Tuesday 31 March 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 03-04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 120-22]

   L’argent est un luxe dans le commerce, puisque ne se consommant point, on ne l’achète pas pour en faire usage soi-même, et que sans la convention universelle qui le fait regarder comme signe du travail et de ses produits, il seroit [serait] presque inutile. Cependant l’argent coûte à produire autant qu’il vaut dans le commerce. On conçoit qu’on auroit [aurait] pu adopter un signe qui ne coûtât rien à produire, et l’on entrevoit la possibilité d’obtenir de lui les mêmes effet: L’exemple de la banque d’Amsterdam, qui tenant les comptes de tous les particuliers, leur évitoit [évitait] la peine de payer et de recevoir; l’exemple de plusieurs pays qui ont substitué le papier-monnoie [monnaie] à l’argent, prouve qu’il existe des moyens de se passer des métaux précieux; mais il faut pour les mettre en œuvre que la moralité du Gouvernement inspire la confiance la plus parfaite, et rassure sur la crainte de lui voir multiplier le signe pour s’approprier la réalité. Or comme cette moralité du Gouvernement, lorsqu’elle existe, n’est point une chose inaltérable, il a été plus sage pour toutes les nations de convertir une partie de leur richesse mobiliaire [mobilière] en argent, afin de faciliter leurs échanges, parce que dès lors le signe du commerce a eu une valeur intrinsèque, et n’a plus dépendu des événemen[t]s.
   L’argent a donc deux valeurs dans le commerce, l’une intrinsèque, déterminée par l’évaluation du travail qui l’a produit, et composée comme celle de toutes les marchandises, de rente, profit, et salaire; l’autre relative ou échangeable, qui est déterminée par le besoin qu’on en a. Dans le livre second, nous verrons qu’il en est de même de toutes les marchandises; examinons à présent les bases de la fixation de ces deux valeurs de l’argent.

[Translation]

   Money is a sort of luxury in commerce, for, not consumed, it is not bought in order to make use of it itself, and it would be useless without the universal convention to suppose it as sign of labour and its produce. However, it costs as much to produce money as its value in commerce. You conceive that you could have adopted a sign had it cost nothing to produce it, and perceive the possibility to obtain the same effects from it; the example of the Bank of Amsterdam, which spared all individuals the trouble of paying and receiving by keeping the accounts of them. The example of some countries, which substituted paper money for coins, shows that there are some means to dispense with precious metals. But to put them into practice it is necessary that the morality of the government should inspire the perfect confidence and should appease the fear that it should multiply the sign to adapt to the reality. And yet, since this morality of the government, when it exists, is not constant, it was wiser of all the nations to convert a part of their movable wealth into money in order to facilitate their exchanges, because since then the sign of commerce had intrinsic value, and no longer depended upon circumstances.
   Money therefore has two sorts of value in commerce. One is intrinsic value, determined by the evaluation of labour which has produced it, and composed of rent, profit, and wages, as all the commodities. The other is relative or exchangeable value, determined by the want people feel for it. In the second book, we see that it is the case with all the commodities; now I examine the fundamentals of determination of these two values of money.

Monday 30 March 2009

Book 1, chapter 5, paragraphs 01-02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 119-20]

Nous avons vu quelles étoient [étaient] les sources de la richesse nationale, quelles étoient [étaient] celles du revenu national, et nous n’avons point encore eu occasion de parler du numéraire; c’est qu’en effet celui-ci s’il fait partie de la richesse nationale, en est une portion stérile, qui ne donne par elle-même aucun revenu à la société.
   Nous avons exposé plus haut comment la force productive du travail s’étoit [était] accrue par la multiplication des échanges entre les ouvriers; c’est à ces échanges qu’est dûe l’accumulation de la richesse nationale; il étoit [était] donc de la plus haute importance de les faciliter pour les multiplier. Ce fut une heureuse idée que celle de reconnoître [reconnaître] comme signe une marchandise divisible à l’infini, sans qu’en la divisant on altérât sa valeur, qui, ayant demandé pour sa production un grand travail proportionnellement à son volume, en représentât un plus grand sous ce volume, et fût d’un transport plus facile que presque toute autre marchandise d’égale valeur; qui enfin fût, ou du moins pût être constamment de la même qualité. Tous ces avantages se trouvoient [trouvaient] réunis dans les métaux précieux, dans l’argent, et plus encore dans l’or; pour les nations pauvres ils se trouvent aussi dans le cuivre. Le propriétaire d’une marchandise à consommer qui lui étoit [était] superflue, sentit bientôt qu’il lui convenoit [convenait] de l’échanger contre une autre marchandise également superflue pour lui, un métal dont il n’entendoit [entendait] faire aucun usage, mais qu’il étoit [était] sûr de voir accepter également par tout le monde, tandis que la marchandise qu’il possédoit [possédait] actuellement ne pouvoit [pouvait] convenir qu’à son consommateur.

