Wednesday 26 January 2011

Book 3, chapter 9, paragraph 16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 438-441]

   Il y a peu de pays en effet, auquel il convienne aujourd’hui plus qu’à la France, de multiplier ses ports francs, elle a besoin, non point de faire elle-même le commerce de transport, mais qu’on le fasse pour elle, qu’on rapproche de ses producteurs l’étape où ils pourront se défaire de leurs marchandises, qu’on rapproche également de ses consommateurs, le marché où ils pourront se pourvoir de ce dont ils ont besoin, afin que le capital qui lui reste, supplée par la rapidité de sa circulation à la valeur qui lui manque, afin que le fabricant flamand n’ait point besoin d’envoyer ses draps plus loin que Dunkerque, pour les échanger contre des fonds qui le mettent en état de recommencer son travail, et que le négociant qui fournit nos marchés, ne soit point forcé d’aller chercher pour nous des sucres, des étoffes, etc. plus loin que la même ville; en sorte qu’avec la même somme, il puisse dans un temps donné, nous en fournir une plus grande quantité (4). C’est notre intérêt encore d’attirer les capitalistes étrangers dans nos ports, et de leur faciliter les moyens de s’y fixer, non point pour accroître notre population de quelques centaines d’individus, mais pour accroître le capital qui met en mouvement notre industrie, de tous les capitaux qu’eux-mêmes posséderont, ou que leur crédit leur fera obtenir dans leur pays. Bientôt les marchands qui se domicilieraient dans nos ports, compareraient les profits de leur commerce, avec ceux qu’on pourrait attendre du perfectionnement de nos manufactures ou de notre agriculture, et si ces deux emplois présentaient de plus grands avantages, les capitaux des Anglais seraient bientôt destinés à mettre en mouvement une industrie toute française; car, nous ne devons pas l’oublier, les marchands n’appartiennent à aucun pays, ils sont toujours citoyens de celui où il y a le plus à gagner, et aucune jalousie nationale, ne les empêcherait de se livrer chez nous, à une industrie qui les enrichirait, mais qui nous serait bien plus profitable encore. Quelques-uns de nos ports sur l’Océan sont si rapprochés de l’Angleterre, que les négociants de ce pays, le plus riche aujourd’hui de tous ceux de l’Europe, et celui dont les capitaux refluent le plus au dehors, croiraient à peine s’expatrier, en nous apportant leurs richesses, et les faisant fructifier chez nous, si nous n’employions pas toutes nos forces à repousser le bien qu’ils nous feraient, en cherchant leur propre avantage.

[Translation]

   Today, in fact, few countries are better situated for multiplication of free ports than France. She does not need to engage herself in shipping trade, but to have other nations to do it for her; it is desirable that her producers should be near the place where they will be able to supply their commodities, that her consumers should also be near the market where they will be able to be supplied with what they need. If so, the capital remaining in her hand will supply the shortage in value by the rapidity of circulation; the Flemish manufacturer will not have to ship their drape further than Dunkirk, to exchange them for the money which enables her to restart her labour, and the merchant who supplies our market will not have to search on our behalf for sugar, textiles and others further than the aforesaid city. As a result, the Flemish manufacturer will be able to provide us with a larger quantity of those commodities, with a given amount of money and time (4). It is also to our interest to attract foreign capitalists to our ports, and to make it easy for them to settle themselves there, because it means not multiplying our population with some certain individuals, but accumulating the capital which set in motion our industry, with all the capitals which they have on their own account, or obtain in their country by means of credit. Soon the merchants settled at our ports would compare the profits of their trade with those profits which could be expected from the improvement of our manufactures or agriculture. If these two uses presented more advantages, the capitals of the English would soon been allotted to employment of the French industry. It is because, as we must not forget, merchants do not belong to any country, and are always citizens of that where there is the most to gain, and no national jealousy would keep them in our country from engaging themselves in an industry which enriches them but would be still more profitable for us. Some of our ports along the Ocean are so close to England that the merchants of that country, which is the richest today of all in Europe, and is the greatest exporter of capital, would hardly think of taking refuge, by bringing their wealth to us, and by making it bear fruits in our country, if we did not employ all our power to reject the good that they, in quest for their own advantage, would do to us.