papier-monnaie était la plus ruineuse pour la nation, mais aussi la plus expéditive pour le Gouvernement.

[Translation]

(2) Few have formed a precise idea of the fraud by which the government made much money: that is, by means of assignats. This operation was, however, as simple as ruinous and immoral. The government sold assignats for specie to foreigners. Assignats had no other value abroad than what value they derived from their value in France, and, therefore, always depreciated more abroad than inside the borders of the Republic. The merchants who had bought assignats returned them the most promptly to France to exchange them for some things whose value was more real. To determine them to buy assignats, the government had given them assignats so cheap, that they could pay much more with this sort of paper for specie or commodities in France, without loss, than French merchants. All the assignats which were sold abroad were thus supposed to be returned to France, to be converted here to specie or commodities that we exported soon. The more difficult their efflux was made, the more loss the government was bound to sustain upon its issued paper as long as it sought to sell it to foreigners, to give them the means to pay for more costly smuggled goods. It was always the government that gave a chance to the fall of assignats of which it accused speculators, for they could be bought from the government at a lower price than from any other. It is the government that sold either specie or commodities in circulation in the Republic to foreigners, by selling signs of them. Moreover, since the government sold a thing which was not in its possession, it did not fear to give a discount enough for merchants to have a large advantage in dealings with it, though it obliged them to pay much for the goods that it forced them to smuggle. Of all means to put the national capital at the government’s disposal, this infamous speculation upon paper money was the most ruinous for the nation, but also the easiest for the government.

Tuesday 23 February 2010

Book 2, chapter 9, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 123]

(1) Depuis le 29 Septembre 1793, époque du décret di la Convention qui fixa le maximum du prix des dentées, au 4 Nivôse an III, que fut rendu le décret relatif à la suppression de toutes les lois portant fixation d’un maximum sur les denrées et marchandises.

[Translation]

(1) Since 29 September 1793, when was proclaimed the decree of the National Convention which fixed the maximum of the price of provisions, until 4 Nivôse in the year III, when the decree regarding the abolishment of all the laws ordering the maximum of provisions and commodities.

Monday 22 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 141-142]

   Après avoir parcouru dans ce livre toutes les causes qui peuvent influer sur la détermination des prix, nous le terminerons en répétant que dans tous les cas le Législateur peut être dirigé à leur égard par cette maxime générale, c’est que l’intérêt bien entendu du consommateur est le même que celui de la nation, et que le prix relatif du commerce libre est celui qui convient le mieux à toutes les classes de citoyens.

[Translation]

   After having in this book cast an eye over all the causes which may affect the determination of the price, we shall conclude this book by repeating that in all the cases the legislator can be dictated in their respect by this general maxim: that is to say, that the interests well understood of the consumer are the same as those of the nation, and that the relative price of the free trade is the most convenient for all the classes of citizens.

Sunday 21 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 139-141]

   Une dernière manière de diminuer le prix des marchandises, c’est de donner au marchand un monopole contre l’ouvrier productif [(1)] qui l’emploie, en protégeant toutes les combinaisons des marchands pour faire baisser les salaires, et en sévissant rigoureusement contre toutes celles des ouvriers pour les augmenter, c’est-à-dire, en sacrifiant la classe pauvre, industrieuse et utile, à l’avantage de quelques capitalistes, et en faisant à ceux-ci un revenu de ce qui devait être le salaire superflu de ceux-là. Plusieurs des lois Anglaises sur les manufactures ont été dictées par cette politique cruelle autant que fausse(7). J’ose me flatter qu’elles ne seront jamais adoptées en France; les sentiments d’humanité que manifeste le Gouvernement, son désir souvent exprimé d’accroitre l’aisance et la liberté des artisans, ne lui permettront jamais de prêter l’oreille aux suggestions de l’avarice et de la dureté. Je croirais lui faire injure en développant la tendance ruineuse d’une législation trop barbare pour qu’il hésite à la rejeter.

[Translation]

   The last way to lower the price of commodities is by giving the merchant a monopoly against the productive labourer employed by hiim, by protecting all combinations of merchants in order to lower wages and by being extremely rigorous against all combinations of labourers to increase wages: that is to say, by sacrificing the poor, industrious and useful class to the advantage of some capitalists, and by turning what should be the surplus wages for the former into revenue for the latter. Several laws of England regarding manufactures have been dictated by this cruel and erroneous intention(7). I dare to flatter myself that such laws will never be adopted in France. The sentiments of humanity manifested by the government, its desire often expressed to multiply comfort and freedom of artisans, will never permit it to lend an ear to suggestions of avarice and relentlessness. I would believe that it does it an injustice to develop the ruinous tendency of a legislation which is too barbaric for the government to hesitate to reject.

[Translator's note]

I suspect that this should be read for "qu'il emploie."

Saturday 20 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 15

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 138-139]

   Toute innovation dans les lois sur la sortie des peaux de chèvre, qui tendrait à redoubler le monopole des marchands mégisser contre les fermiers et propriétaires de chèvres, aurait l’effet de faire baisser le prix de ces peaux, et par conséquent ferait perdre aux propriétaires des hautes montagnes une partie du revenu qu’ils tirent de leurs broussailles: on sacrifierait donc le propriétaire pauvre et industrieux d’un sol ingrat, à l’intérêt de quelques marchands. Il est cependant encore fort douteux qu’un si dur sacrifice suffit pour faire prospérer la nouvelle manufacture qu’on voudrai établir; du moins est-il sûr que celle-ci ne profiterait pas de toute la perte que ferait la nation; car la baisse du prix de ces peaux rendrait plus avantageuse la contrebande, et compenserait les nouvelles difficultés qu’elle présenterait, en sorte que le propriétaire serait appauvri, bien plus pour enrichir le contrebandier, que pour enrichir le commerçant, et que le but du Législateur serait complètement manqué.