[Translation]

We have seen what the sources of the national wealth are, and what those of the national revenue are, and we have had no opportunity yet to argue specie; to argue that specie, if it comprises a part of the national wealth, is indeed a sterile part, which gives no revenue to the society by itself.
   We have expounded above how the productive power of labour has been increased due to a larger number of exchanges among labourers. It is to these exchanges that we owe the accumulation of the national wealth. Therefore, it was of the most importance to make them easy to multiply. So excellent was the idea to make sign of an infinitely divisible commodity; a commodity whose value is still the same when divided; whose production cost an amount of labour in proportion to its volume; which would have represented more value for this volume, and would have been easier to transport than any other commodity of the same value; which, finally, would have been, or at least could have been, of constantly equal quality. All these advantages were found united in precious metals, silver and, still more, gold. For the poor nations, they were also found in copper. It was not long before the owner of a commodity to consume which was unnecessary for him realised that it was convenient for him to exchange it for another commodity which is also unnecessary for him. The latter is a piece of metal of which he knew no use, but which he was sure was equally acceptable all over the world, while the commodity he possessed then could be only relevant to its consumer.

Sunday 29 March 2009

Book 1, chapter 4, footnote 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 111-12]

(9) Ceci ne doit pas se prendre absolument à la rigueur; on peut remarquer chez les nations qui chissent, un ralentissement dans la consommation; elles négocient en même tem[p]s sur le produit de quatre ou cinq années consécutives, sans que la production soit découragée, tandis qu’une nation pauvre ne négocie que sur le produit de la dernière année. La nation riche aura en même tem[p]s des moutons couverts de la laine de l’année, des magasins chez les fermiers et les marchands remplis de la laine de l’année précédente, des fabriques où l’on met en œuvre celle de deux ans, des magasins de drapiers en gros, dont les étoffes sont faites avec de la laine de trois ans, des drapiers en détail, des tailleurs, des expéditeurs, dont les étoffes sont encore plus anciennes au moins d’une année: Chez la nation pauvre au contraire, aucun des intermédiaires entre le producteur de la matière première et le consommateur n’ayant assez de fonds pour attendre patiemment le bon moment de vendre, chacun d’eux précipite toutes ses opérations, de sorte que la laine qui pendant l’été couvroit [couvrais] les brebis, habille quelquefois le consommateur dès l’hiver suivant. Il en est de même des autres matières premières, leur existence est prolongée, il se passe plus de tem[p]s entre leur production et leur consommation chez les nations riches que chez les nations pauvres.

[Translation]

(9) This should not be literally taken. You can note that a progressive nation can be in decline of consumption; the nation trades at the same time in the produce of 4 or 5 consecutive years, with no production discouraged, while a poor nation trades only in the produce of the last year. The rich nation will at the same time have flocks of sheep covered with wool of the year, storehouse of farmers and merchants filled with that of the previous year, artisans of factories working on that two years old, wholesale drapers dealing fabric made from that three years old, and retail drapers, tailors, transporters dealing in fabric made from that at least one year older. In the poor country, on the country, since no intermediary between producers of raw materials and consumers has enough stock to wait patiently for a good opportunity for sales, everyone precipitates all his operations, so that that wool which covered sheep in summer sometimes clothes consumers as soon as the next winter has come. It is also the case with some other raw materials. Their existence is prolonged; it takes longer from their production to their consumption in the rich than in the poor countries.

Saturday 28 March 2009

Book 1, chapter 4, footnote 08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 110-11]

(8) Le travail est récompensé à St. Pétersbourg avec presque autant de libéralité qu’en Amérique. Le salaire le plus bas d’un manouvrier n’est pas au-dessous d’un franc 50 c.; un bon ouvrier peut aisément gagner trois francs par jour, les charpentiers, maçons, etc. sont payés à un prix bien plus élevé encore; cependant un homme peut se nourrir suffisamment avec 30 ou 35 centimes, c’est là tout le salaire nécessaire: (Henri Storch, tableau de Pétersbourg.) ce haut prix de la main-d’œuvre, au centre d’un pays où le paysan est esclave, et où le travail est presque sans valeur, est un effet du rapide accroissement de la richesse en Russie; effet qui devient cause à son tour.

