Tuesday 7 July 2009

Book 1, chapter 9, paragraph 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 249-51]

   Si le pays n’a de capitaux que précisément ce qu’il lui en faut, pour mettre en mouvement ses laboureurs, ses artisans, et les fabrican[t]s des marchandises les plus volumineuses, il faudra qu’il attende avant d’entreprendre rien d’autre, que ses capitaux aient été multipliés par son travail, et par l’économie que chaque classe de la société pourra faire sur son revenu. Car il n’est pas douteux que si dès cette époque, il entreprend quelqu’autre ouvrage, il faudra pour mettre ses nouveaux ouvriers en mouvement, qu’il ôte aux anciens et aux plus nécessaires une partie de leur subsistance, et qu’il ferme leurs ateliers: Ce renversement de l’ordre naturel n’aura jamais lieu de lui-même, les ouvriers les plus nécessaires étant ceux pour lesquels le consommateur fait le plus de sacrifices et auxquels il accorde les plus gros profits; mais il peut résulter de l’impéritie du Gouvernement, si pour favoriser une nouvelle manufacture, celui-ci fait en sa faveur avec les revenus de la société des sacrifices plus grands encore que ceux que faisoit [faisait] le consommateur. Nous verrons dans les livres suivan[t]s tous les maux qui résultent d’une faveur si impolitique; nous pouvons cependant, d’après ce que nous avons déjà dit, prévoir dès à présent les suivan[t]s 1°. D’entre les ateliers les plus nécessaires à la nation, plusieurs seront fermés faute de capitaux, et plusieurs d’entre les ouvriers qui ne seront pas propres à l’industrie nouvelle perdront ainsi leur gagne-pain: 2°. Ceux des consommateurs qui malgré le sacrifice qu’ils étoient [étaient] disposés à faire, ne trouveront plus dans le pays les objets de première nécessité qu’il leur convenoit [convenait] d’y faire fabriquer, seront obligés de faire un sacrifice plus grand encore pour les tirer du déhors [dehors]. 3°. La perte qu’aura faite le Gouvernement pour établir la nouvelle manufacture, sera supportée par les revenus nationaux, et cette dépense sera encore augmentée par les frais du Gouvernement, soit pour lever l’impôt, soit pour appliquer son produit. Le revenu national sera donc diminué de tout celui qu’auroient [auraient] donné les ateliers qu’on a fait fermer, de tout celui que sacrifie le consommateur pour y suppléer, et de tout celui qu’on ôte au contribuable au delà de ce qui parvient au nouvel artisan. Voilà les moindres pertes qui puissent résulter d’un monopole, nous verrons par la suite qu’il en cause souvent bien davantage.

[Translation]

   If the country has no more capital than precisely needed for employment of its husbandmen, artisans, and manufacturers of the most bulky commodities, it will be necessary above all to wait for its capital to have grown due to its labour and to the savings each class of the society can make on revenue. This is because there is no doubt that, if it establishes any other branch before that time, it will be necessary for employment of new labourers that the country should appropriate the old and more required capital for part of their subsistence, and that it should close their workshops for which the capital used to be employed. This reversal of the natural order will not take place by itself, since the most necessary labourers are those for whom consumers make the most sacrifice and to whom they grant the most profit. But the reversal can take place due to the incompetence of the government, if it makes still more sacrifice of revenue of the society than consumers would, to give favourable treatment to a new branch of manufactures. We will in the following book see all the problems which result from so impolitic favourable treatment. Still, we can expect the followings at this stage according to what we have already said. First of all, some of the most necessary workshops for the nation will be closed for lack of capital, and some of labourers not good at the new industry will lose their stock in trade. Secondly, in spite of the sacrifice they are ready to make, some consumers no longer find in the country the objects of the first necessity which should be manufactured there, and will be obliged to make still more sacrifice because they must import them from abroad. Thirdly, the loss sustained by the government in establishment of the new branch of manufactures will be covered with the national revenue, and this expenditure is further increased by the cost of the government, either by levying the tax or by applying its produce. The national revenue will be therefore diminished by what the closed workshops would have produced, by what consumers sacrifice to supply the blank, and by what taxpayers pay beyond the gains of new artisans. These are the smallest losses that can result from monopoly, and we will see that it often causes some much larger losses.