[Translation]

   The whole reform of the laws regarding exportation of gout rawhides, which would tend to reinforce the monopoly of merchant tanners against farmers and owners of gouts, would have the effect to lower the price of these rawhides, and would consequently make landlords of pastures on high places to lose a part of the revenue they gain from their bushes. The poor and industrious proprietor of an unproductive soil would, therefore, be sacrificed in the interest of some merchants. However, it is still quite doubtful whether such a harsh sacrifice is sufficient to give prosperity to the new manufacture that you would like to establish. Nonetheless, it is sure that the new manufacture would not gain so much as the loss sustained by the nation. The reason is that the fall of these rawhides in price would make smuggling more advantageous, and would compensate new difficulties that it would present, so that the landlord would be impoverished, to enrich smugglers than merchants, and that the aim of the legislator would be completely missed.

Friday 19 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 136-138]

   Un exemple servira à rendre cette vérité plus palpable encore. On a remarqué que les peaux des chèvres qui vivent dans les Hautes-Alpes, et surtout dans les Départements du Mont-Blanc et du Léman, sont plus propres que d’autres aux travaux du mégisser et du faiseur de maroquins. L’Anglais chez qui cette branche d’industrie fleurit aujourd’hui, tire de là toutes les peaux qu’il emploie pour les portefeuilles, et d’autres ouvrages délicats de ce genre. Un Français qu’aveuglait son zèle, a désiré rendre à sa patrie cette branche de manufactures, et il a fait déjà quelques démarches auprès du Gouvernement pour l’engager à empêcher la sortie de ces peaux de chèvre par un redoublement de vigilance, et forcer ainsi le propriétaire Français, qui n’aurait plus d’autres chalands, à vendre ces peaux au fabricant Français à plus bas prix qu’il ne fait aujourd’hui. Celui-ci privé de capitaux, et n’ayant qu’une industrie languissante, ne peut, si les matières premières ne baissent de prix, les manufacturer encore qu’elles soient à sa portée, au même prix que les Anglais. La différence est même bien considérable, car les fabricants Anglais qui vendent à Paris des maroquins supérieurs pour la qualité, ou inférieurs pour le prix, aux maroquins Français, ont à payer de plus qu’eux, le port des peaux de chèvre de France en Angleterre, l’assurance du contrebandier pour les sortir en fraude, le port des maroquins d’Angleterre en France, et l’assurance des contrebandiers pour les y introduire. Dans l’état actuel de notre industrie, la fabrique des maroquins serait donc une manufacture perdante, puisque si le commerce était libre, le prix intrinsèque de ceux fabriqués en France serait supérieur de cinquante pour cent à leur prix relatif. Lorsque le commerce est soumis au monopole, ce n’est plus le fabricant, mais le consommateur d’une part, le fermier de l’autre, qui perdent ces cinquante pour cent. Dans l’un et l’autre cas c’est toujours la nation. On ne peut donc sans extrême imprudence encourager une manufacture qui, loin de donner un revenu, ne peut être soutenue qu’aux dépens des revenus que produisent les autres travaux nationaux.

[Translation]

   An example will help to make this truth still more understandable. It has been noted that rawhides of goats living in Hautes-Alpes and, above all, in the department of Mont-Blanc and Leman are the most suitable to the labour of the tanner and the manufacturer of morocco leather. Tanners and manufacturers of morocco leather in England, where this branch of industry flourishes today, import from there all rawhides of which they make wallets and other refined work of this sort. A Frenchman, blinded by his ardour, desired to introduce this branch of manufactures to his country, and already made some petitions to the government for prohibiting these rawhides of goats from being exported by reinforcement of vigilance, and thus for forcing the French landlord, who no longer had any other customer, to sell these rawhides to the manufacturer in France at a lower price than he does today. The manufacturer, deprived of capitals and having only inactive industry, cannot, if raw materials do not fall in price, manufacture them at the same price as the English manufacturer, though they are within his reach. The difference is even extremely wide, because manufacturers in England who sell to Paris some morocco leather higher in quality, or lower in price, than French morocco leather, have to pay the more than those in France due to the carriage of gout rawhides from France to England, the guarantee of smugglers for their illegal exportation from our country, the carriage of morocco leather, the guarantee of smugglers for its importation to our country. In the present state of our industry, the manufactory of morocco leather would, therefore, be at a loss, because, if trade is free, the intrinsic price of those manufactured in France would be 50 per cent higher than their relative price. When trade is subject to a monopoly, it is no longer the manufacturer but the consumer on the one hand and the farmer on the other hand that sustain this 50 per cent. In both cases, it is the nation. Therefore, we cannot without extreme imprudence encourage a branch of manufacture which, far from affording revenue, can be only supported at the expense of the revenue which the rest of the national labour produces.

Thursday 18 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 13

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 136]

   [(1)]Qu’on ne cite donc point l’exemple de l’Angleterre pour écraser notre industrie par de nouveaux monopoles, qu’on ne prive point l’agriculteur et le propriétaire d’une partie du revenu qu’ils tirent de la production des matières premières; on ferait le double mal d’ôter aux uns pour donner aux autres, et de détourner le capital national d’un canal où il est vraiment profitable, pour le porter dans un autre où le profit qu’il procure est une perte pour une autre classe de la nation(6).

[Translation]

   Do not, therefore, refer to the example of England to burden down our industry with new monopolies, and do not deprive the husbandman and the landlord of part of the revenue reaped from production of raw materials. You would do the double evil: to take something from some people to give it to others, and to direct the national capital from a canal where it is truly profitable to another canal where the profit which it procures is a loss for another class of the nation(6).

[Translator's note]

What is this "que"?