[Translation]

(8) Labour is as liberally remunerated in St. Petersburg as in America. The lowest wage of day labourers is not below 1 franc 50 centimes. Decent labourers can easily gain 3 francs a day; carpenters, bricklayers, and so on are still better paid. However, life is sufficiently possible with 30 or 35 centimes, which is nothing but the necessary wage (Henri Storch, Tableau de Pétersbourg). This high price of labour at the centre of a country where peasants are in slavery, and where labour has little value, is an effect of the rapid growth of the wealth in Russia; an effect which becomes, in turn, a cause of that growth.

Friday 27 March 2009

Book 1, chapter 4, footnote 07

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 104-08]

(7) Ceux qui ne sont pas familiarisés avec le langage algébrique, ne donnent aucune attention aux calculs qui leur sont présentés sous cette forme; ceux au contraire qui ont une fois pris l’habitude de considérer les idées et les nombres abstraitement, répugnent à voir faire des suppositions numériques, qui leur paroissent [paraissent] toujours invraisemblables ou inexactes: pour contenter les uns et les autres, je généraliserai dans cette note ce qui est exposé dans le texte et j’adopterai cette fois seulement le langage des sciences exactes; mais je le répète, ce ne sera que cette fois, car appliquer ce langage à une science qui n’est point exacte, c’est s’exposer à des erreurs continuelles. L’économie politique n’est point fondée uniquement sur le calcul, une foule d’observations morales qui ne peuvent être soumises au dernier, altèrent sans cesse les faits; vouloir en faire constamment abstraction, c’est pour le mathématicien supprimer au hasard des figures essentielles de chacune de ses équations.
   Appelons P. la production du travail national pendant l’année; N le salaire nécessaire antérieur auquel ce travail est dû. P–N sera le revenu. Que D soit la dépense, X la différence entre le salaire nécessaire antérieur, et celui avancé dans l’année courante, différence qui peut être ou nulle ou positive ou négative, en sorte que (N+X) sera ce dernier salaire. Enfin C représente les dettes ou créances sur l’étranger.
   Lorsqu’une nation n’a point de commerce extérieur, sa consommation est égales sa production: or cette consommation c’est D+(N+X). Or D+(N+X)=P. ou D=P–(N+X). Lorsqu’elle en a un, si elle emprunte des étrangers, sa consommation non-seulement égale sa production, mais elle comprend de plus l’emprunt qu’elle fait aux étrangers, en sorte que D–(I–N)=P+C. soit D=P+C–(N+X). Lorsqu’enfin la nation prête chaque année aux étrangers, il s’en faut de toute la valeur de ce prêt que sa consommation égale sa production; alors D+(N+X)+P–C, soit D=P–C–(N+X). D’où il résulte que l’état progressif ou rétrograde de la nation dépend toujours de l’évaluation de X ou de la différence entre le salaire nécessaire d’une année et celui de la suivante.
   Supposons d’abord que C est égal à X, et que l’un et l’autre sont le 1/10 de N. Nous aurons pour exposition du bilan de la première nation D=P–(11N/10), en sorte que sans commerce extérieur elle s’enrichira de la quantité N/10 chaque année, différence entre la quantité (P–N) son revenu, et P–(11N/10) sa dépense. Pour exposition du bilan de la seconde nation nous aurons D=P–N +N/10–N/10, soit D =P–N. en sorte que quoiqu’elle importe chaque année des marchandises des étrangers, au-delà de la valeur ses exportations, et qu’elle s’endette toujours plus vis-à-vis d’eux, elle sera cependant dans un état stationnaire, et ne s’appauvrira ni ne s’enrichira. Pour exposition du bilan de la troisième nation ou de la prêteuse, nous aurons D=P–N–2N/10 soit D=P–12N/10 ce celle-ci s’enrichira de N/5 chaque année, prêtant quantité N/10 aux étrangers et employant une quantité égale à augmenter le produit intérieur.
   Supposons ensuite C=N/20 et X=N/10 nous aurons pour exposition du bilan des trois nations,
   1.e D=P–11N/10
   2.e D=P+N/20–N–N/10 soit D=P–21N/20
   3.e D=P–N–N/10–N/20 soit D=P–23N/20
   En comparant D avec P–N qui est le revenu de toute nation, nous voyons que toutes trois s’enrichissent, mais inégalement.
   Supposons ensuite que C reste égal à N/20, mais que X=0, nous aurons pour bilan des trois nations,
   1.e D=P–N.
   2.e D=P–19N/20
   3.e D=P–21N/20
   En sorte que la première sera stationnaire, que la seconde se ruinera, et que la troisième s’enrichira.
   Supposons enfin que C restant égal à N/20, X soit une quantité négative égale à N/10, c’est-à-dire, que les trois nations diminuent d’un dixième la somm qu’elles destinent au salaire nécessaire; nous aurons pour exposition de leur bilan
   1.e D=P–9N/10
   2.e D=P–N–N/10–N/20 soit D=P–17N/20
   3.e D=P–N–N/10+N/20 soit D=P–19N/20
   En sorte que toutes trois se ruineront, mais non dans une progression également rapide.

