Tuesday 10 August 2010

Book 3, chapter 4, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 260-262]

   Parmi les artisans, il est de l’intérêt du maître de rendre son élève propre au travail le plutôt qu’il le pourra, afin d’en profiter plus long-temps; mais chez les négociants il n’en est pas de même; car le travail que les apprentis font chez eux, peut leur être tout aussi utile, lorsqu’ils ne s’instruisent pas, que lorsqu’ils s’instruisent: qu’ils tiennent en bon ordre les marchandises, qu’ils fassent les paquets, qu’ils gardent le magasin, qu’ils copient les lettres, qu’ils tiennent même les livres, tout cela n’en fera pas de bons négociants, mais bien des domestiques très utiles au comptoir: aussi les commerçants portent-ils l’insouciance sur l’instruction de leurs apprentis à un excès vraiment scandaleux. Jamais ils ne s’occupent de les former, ils se contentent de leur permettre à force d’attention de surprendre leur secret. Rarement ils leur enseignent à connaître la marque des prix, qui cependant doit servir de clef et d’explication à toutes les opérations qu’ils leur voient faire: ils attendent qu’ils la devinent d’eux-mêmes; plus rarement encore ils leur expliquent les motifs de leurs négociations, ou en parlent franchement devant eux; quant aux notions générales du commerce, il n’est point assez fréquent qu’ils les possèdent, pour qu’ils puissent les communiquer. La connaissance des marchandises est la seule chose que les apprentis acquièrent dans un magasin: ce n’est pas sans doute une connaissance peu importante pour eux; mais comme elle n’est presque d’aucun fruit pour ceux qui les emploient, ils mettent beaucoup de nonchalance à la leur communiquer. L’arithmétique, l’art de tenir les livres, et toutes les autres parties de l’éducation d’un négociant, resteraient constamment étrangères à l’apprenti, s’il ne prenait pas des maîtres particuliers pour s’y former.

[Translation]

   Among artisans, it is in the interest of the master to prepare his student for labour as soon as possible, because this enables him to profit from the student for a longer time. But the same is not true of merchants, because the labour performed by apprentices in this trade can be exactly as useful to his master when they are not trained as when they are so. These apprentices can place goods in good order, wrap them, keep the store, copy letters, and even keep the books. None of these is confined to able merchants, but all are open to most domestic servants useful behind the counter. Therefore, the merchant is indifferent to the instruction of his apprentices to a truly scandalous degree. He never concentrates upon training them, and contents himself with allowing their attention to reveal the secret to them. He rarely teaches them to understand the mark of prices, though it should serve as key and explanation to all operations that they see him perform. He waits for them to become able to do so by themselves. He still more rarely explains to them the incentives of business dealings, or talk about these frankly in company with their apprentices. When it comes to general notions of trade, he does not so usually have the notions as to be able to communicate them to his apprentices. The knowledge of commodities is all that apprentices acquire in a shop. No doubt this knowledge is not unimportant to them, but almost fruitless for the merchant who employ them, and, therefore, he is extremely indifferent to communicating it to them. Apprentices would be constantly kept from arithmetic, art of bookkeeping, and all other parts of commercial education if they did not take particular masters in order to receive training.