Wednesday 17 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 133-136]

   Les Anglais ont sévèrement défendu la sortie de toutes les matières premières, tandis qu’ils ont permis leur entrée franche de tous droits. La laine est la marchandise contre laquelle ils ont le plus redoublé de sévérité, aussi les marchands qui sont toujours en moindre nombre que les producteurs, et à qui il convient beaucoup plus de s’entendre que d’enchérir les uns sur les autres, ont-ils profité avec tant d’âpreté du monopole que la loi leur accordait, qu’ils ont fait considérablement baisser le prix des laines; en sorte qu’elles sont beaucoup meilleur marché en Angleterre que dans aucun pays environnant, et que malgré les peines sévères et souvent atroces(5) dont sont menacés les exportateurs, malgré toute la vigilance de la police, qui doit renchérir très fort les assurances, il s’en faisait chaque année une contrebande très considérable. L’avilissement du prix des laines n’avait pas jusqu’à ces dernières années dégoûté d’élever des moutons, parce que le fermier vendait la viande au boucher d’autant plus cher qu’il perdait plus sur la toison. Il semble cependant d’après l’enquête qu’a fait le Parlement l’année passée sur la rareté des laines, que le nombre des brebis diminue aujourd’hui dans la Grande Bretagne, et il n’est pas besoin de chercher d’autre explication de cette diminution que le monopole des marchands. L’avilissement du prix des laines a eu au reste un autre effet tout aussi fâcheux sur la production, c’est de détourner absolument le fermier du soin de perfectionner cette matière première, pour porter son attention toute entière sur la forme du mouton et sur sa facilité à prendre de la graisse. On peut voir dans la Bibliothèque Britannique, année 1801, de nombreuses preuves de cette négligence; on y verra aussi les regrets du Chevalier Banks, en observant combien la laine des mérinos élevés en France, est supérieure en finesse à celle des mérinos élevés en Angleterre.

[Translation]

   In England, the exportation of all raw materials has severely banned, while their importation have been permitted, free of all taxes. Wool is the commodity to which the most severity has been applied there, and so merchants, who are always in smaller number than producers, and for whom it is much more convenient to concert with one another than bid against one another, have profited with such covetousness from the monopoly accorded by the authority to them, that they have made the price of wool much lower. As a consequence, wool is much lower in price in England than any neighbouring country, and, in spite of severe and often atrocious pains(5) with which exporters are threatened, in spite of all the vigilance of the police, which should make the guarantee much higher, illegal exports amount to a considerable sum every year. The fall of wool in price did not discourage rearing sheep until recent years, because the farmer sold the meat to the butcher at as much higher as he lost on wool. It seems, however, according to the investigation conducted under the Parliament on the rarity of wool last year, that the number of ewes is diminishing today in Great Britain, and the Parliament attributes this diminution exclusively to the monopoly of merchants. Besides, the fall of wool in price had had another effect as troublesome upon production: that is, the effect of diverting the farmer completely from care to improve this raw material, to attention to the form of sheep and to the ease with which to take grease from them. You can find numerous proofs of this negligence in the Bibliothèque Britannique of the year 1801. You will also see regrets of the Chevalier Banks in the volume, observing how superior wool of Merinos reared in France is in fineness to that of Merinos reared in England.

Tuesday 16 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 130-133]

   Tel est le goût des hommes pour tout ce qui est extraordinaire, que rien n’a plus contribué à mettre en faveur les primes que leur singularité, je dirais presque leur absurdité. Voilà, a-t-on dit, un Gouvernement qui paye les étrangers pour vendre à bas prix les matières premières à ses marchands, et qui paye ensuite ses marchands pour vendre à bas prix les matières ouvrées aux étrangers: la nation ainsi gouvernée s’enrichit; il faut que sa politique soit bien profonde, car elle réussit quoique contraire au bon sens. La conclusion serait beaucoup plus juste si l’on avait dit, il faut qu’elle ait assez d’industrie et d’activité pour s’enrichir en dépit de sa politique absurde. Une prime, par exemple, a été accordée en Angleterre pour l’importation du chanvre et du lin de l’Amérique septentrionale, par le statut 4 Geo. III. Ch. XXVI. et pour celle du chanvre d’Irlande, par le statut 19 Geo. III. Ch. XXXVII. Cette prime qui pendant les sept premières années a été de 8 liv. sterl. par tonne, en décroissant ensuite, permettait au vendeur Irlandais ou Américain de donner pour 36 ou 38 liv. sterl., ce qu’il n’aurait pu donner sans elle que pour 44 ou 46; pourvu qu’entre ce qu’il recevait du marchand et ce qu’il recevait de la douane à titre de prime, il fût payé de tout son prix intrinsèque, il était content; la nation achetait toujours de lui son chanvre pour 44 ou 46 liv. st. la tonne, quoiqu’il y eût deux payeurs, le marchand qui profitoit [profitait] de ces 8 liv. de différence, et le Gouvernement qui payait sans acheter rien. Mais les 8 liv. que donnait la douane, étaient prises tout aussi bien que les 36 du marchand sur le bien de la nation, avec cette différence que 8 liv. st. n’arrivent jamais jusqu’aux payeurs nationaux sans en avoir coûté 9 ou 10 au contribuable. La nation payait donc près de 48 liv. st. le tonne de chanvre, quoique le marchand n’en déboursât que 38, et comme sans la prime elle aurait eu pour 40 liv., st. le chanvre de Petersburg; la perte faite sur chaque marché était double du profit que faisait le marchand; en sorte qu’après avoir compensé l’un par l’autre, il restait de perte nette pour la nation 8 liv. sterl. par tonne de chanvre importée d’Amérique ou d’Irlande(4). Comme malgré bien d’autres dépenses inconsidérées, la prospérité de l’Angleterre a toujours été en croissant, ainsi que celle de l’Irlande et de l’Amérique septentrionale qu’elle alimentait de ses capitaux, le moment est sans doute déjà venu où l’augmentation de sa richesse aura permis de vendre sans prime le chanvre d’Irlande et d’Amérique, aussi bon marché que le chanvre dei Russie; mais ce moment est venu plus tarda à cause de la prime, puisque celle-ci en diminuant les revenus nationaux, a diminué le seul fonds sur lequel il fut possible de faire des épargnes.