[Translation]

(7) Those who are not familiar with the algebraic language pay no attention to calculations presented to them in that form. On the contrary, those who have once got accustomed to abstractly thinking of ideas and numbers are repugnant to seeing numerical examples, which always seem to them to be incredible or inexact. In order to satisfy both sorts of people, I will in this footnote generalise what is expounded in the text, and will adopt the language of exact sciences once and for all. But, repeatedly speaking, this language will nowhere else be used, since to apply the language to a non-exact science is to expose the reader to continual errors. Political economy is not founded exclusively on calculation, and a host of moral practices which cannot be subjected to calculation incessantly change circumstances. If you claim to count them out constantly, it is as if you told the mathematician to omit some essential figures at random from each of his equations.
   Let P represent the production of the national labour of the year, and N the previous necessary wages to which the nation owes the labour, and then P–N will be the revenue. And let D represent the expenditure, and X the difference between the previous necessary wages and those advanced in the current year (a difference which can be null, positive or negative), and then N+X will be the wages in the current year. Finally let C represent the external debt or credit.
   When a nation has no foreign trade, its consumption is equal to its production. This consumption is D+N+X, and D+N+X=P, or D=P–(N+X). When the nation carries on foreign trade, if it borrows from abroad, its consumption does not [1.106] only equal its production, but exceeds it by the loan it makes from foreign countries, so that D+N+X=P+C, that is, D=P+C– (N+X). Finally, when a nation supply loans to foreign countries every year, its consumption is less than its production in value by all the loans; then D+N+X=P–C, that is, D=P–C–(N+X). It follows from this that the progressive or retrogressive state of the nation always depends upon the evaluation of X or upon the difference between the necessary wages of a year and those of the following year.
   Let us suppose, first of all, that C is equal to X, and that both are a tenth of N. For exposition of the balance of the first nation we will have D=P–(11N/10), so that with no foreign trade the nation will be ascending by the quantity of N/10 every year, the difference between the quantity of its revenue (P–N) and its expenditure (P–11N/10). For exposition of the balance of the second nation we will have D=P–N+N/10–N/10, that is, D=P–N, so that, although the nation imports commodities from foreign countries every year above the value of its exports, and it always borrows more from them, yet it will be in a stationary state, and will be neither impoverished nor enriched. For exposition of the balance of the third nation or the debtor we will have D=P–N–2N/10, that is, D=P–12N/10, and the nation will be ascending by N/5 every year, lending the sum of N/10 to foreign countries, and employing the equal sum to increase the domestic produce.
   Let us suppose next that C=N/20 and that X=N/10, and for exposition of the balance of the three nations we will have:
   1st.D=P–11/10
   2nd.D=P+N/20–N–N/10, i.e. D=P–21N/20
   3rd.D=P–N–N/10–N/20, i.e. D=P–23N/20
   In comparison of D with P–C, which is the revenue of a whole nation, we see that all the three nations are ascending, but at different rates.
   Let us suppose next that C remains equal to N/20, but that X=0, and for exposition of the balance of the three nations we will have:
   1st.D=P–N
   2nd.D=P–19N/20
   3rd.D=P–21N/20
   Consequently the first nation will be stationary, the second declining, and the third ascending.
   Let us suppose finally that C remains equal to N/20, and that X is a negative value equal to N/10, namely, that the three diminish by a tenth the sum they allot for the necessary wages; for exposition of their balance we will have:
   1st.D=P–9N/10
   2nd. D=P–N–N/10–N/20, i.e. D=P–17N/20
   3rd.D=P–N–N/10+N/20, i.e. D=P–19N/20
   Consequently all three nations are declining, but at different rates.

Thursday 26 March 2009

Book 1, chapter 4, footnote 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 101-02]

(6) Nous adoptons pour simplifier comme proportion constante du salaire nécessaire au produit brut qu’il donne, celle de 2 à 5. C’est d’après des calculs faits dans un pays où l’industrie n’est pas très perfectionnée que nous l’avons fixée ainsi; elle est certainement bien plus forte à Genève, et dans toutes les villes industrieuses et riches; un moindre salaire nécessaire y procure un plus grand produit brut.

[Translation]

(6) We assume, for simplification, that the proportion of the necessary wages to the gross produce from them is constantly 2 to 5. According to the calculation which has been made from a country where industry is not so improved, we have adopted the assumption. The proportion is certainly much lower in Geneva, and in all industrious and rich cities, where the smaller necessary wages procures the larger gross produce.

Wednesday 25 March 2009

Book 1, chapter 4, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 96]

(5) Mr. Garnier (note XX. p. 181.) a remarqué avec raison que certaines professions improductives se distinguent par leur goût pour l’économie, que les domestiques particulièrement alimentent par leurs petits capitaux, fruits de leurs épargnes, une partie considérable du commerce des grandes villes. Ils appartiennent alors à la seconde classe de la société comme capitalistes, et à la cinquième comme valets; aussi leurs revenus sont-ils en partie directs, quant aux intérêts qu’ils perçoivent, et en partie indirects, quant aux gages qu’on leur paye.

[Translation]

(5) Mr. Garnier (note 20. p. 181) noted with reason that certain unproductive professions are distinguished for their taste for economy, and, in particular, that domestic servants activate a considerable part of commerce of big cities by their small capital, or fruits of their savings. They belong then to the second class of the society like capitalists, and to the fifth class like valets; therefore, their revenue is partly direct, as to the interest they receive, and is partly indirect, as to the wages they receive.

Book 1, chapter 4, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 93]

(4) Les gens de lettres et les musiciens sont des ouvriers productifs lorsqu’ils publient leurs œuvres, car la valeur de leur travail doit se trouver réalisée dans celle de leur manuscrit: ils sont improductifs au contraire lorsqu’ils se contentent de donner des leçons, de réciter, ou d’exécuter leurs compositions. Les peintres sont dans tous les cas des ouvriers productifs.

[Translation]

(4) Men of letters and musicians are productive labourers when they publish their works, because the value of their labour should turn out to be realised in the form of manuscript: on the contrary, they are unproductive when they are content to deliver lectures, to recite, or to finish their composition. Painters are productive labourers in both cases.

Tuesday 24 March 2009

Book 1, chapter 4, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 86]

(3) Voyez la note de la page 30. La subsistance des enfan[t]s de l’ouvrier doit être comprise dans son salaire nécessaire.

[Translation]

(3) See the footnote on page 30. The necessary wages of labourers must include the subsistence of their children.

Book 1, chapter 4, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 85-86]

(2) On s’étonnera peut-être que je calcule les revenus nationaux, avant de faire mention de deux autres espèces de capitaux que nous examinerons dans les deux chapitres suivan[t]s, le numéraire, et les créances ou le capital immatériel; mais ainsi que nous le verrons, le premier est absolument stérile, et ne produit point par soi-même d’accroissement de valeur ou de revenu; le second qui paroit [parait] bien donner aux particuliers une rente, n’en donne cependant point à l’État; le capital immatériel n’étant autre chose qu’un droit en participation au revenu du capital matériel; c’est donc uniquement dans l’accroissement du capital matériel et circulant que doit se trouver tout le revenu de la société.

[Translation]

(2) It may be surprising that I introduce the calculation of the national revenue before mentioning two other kinds of capital, which we will examine in the next two chapters; specie and credit or intangible capital. But the former is, as we will see it, completely sterile, and does not add to the value or the revenue by itself; the latter, even though it seems to bear a sort of rent to particular individuals, bears no rent to the state. The intangible capital is nothing but a sort of right to participation in distribution of the revenue borne by the tangible capital. Therefore it is exclusively to the increase of the tangible and circulating capital that we owe all the revenue of society.