[Translation]

   Such is the preference of man for any thing that is extraordinary that nothing has contributed more largely to putting bounty in fashion than their singularity, not to say their absurdity. It has been said that there is a government that accords bounty to foreigners to sell raw materials to home merchants at a low price, and that, moreover, accords bounty to the merchants to sell finished articles to foreigners at a low price. The nation thus governed is growing richer; the policy of the government must be exceedingly profound, for it is successful, though contrary to common sense. The conclusion would be much more justified if it had been said that the nation must be industrious and active enough to enrich herself in spite of the absurd policy. Bounty, for example, was accorded in England for importation of hemp and linen from North America by the statute 4, George III, ch. 26, and that of hemp from Ireland by the statute 19, George III, ch 37. This bounty which during the first seven years was of 8 pound sterling par ton, subsequently lowered, permitted Irish or American sellers to relinquish, for 36 or 38 pounds sterling, what they could have done only for 44 or 46 without it. Provided that they were rewarded for their whole intrinsic price, whether with what they received from the merchant or what they received from the customs bureau as bounty, they were content. The nation always purchased hemp from them for 44 or 46 pounds sterling a ton, though there were two payers, the merchant who profited from this difference of 8 pounds, and the government which paid with no purchase. However, the 8 pounds accorded by the customs bureau were taken from the national property in the same manner as the 36 pounds paid by the merchant, though the former is different from the latter in that the 8 pounds sterling never arrived at the national consumers without having cost taxpayers 9 or 10. The nation paid, therefore, about 48 pounds sterling for a ton of hemp, even though the merchant only paid 38, and without the bounty she would have had hemp from Petersburg for 40 pounds sterling. The loss occasioned upon each transaction was twice as much as the profit gained by the merchant, so that, on the average, there was 8 pound sterling of loss net for the nation per ton of hemp imported from America or Ireland(4). Since, for all a large sum of other imprudent expenditure, the prosperity of England was consistently on the increase, as well as that of Ireland and North America for which she provided capitals, the time has no doubt already come when the increase of her wealth is such that it is possible to sell hemp of Ireland and America without bounty at as low a price as that of Russia. But this time came all the later due to the bounty, because bounty has diminished the national revenue, and, therefore, diminished the only fund upon which it was possible to make a saving.

Monday 15 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 130]

   Trois expédients ont été employés par la Législature, principalement en Angleterre, pour diminuer aux marchands et fabricants le prix d’achat de leurs marchandises. 1.° Accorder une prime, (bounty) à ceux qui importeraient des matières premières; 2.° défendre ou surcharger d’impôts onéreux l’exportation de ces mêmes matières premières; 3.° rabaisser le salaire des ouvriers, soit en les empêchant de sortir de leur pays, soit en réprimant tous les efforts qu’ils pourraient faire pour augmenter leurs gages.

[Translation]

   Three expedients have been employed in legislation, principally in England, to diminish the purchase price of the commodities of merchants and manufacturers. The first of all is to accord a bounty to those who would import raw materials. The second is to prohibit, or charge with heavy taxes, the exportation of these same raw materials. The third is to check wages of labourers, either by prohibiting them from going out of their country, or by suppressing all the movements that they could make to increase their wages.

Sunday 14 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 129-130]

   Les Législateurs étant une fois persuadés que la nation ne pouvait s’enrichir que par les profits du commerce, ont cherché à procurer aux négociants les profits les plus considérables; rien ne leur a paru plus naturel pour y réussir que de les aider soit à vendre cher, soit à acheter bon marché. En leur donnant les moyens de faire avec le plus grand avantage l’une et l’autre de ces opérations, il n’est pas douteux qu’ils n’aient augmenté le gain des négociants; mais nous avons vu au Chapitre précédent que celui que ceux-ci faisaient en vendant plus cher que le prix relatif libre, n’était d’aucun avantage pour la nation; il nous reste à montrer qu’il n’y a pas plus d’avantage à les faire acheter au-dessous du prix relatif libre.

[Translation]

   Once legislators were persuaded that the nation can rise in wealth only by commercial profits, they attempted to procure merchants the most profits. Nothing seemed to them more natural in order to do so than helping merchants to sell dear or buy cheap. By giving them the means to make both these operations to the most advantage, there is no doubt that the legislators have increased the gain of the merchants. However, we have in the previous chapter seen that the gain that merchants make by selling dearer than the free relative price is of no advantage for the nation. We have yet to show that there is no more advantage in permitting merchants to make a purchase below the free relative price.

Saturday 13 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 129]

   La législation du commerce des grains est une matière si importante; elle est liée à tant de considérations politiques, qu’il faut ou la traiter à fond, ou la passer sous silence. Peut-être reviendrai-je sur ce sujet, si en donnant une suite à cet ouvrage, je parle un jour des lois qui peuvent favoriser l’agriculture: aujourd’hui je me contenterai d’énoncer mon opinion en faveur de la liberté du commerce des grains; elle est fondée sur les mêmes principes que nous allons développer concernant l’exportation des matières premières, et elle est appuyée par l’exemple des succès que P. Léopold a obtenus en Toscane, lorsqu’il y a proclamé cette liberté.

[Translation]

   The legislation of grain trade is such an important subject. It is related to so many political considerations that we must deal with it thoroughly or pass over it in silence. Probably I will come back to this subject if I sometime give a sequel to this work and discuss the laws which can promote agriculture in particular. Now I content myself with expressing my opinion in favour of freedom of grain trade. This is founded upon the same principles as we shall develop concerning the exportation of raw materials, and is established by the example of the successes achieved by Prince Leopoldo de’Mecici in Tuscany in proclaiming this freedom.