Monday 23 March 2009

Book 1, chapter 4, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 83-84]

(1) La dépense des individus n’est pas toujours accompagnée de la destruction immédiate des objets qu’ils destinent à leur consommation, les habits, les meubles, les équipages, s’usent plus ou moins lentement, mais ne cessent pas d’exister comme les denrées dès qu’on en fait usage. D’autres objets, comme la vaisselle, les tableaux, les bijoux, peuvent durer des siècles; dès le moment où le dernier acheteur les a destinés à son usage, ils ne font plus partie du capital circulant, et ne produisent plus de revenu; ils sont retranchés d’entre les capitaux pour passer dans le fonds destiné à la dépense. La prolongation de leur existence est cependant un avantage, les particuliers ou la nation qui font un pareil emploi de leur revenu, restent plus riches que ceux qui consomment le leur dans le luxe de la table: cette richesse improductive et non encore consommée augmente en tout tem[p]s l’aisance nationale, et dans les jours de calamité, c’est une ressource, puisqu’on peut l’échanger contre une richesse plus utile.

[Translation]

(1) The expenditure of individuals is not always accompanied by immediate disappearance of the objects they consume; clothes, furniture, and utensils are used for a more or less long time, and do not cease to exist like foods as soon as they are used. Other objects, such as dishes, paintings, jewellery, can last for some centuries. Hardly has an end buyer made use of them before they cease to serve as circulating capital and to produce revenue; they are subtracted from the capital to be a part of the stock appropriated for the expenditure. The prolongation of their life is, however, an advantage, because the individuals or the nation who employ their revenue in such a way remain richer than those who consume theirs in the form of luxurious foods. That wealth which is unproductive and not yet consumed always increases the national comfort, and it is a resource in the days of calamity, because it can be exchanged for a more useful commodity.

Sunday 22 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 38

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 117-118]

   Si le luxe de quelque nature qu’il soit est toujours pour une nation une cause de ruine; il devient plus contraire encore à ses intérêts lorsqu’il consiste à maintenir es ouvriers improductifs; car comme nous l’avons vu, tout ce qui passe des mains des classes propriétaires à la classe improductive est perdu sans retour: c’est une aliénation définitive de la propriété nationale: or plus les classes propriétaires maintiendront d’ouvriers improductifs, moins elles pourront en maintenir de ceux qui produisent; plus on verra se multiplier chez un peuple les ménétriers, les comédiens, les coiffeurs et les valets-de-chambre, plus on verra diminuer chez lui, les artisans, les fabrican[t]s et les laboureurs. De tous les luxes le plus préjudiciable est donc celui qui faisant consister le faste et les plaisirs dans des jouissances fugitives, plutôt que dans le produit du travail d’ouvriers industrieux, n’ouvre point un marché où ces derniers puissent vendre leurs ouvrages, et n’encourage point leurs efforts.

[Translation]

   Thus the luxury is always a cause of decline for a nation, of whatever nature it may be. It should be still more adverse to the national interests when it consists in maintenance of unproductive labourers, since, as we have seen, all which pass from the hands of the proprietary class into those of the unproductive class are lost with no return. This loss is a definitive alienation of the national property. The more unproductive labourers the proprietary class will maintain, the less productive labourers the class can maintain for the very reason. The more fiddlers, actors, hairdressers and room servants you will see in a country, the less artisans, manufactures, and labourers you will see. Among the most harmful luxury is therefore that which, making splendour and pleasure consist in transient enjoyment rather than in the produce of labour of industrious labourers, does not open a market where these labourers may sell their works, and does not encourage their effort.

Saturday 21 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 37

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 115-117]

   Parmi les moyens qu’une politique moderne a mis en usage pour enrichir les nations, celui d’encourager leur luxe n’est pas un des moins bizarres: si un Gouvernement peut occasionner quelque grand rassemblement d’hommes riches, et les exciter à lutter les uns contre les autres par le déployement [déploiement] du plus grand faste, il croit avoir beaucoup opéré pour la prospérité des manufactures, et il s’entend applaudir de toutes parts, comme ayant fait répandre beaucoup d’argent. Il n’est pas douteux qu’il n’ait procuré aux marchands une vente plus avantageuse qu’ils ne l’auroient [auraient] eue sans cela: mais si les acheteurs se sont mis par leur ostentation dans l’impossibilité de faire les épargnes qu’ils étoient [étaient] disposés à faire, s’ils ont même dépassé leur revenu, et emprunté sur leur capital, ils ont fait à eux-mêmes et à la nation un mal bien plus considérable que le léger avantage qu’ils ont procuré aux marchands: La consommation des marchandises qu’on a tirées de leurs magasins s’est faite il est vrai d’une manière un peu plus prompte que dans le cours ordinaire des choses, mais au lieu d’être profitable, elle s’est faite d’une manière ruineuse. C’est comme si le Gouvernement faisoit [faisait] mettre le feu aux greniers des marchands de blé, et leur payoit [payait] ensuite généreusement tout le grain qu’ils contenoient [contenaient]: ces marchands pourroient [pourraient] se trouver fort bien d’une pareille vente, mais la nation y perdroit [perdrait] certainement; au lieu de deux valeurs, savoir le blé, et son prix, elle n’en auroit [aurait] plus qu’une; et le blé au lieu d’être consommé d’une manière profitable, l’auroit [aurait] été d’une manière ruineuse.