Friday 12 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 128-129]

   Sans fixer par une loi le prix du pain, on peut le forcer au rabais, en prohibant l’exportation du blé, quoique le pays en produise plus qu’il n’en peut consommer. Tout le surplus qu’on empêche de chercher d’autres acheteurs au dehors, chôme d’une manière ruineuse entre les mains de celui qui l’a produit: il se détermine, plutôt que de prolonger cette perte, à le céder au-dessous de son prix; sa concurrence fait baisser le cours du marché; une partie de la perte se répartit entre tous les producteurs, ceux qui ne réussissent point à se défaire de leur blé supportent le reste; les uns et les autres se dégoûtent de produire, lorsque leur travail et leurs avances deviennent pour eux une source de pertes et non de revenus; et la terre n’étant plus fertilisée, retourne bientôt à son état sauvage. C’est ainsi que les premiers Grands Ducs de la famille de Médicis complétèrent la ruine de la maremme Toscane, en défendant l’exportation des blés hors de cette province aussi fertile que malsaine, et qui avant leur règne en produisait quatre fois plus qu’il n’en fallait pour nourrir ses habitants.

[Translation]

   Without fixing the price of bread by law, it is possible to force it to be low by prohibiting corn from being exported, though the country produces more bread than she can consumer. Any surplus that is prohibited from looking for other purchasers abroad is left unemployed in a ruinous way in the hands of its producer. He determines, rather than to prolong this loss, to relinquish it below its price. His participation in competition lowers the market price. Part of the loss is divided among all the producers, and those who do not manage to do away with their corn sustain the rest of the loss. Both the sorts of losers hate to produce, when their labour and advance become a source of losses, not revenues, for them, and the land comes into savage state again, no longer fertilised. Therefore, the first Grand Dukes of the house of Medici completed the ruin of the Tuscan marsh, by prohibiting corn from being exported outside this province which was as fertile as ugly, and which produced four times as much as required to provide for its inhabitants before their reign.

Thursday 11 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 126-127]

   Fixer par une loi le prix du pain au taux où il se serait arrêté de lui-même, varier ensuite cette loi d’après tous les incidents qui peuvent influer sur ce prix, c’est de toutes les opérations la plus inutile, c’est ordonner ce qu’on ne peut empêcher; telle est cependant l’assise du pain, que le conseil commun ou des Aldermen fixe à Londres chaque semaine d’après le prix du blé et de la farine (3). Faire monter le prix du pain pour donner un plus grand profit au boulanger, serait faire une opération toute semblable à celle de rehausser le prix du drap pour donner un plus grand profit au fabricant; cependant aucun Gouvernement n’a encore à se reprocher cette absurdité. Enfin le fixer plus bas que son prix relatif, c’est appliquer à un seul commerce la loi du maximum avec toutes ses funestes conséquences. En fixant au rabais le prix du pain, on fait perdre au producteur une partie ou de son capital ou de son revenu; mais on ne peut le forcer à la perdre long-temps; car, ou le fermier destinera ses champs à une autre production qu’à celle du blé, ou s’il n’en peut trouver aucune autre qui le dédommage de ses peines et de ses avances, il laissera en friche tous ceux de ses champs dont la culture étant le plus dispendieuse, ne lui donne plus de profit depuis la fixation du prix du pain. En l’avilissant dans le moment présent, on le force donc à renchérir par la suite; sans compter que s’il s’agit d’un petit Etat, ou des frontières d’un grand, on détermine l’exportation du blé, qui va chercher sous un autre Souverain un marché plus avantageux.

[Translation]

   It is the most useless of all operations to fix the price of bread by law at the rate at which it would have been determined of itself, and later to amend the law according to all circumstances which may affect this price. You might as well do so as order that which no one can obstruct to be done. Nonetheless, we have an example of this; that is, the assize of bread, according to which the municipal council or aldermen fix the price of bread in London every week according to the price of corn and flour (3). Secondly, you might as well raise the price of bread to give a larger profit to the bakers as raise the price of cloth to give a larger profit to the weaver. However, the government does not need accusing of this absurdity. Finally, you might as well fix the price of bread lower than the relative price as apply the Law of the Maximum to a sole commerce, with all its harmful consequences. Fixing the price of bread at a low price makes the producer to lose a part of his capital or revenue, but does not force him to continue to lose it for a long time, either because the farmer will destine his fields for other production than corn, or because, if he cannot find any other that compensates for his pains and advances, he will leave uncultivated those fields whose cultivation, being the most costly, no longer give him any profit due to the fixation of the price of bread. Despite the price of bread lowered at present, therefore, it cannot help rising later, with the exception of small states or places on the borders of large states, where people determine to export corn to a more advantageous market under another sovereign.

Wednesday 10 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 125-126]

   Ne nous arrêtons point trop long-temps sur l’amer souvenir de ces temps désastreux, et passons plutôt à examiner quelques efforts qu’on a vu faire à des Gouvernements moins tyranniques, pour abaisser le prix de quelques marchandises. C’est ainsi par exemple que les uns ont entrepris de régler par des lois le prix du pain, les autres d’abaisser celui des matières premières, en défendant leur exportation.

[Translation]

   Do not let us dwell too long upon the painful recollection of these disastrous times, and rather let us begin to examine some efforts we have seen less tyrannical governments making, to lower the price of some commodities. Some governments, for instance, have attempted to regulate the price of bread by law, and others have attempted to lower that of raw materials by forbidding their exportation.