[Translation]

   Among the means of which the modern politics has made use in order to enrich a nation, to encourage it into luxury is not one of the commonest. If a government can hold any large assembly of rich men, and excite them to compete with one another for the greatest prominence in luxury, it believes that this works much on the prosperity of manufactures, and hears itself applauded all around as having made much money spent. It is true that it has procured for merchants an advantageous market they would not have had without that policy. But if the purchasers are too attached to ostentation to make a saving they was inclined to, if they have used up their revenue and eaten away their capital, they have done much more harm to themselves and the nation than they have done good to merchants. It is true that the consumption of the commodities bought from the merchants’ stores has been made in a little more prompt way than in the ordinary course of things, but in a ruinous way, instead of in a profitable way. This is as if the the government made a fire put on storehouses of corn merchants, and later paid generously for all the corn they stocked. These merchants could find themselves in profit through such a deal, but the nation would be in loss there. Instead of two values, namely the corn and its price, the nation would have only one value, and the corn would be consumed in a ruinous way, instead of in a profitable way.

Friday 20 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 36

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 115]

   Une nation ne s’enrichit que lorsque les particuliers qui la composent s’enrichissent, et qu’ils accroissent leur capital des économies qu’ils font sur leur revenu: aussi long-tem[p]s qu’ils font de semblables épargnes annuelles, quelles que soient leurs dépenses, on ne peut guère les considérer comme étant de luxe, ce n’est que l’honnête aisance que comporte leur état; mais si cet esprit d’ordre fait place à l’amour du plaisir ou de l’ostentation, et qu’à prendre la masse des citoyens, l’un compensant l’autre, il ne se fasse plus d’épargnes annuelles, la nation s’est abandonnée à un luxe qui arrête ses progrès vers la prospérité; si cet amour du plaisir entraîne à des dissipations, et si les revenus nationaux ne suffisent plus aux dépenses, la nation est en proie à un luxe qui la ruine.

[Translation]

   A nation is only enriched when individuals who compose it are enriched, and when they add to the capital the saving they make from their revenue. As long as they make such a saving annually, their expenditure is not regarded as luxury, however much it may be, but is just real richness their condition permits them to enjoy. But if this spirit of order give way to an attachment to pleasure or to ostentation, and if, one offsetting the other on the whole, there is no annual saving any longer, then the nation is indulged in luxury which checks the progress towards prosperity; if this attachment to pleasure leads to dissipation, and if the national revenue is no longer sufficient for the expenditure, the nation is enslaved by luxury which ruins it.

Thursday 19 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 35

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 114-115]

   La consommation encourage certainement la production, et comme le marché le plus important pour les ouvriers productifs est celui de leur propre pays, on ne peut disconvenir qu’une nation qui ne consommeroit [consommerait] que très-peu de chose, ne pût se trouver embarrassée pour placer au dehors ses productions, si elles étoient [étaient] considérables. Une grande disproportion ne peut probablement se soutenir long-tem[p]s entre les productions et la consommation d’un peuple, que lorsque son territoire est fort resserré; c’étoit [était] le cas de Genève et des villes anséatiques [hanséatiques] et impériales; c’est à leur heureux esprit d’économie, que les unes et les autres ont dû le rapide accroissement de leurs richesses: mais si l’on ne peut guère se flatter de voir un grand peuple profiter des mêmes avantages, du moins ne faut-il pas l’exciter à se jeter dans l’excès opposé, et lui représenter le luxe comme devant être pour lui une source d’opulence.

[Translation]

   Although the consumption certainly encourages the production, and the most important market for productive labourers is that of their own country, it is undeniable that a nation who consumes a little amount could feel free to put its production abroad if the production were huge. Probably only in courtiers with their extremely small territories does the large disproportion last for a long time between the production and consumption of their nation. This was the case with Geneva, and Hanseatic and Imperial cities. It is due to their happy spirit of economy that all these cities had the wealth grow rapidly. You cannot, however, expect to see the nation of a large country enjoy the same advantages as small, while you should not excite it to go to the other extreme, and tell it of the luxury as leading it to opulence.