Tuesday 9 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 122-125]

   C’est la différence entre la somme du salaire nécessaire, et la valeur des fruits du travail qu’il a mis en mouvement, qui forme tout le revenu national; or, telle avait été l’absurdité de ceux qui avaient fait le tarif du maximum, qu’ils ne donnaient pas même à ces fruits du travail une valeur égale à celle du salaire nécessaire qui les avait produits. Il n’y eut donc pendant toute la durée du maximum aucun revenu national, ceux-qui croyaient en avoir un, et qui en possédaient le signe, soit en numéraire, soit en papier, n’avaient en mains qu’une hypothèque sur une valeur négative et non pas positive; en sorte que la nation toute entière mangeait son capital pour produire, et vivait sur son capital lorsqu’elle dépensait. Si l’on réunit toutes les causes de dilapidation qui se combinèrent en même temps, la dépense d’une nation qui pendant quinze mois (1) a vécu sur son capital; la consommation quadruplée chez ceux qui possédaient des marchandises et qui ne voulaient pas les vendre; la perte de temps de plusieurs centaines de milliers d’ouvriers productifs, qui depuis la révolution ont quitté l’atelier, soit pour suivre les attroupements du Peuple, soit pour marcher aux armées; enfin la dépense effroyable d’un Gouvernement qui a dissipé quarante-huit milliards d’assignats, dont la valeur réelle a été payée toute entière aux étrangers, par l’exportation de notre richesse mobilière (2), on se fera une idée qu’était le capital de la France, et de ce à quoi il a dû être réduit; on comprendra ce que je n’ai cessé de répéter, que notre capital n’est plus proportionné à notre ancien commerce, et que vouloir le faire couler dans les canaux qu’il a laissés à sec, c’est en dessécher d’autres plus importants pour la prospérité nationale.

[Translation]

   The difference between the sum of necessary wages and the value of fruits of the labour they have set in motion provides all the national revenue. But the absurdity of those who had determined the rate of the maximum had been such that they did not provide even these fruits of labour with a value equal to that of necessary wages which had produced them. Therefore, there was no national revenue in all times with the Law of the Maximum in force, and those who believed themselves to have part of the national revenue and who possessed its sign, be it in specie or paper, had in hand only a mortgage upon a thing of negative, not positive, value. As a consequence, the whole nation ate her capital for production, and lived on her capital when she spent. If you unites all the causes of extravagance which combine themselves at the same time—the expenditure of a nation which has lived on her capital during 15 months (1), the quadrupled consumption of those who possessed commodities and who did not want to sell them, the loss of several hundreds of millions of productive labourers, who have since the revolution quitted workshops, either to follow seditions of the nation or to march as solders, and, finally, the tremendous expenditure of a government which has wasted some 48 million francs of assignats, whose real value has been paid as a whole to foreigners, by exportation of our movable wealth (2)—then you will form an idea of how much the capital of France used to be and how much it must have been reduced to. You will understand what I have incessantly repeated, that our capital is no longer in proportion to our former commerce, and that to hope to make it flow into the canals that it has not irrigated is to thereby exhaust other more important canals for the national prosperity.

Monday 8 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 121-122]

   Rendre [(1)] le travail une perte, donner au laboureur, à l’artisan, la crainte de produire, au commerçant celle de vendre, c’était conjurer contre les capitaux nationaux, aussi bien que contre les revenus: jamais la consommation et la dissipation de toutes les richesses ne pouvaient être portées plus loin que dans le temps où leur acquisition ne coûtait presque rien au consommateur, et où le producteur aimait mieux les perdre lui-même que de les céder à un autre sans rétribution: aussi la ruine de toutes les manufactures nationales, la perte de tous les capitaux qui mettaient l’industrie en mouvement, datent-elles de cette époque de désolation.

[Translation]

   Occasioning a loss to labour, making husbandmen and artisans anxious about production and merchants anxious about sale, was threatening the national capital as well as revenue. No consumption or waste of any wealth could be carried further than in the time when its acquisition cost the consumer nothing and when the producer was more ready to lose it under his hands than to relinquish it to another without reward. Therefore, the ruin of all manufactories at home and the loss of all capitals which set industry in motion date back to that time of destruction.

[Translator's note]

(1) It seems to me that this "le" should be read for "au." Please give me another possibility in interpretation.

Sunday 7 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 120-121]

    On a vu à une époque d’horreurs et de violences, qui n’a pas sa pareille dans les fastes de la tyrannie, un Gouvernement fixer le prix de toutes les choses qui pouvaient être un objet de commerce entre les hommes, et substituer partout la force, à la plus libre de toutes les transactions, la circulation de la richesse mobilière. L’établissement du maximum est un des événements les plus dignes de remarque de la révolution; sans cette épreuve extraordinaire, on n’aurait jamais pu croire qu’on pût rencontrer tant de démence dans un Gouvernement, ni tant de soumission chez un grand Peuple: on n’aurait on croire non plus que la société humaine fût liée et maintenue par un principe de vie assez actif, pour qu’un régime si extravagant ne la détruisît pas. En voyant substituer une force étrangère aux lois de la nature, il me semble voir un opérateur substituer une pompe foulante à l’action du cœur, pour forcer la circulation dans les artères et les veines d’un corps vivant.

[Translation]

   We have seen that at a time of horror and violence, which has no counterpart in making a display of tyranny, a government fixed the price of all things which could be objects of commerce among men, and replaced the greatest freedom in circulation of the movable wealth by enforcement everywhere. The establishment of the Law of the Maximum is one of the most noteworthy events in the revolution. Without this extraordinary hardship, no one could have come to believe that he can see so much insanity of a government, or so much subjection of a great nation; no one could have come to believe, either, that the human society is organised and maintained according to a principle which is so robust that that eccentric regime could not destroy it. Seeing the laws of nature replaced by an external force seems to me to be like seeing an operator replace the organ of heart by a compressing pomp, to force the circulation in the arteries and veins of a living body.

Saturday 6 February 2010

Book 2, chapter 9, paragraph 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 120]

   Il serait sans doute superflu de répéter que le prix relatif d’une marchandise, lorsque le commerce est libre, étant fondé sur le plus bas de tous les prix intrinsèques, on ne pourrait forcer le vendeur à donner sa marchandise au-dessous, sans occasionner une perte, qui serait supportée, ou par le revenu, ou par le capital des classes productives de la nation; perte qui arrêterait bientôt la production; il ne nous reste donc qu’à examiner les différentes manières dont le Législateur a pu forcer cette réduction des prix, et à calculer l’étendue des pertes occasionnées par ces lois désastreuses.

[Translation]

   It would, no doubt, be redundant to repeat that, with trade left free, if the relative price of a commodity were founded upon the lowest of all intrinsic prices, no one could force the seller to relinquish his commodity below it without causing such a loss as is sustained with the revenue or capital of productive classes of the nation—a loss which would soon bring production to a halt. Therefore, we have yet to examine different ways in which the legislator has managed to force this reduction on prices, and to calculate the extent of the losses resulting from these disastrous laws.

Friday 5 February 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 12

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 118-119]

   De plus lorsque le monopole n’occasionnerait d’autre mal que celui de prendre aux uns pour donner aux autres, il ferait toujours une chose fort injuste et fort impolitique: fort injuste, car les loix protectrices de la propriété doivent être égales pour tous; une acception de personnes est plus odieuse dans celles-là que dans aucune antre; fort impolitique, en ce qu’on ne peut favoriser de grands profits, sans occasionner une grande dissipation, sans créer à côté de la richesse née d’un jour, le luxe qui la dévore en peu d’heures, et sans induire les favoris de cette loi inégale, à faire du revenu qu’on leur donne, un usage moins profitable que n’en auraient fait ceux à qui on l’a arraché.

[Translation]

   Moreover, even if the monopoly caused no other evil than to take some thing from some people to give it to others, it would always be extraordinarily unjust and impolitic; it is unjust, because the laws protecting the property should be equal for every one, and there is nothing more horrible than for them to have a favouritism for some one; it is impolitic, in that no one can promote large profits without causing extravagance, without leading the new rich to the luxury which eats their wealth in a short time, and without inducing those protected by this unequal law to use the revenue given to them in a less profitable way than those who has been deprived of it would have.

Thursday 4 February 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 117-118]

   L’on pourrait dire en faveur de quelques monopoles, qu’ils ne causent pas à la nation deux pertes pour un profit, si avant leur établissement le prix intrinsèque des marchandises ne surpassait pas leur prix relatif, et si par conséquent ce prix intrinsèque étant le plus bas que le consommateur pût obtenir, quelque liberté qu’on eût laissée à ses approvisionnements, il ne lui occasionnait point de dommage. Le monopole ne causerait alors au consommateur d’autre perte que celle du surplus de profit que ferait le monopoliste, en sorte que pour la nation il y aurait compensation entre l’avantage du vendeur et le désavantage de l’acheteur: mais premièrement il est douteux qu’il ait jamais existé de monopole qui appartînt à cette classe. En effet toutes les fois que les marchands ont demandé au Législateur d’en établir un, ils se sont fondés sur ce que sans ce secours la branche particulière de commerce pour laquelle ils le sollicitaient, ne pourrait se soutenir, c’est à-dire, ne ferait point un profit égal à celui de toute autre branche; ou encore, sur ce que le consommateur trouverait à se pourvoir ailleurs, à un prix moins élevé que leur prix intrinsèque des choses qu’ils voulaient lui fournir.

[Translation]

   You could say in favour of some monopolies that they do not cause two losses for one profit to the nation, if the intrinsic price of commodities exceeded their relative price before their establishment, and if, as a consequence, this intrinsic price being the lowest that the consumer can obtain, no matter how free he might be left to choose his provisions, it did not do him harm. Then, the monopoly would cause no other loss to the consumer than that of the surplus of the profit gained by the monopolist, so that for the nation there would be compensation between the advantage of sellers and the disadvantage of buyers. But, first of all, it is doubtful whether there has ever existed such monopoly as comes under this description. In fact, whenever merchants asked the legislator to establish a monopoly, they were founded upon the thought that, without this aid, the particular branch of commerce for which they solicited him could be sustained, or, that is to say, would not gain a profit equal to that of any other branch; or again, upon the thought that the consumer would find his necessaries elsewhere at a lower price than their intrinsic price of those which they wanted to provide for him.

Wednesday 3 February 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 10

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 116-117]

   Je ne sais comment quelques personnes ont pu croire que le monopole du vendeur n’élevait pas les prix, ou qu’après les avoir élevés pendant quelque temps, il tendait à les rabaisser par la suite. C’est le métier du négociant de vendre aussi cher qu’il peut; lorsqu’on lui donne tout pouvoir pour cela, il faudrait qu’il eût une générosité bien extraordinaire, s’il n’en faisait pas usage. Au moment où ses forces augmentent, il faudrait qu’il fût autre qu’un homme pour diminuer ses prétentions; aussi toutes les fois qu’il a existé un monopole, a-t-on vu ceux en faveur de qui il était établi, solliciter toute la rigueur des lois contre ceux qui violaient leurs privilèges, ou qui cédaient leurs marchandises au plus bas prix intrinsèque possible, au prix qui seul donne un profit au négociant sans causer de perte à personne. Les monopolistes avaient donc élevé le leur au-dessus de ce prix seul légitime, autrement ils n’auraient rien eu à redouter de la concurrence de ceux qui trafiquaient en contravention de leurs privilèges.

[Translation]

   I do not know how some people have enabled themselves to believe that the monopoly on the side of seller does not raise prices, or that, after having raised prices for some time, it tends to lower them soon. It is the business of the merchant to sell as dear as he can. If he were given all powers to do so but did not make use of them, he would certainly be extraordinarily generous. There would be no such man as diminishes his demands the moment his powers increase. Thus, wherever there has existed a monopoly, those in favour of whom it was established have been seen asking for utter rigour of the laws against those who violated their privilege, or who yielded their commodities at the lowest intrinsic price possible, which is the price which alone gives a profit to the merchant without causing a loss to any one. Monopolists had, therefore, raised their price beyond this only legitimate price; otherwise, they would not have had to live in fear of the competition with those who trade in contravention of their privileges.

Tuesday 2 February 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 115-116]

   Les forces des vendeurs dans la lutte qui doit fixer le prix relatif sont en raison inverse de leur nombre et de leurs besoins. Les besoins des capitalistes, comme nous l’avons vu, ne sont jamais absolus, mais seulement relatifs; tout dépend donc de leur nombre; plus on diminue celui-ci et plus on augmente la force qu’ils peuvent opposer aux acheteurs: mais quoique nous ayons adopté de Canard l’expression purement mathématique de ces forces, leur augmentation morale est réellement plus rapide que la diminution des nombres. Si deux mille négociants disséminés sur un grand État se trouvent réduits à quinze cents, comme ils s’efforceront chacun pour soi de vendre aussi cher qu’ils pourront, ils tendront bien à profiter de cette augmentation de forces, mais ce ne sera qu’en tâtonnant, et d’une manière douteuse; tandis que si la loi les réunit et en forme des corporations, ils connaîtront immédiatement toutes leurs forces, et au lieu de lutter les uns contre les autres pour s’enlever mutuellement des pratiques, ils réuniront leurs efforts, pour les opposer en commun aux acheteurs; aussi toutes les fois qu’on facilite une combinaison entre les marchands, on arrache au consommateur sa dernière sauvegarde, et on le livre à la merci de ses adversaires.

[Translation]

   Powers of sellers in the course of haggling which should determine the relative price are in inverse relation to their number and their needs. The needs of capitalists, as we have seen, are never absolute but only relative. Therefore, everything depends upon their number; the smaller their number, the more power they can exert against purchasers. But, though we have adopted the purely mathematical expression of these powers from Canard, their moral increase is really more rapid than the diminution of numbers. If 2,000 merchants scattered all over a country are found reduced to 1,500, since they will try respectively to sell as dear as they can, they will tend largely to profit from this increase of powers, but by trials and errors and in a sceptical way. On the other hand, if the authority unites them and form corporations of them, they will immediately understand all their powers, and, instead of competing with one another for customers, they will unite their efforts to oppose them in cooperation to purchasers. Thus, whenever combination is promoted among merchants, the consumer is deprived of the last protection, and is left at the mercy of his adversaries.

Monday 1 February 2010

Book 2, chapter 8, paragraph 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 113-115]

   La concurrence la plus libre est la base du prix relatif; toutes les fois que cette concurrence est gênée, il existe un principe de monopole. Si la loi éloigne seulement les marchands et les capitaux étrangers, elle donne aux marchands et aux capitaux nationaux un premier monopole contre les consommateurs, elle le fait par les règlements des douanes. Si elle rend l’entrée du commerce difficile pour ceux qui ne sont pas encore commerçants, en écartant la concurrence d’une partie des citoyens industrieux, elle donne à ceux qui exercent déjà cet état un plus grand empire sur la marché; c’est un second monopole qu’elle crée contre le consommateur, au moyen des statuts d’apprentissage. Si elle hérisse de nouvelles difficultés le passage d’un genre de négoce à un autre, elle donne à chaque branche du commerce national, un monopole non-seulement contre les consommateurs, mais aussi contre les commerçants des autres branches; c’est le troisième qu’elle crée par l’institution des jurandes et corps de métiers. Si elle réunit ce commerce en un seul corps ou une seule compagnie à qui elle accorde un droit exclusif pour l’exercer, elle crée par là un quatrième et dernier monopole intérieur, le plus puissant et le plus ruineux de tous. Elle peut enfin chercher à étendre le monopole national sur l’étranger, soit qu’elle fonde des colonies pour avoir des nations sujettes à ses lois, soit qu’elle cherche à lier ses rivales par des traités de commerce. Nous examinerons séparément dans le livre suivant ces divers monopoles; dans celui-ci nous devons nous borner à rendre compte de leur théorie générale, ainsi que de leur effet, soit immédiat sur les prix, soit médiat sur la richesse nationale.

[Translation]

   The freest competition is the base of the relative price. Whenever this competition is obstructed, there is a principle of monopoly at play. If the authority only expels foreign merchants and capitals, it gives the utmost monopoly against consumers to home merchants and capitals, and it does so by regulations of customs duties. If the authority makes it difficult for those who are not yet engaged in a branch of trade to enter there, keeping a part of industrious citizen from competition, it gives a larger control over the market to those who are already engaged in this trade. This is another monopoly which it creates against consumers by means of the statute of apprenticeship. If it obstructs the mobility from a sort of trade to another with new difficulties, it gives each branch of the national commerce a monopoly which is not only against consumers but also against those engaged in the other trades. This is the third monopoly that it creates by the council of guild leaders and trade unions. If it unites this trade in a sole body or a sole company to whom it accords an exclusive right to engage in it, it creates thereby the fourth and last monopoly at home, the most powerful and the most ruinous of all. Finally, the authority can be eager to extend the home monopoly abroad, whether it builds colonies in order to acquire nations subject to its laws, or tries to ally its rivals by commercial treaties. We shall examine these monopolies separately in the following book; in this book we should confine ourselves to accounting for their general theory, as well as their effect, be it direct upon the price or indirect upon the national wealth.