Wednesday 18 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 34

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 111-114]

   Comme la richesse mobiliaire [mobilière] n’est jamais produite que pour être appliquée ensuite à l’usage de l’homme, il existe un rapport nécessaire entre la production totale, et la consommation totale du monde commerçant; car si le produit mobilier du travail d’une année pour tout le genre humain, surpassoit [surpassait] sa consommation de la même année, il y auroit [aurait] un excédant à consommer pour l’année suivante, qui décourageroit [découragerait] d’une production ultérieure, en la rendant inutile (9). De la même manière une nation qui n’auroit [aurait] aucun commerce extérieur, ne pouvant exporter le surplus de sa production, seroit [serait] obligée de le consommer tout entier: mais une nation qui a un commerce extérieur peut exporter tout cet excédent, et par conséquent peut économiser de deux manières sur son revenu, et accroître de deux manières son capital. La première qui est à la portée de toutes les nations et du monde commerçant tout entier aussi bien que de chacune de ses parties, c’est de destiner chaque année une plus grande proportion des produits du travail à fournir le salaire nécessaire, et par conséquent à préparer de plus grands revenus pour l’année suivante; comme un fermier peut augmenter chaque année ses semailles en proportion de l’augmentation de ses récoltes, ou même dans une proportion supérieure encore à cette augmentation. La seconde manière d’économiser sur ses revenus ne peut convenir qu’à une nation qui a un commerce extérieur, et qui trouve dans son voisinage d’autres nations moins économes et moins sages qui ont besoin d’elle; c’est de leur vendre, ou pour mieux dire de leur prêter l’excédent de sa production; comme le fermier auquel nous l’avons comparée, s’il est à portée d’un marché, vendra tout l’excédent de son blé qu’il ne voudra pas semer; tandis que s’il ne veut pas le vendre, il accroîtra sa famille et son train d’agriculture, en sorte que l’augmentation de sa consommation se proportionne toujours à l’augmentation de ses récoltes.

[Translation]

   Since the movable wealth is only produced for its later application to human use, there is a necessary relation between the total production and the total consumption of the commercial world. For, if the movable produce of labour in a particular year for the human race exceeds its consumption of the same year, there would be some surplus to consume in the following year, which would discourage a part of the production in this year (9). Likewise, a nation with no foreign trade would be obliged to consume the whole of it, for it could not export the surplus of its production. But a nation with foreign trade can export all this surplus, and, consequently, can in two ways save from its revenue and add to its capital. The first way, available to all the nations, and to the commercial world as a whole as well as each part of the world, is by allotting every year a larger proportion of the produce of labour to the necessary wages, and, consequently, by saving the larger sum from the revenue for the following year; as a farmer can increase every year his grains at as high a rate as his harvest, or even at a still higher rate. The second way to save from revenue is only available to a nation who trades with foreign countries, and who finds in its neighbourhood less economical and less wise nations who need it. This way is by selling them, or more properly speaking, by lending them the surplus of its production; as the farmer to which we have compared to the nation, if he is near a market, will sell all that surplus of his corn which he will not sow, while he will multiply his family and his pace of agriculture if he does not want to sell it, so that the increase of his consumption is in proportion to that of his harvest.

Tuesday 17 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 33

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 110]

   Lorsqu’une nation s’enrichit, ce qui revient toujours à dire lorsqu’elle consacre chaque année une plus grande masse de richesse mobiliaire [moblière] avancer le salaire nécessaire, et à fournir l’entretien d’un plus grand nombre d’ouvriers productifs, elle les fait naître, elle les appelle de l’étranger, ou elle les élit d’entre les hommes qui composent la classe improductive. Mais pour les déterminer au travail, il ne suffit pas de leur offrir le salaire nécessaire; c’est par un partage plus libéral du superflu que les capitalistes les y engagent; c’est en leur offrant un salaire assez considérable pour vaincre la nonchalance ou les préjugés, et pour faire envisager, ainsi que dans l’Amérique libre, le travail manuel comme l’une des sources les plus abondantes de revenu. Aussi est-ce chez les nations dont la prospérité va en crossant qu’il y a le plus de jouissances, et la plus grande massé de bonheur pour la classe moins aisée de la société, pour celle dans laquelle il dépend de chacun d’entrer (8).

[Translation]

   If a nation is ascending, a fact which means that it allots a larger amount of the movable wealth for advance of the necessary wages every year, and for supply of provisions to a larger number of productive labourers, it proliferates them domestically, calls labourers of the same sort from abroad, or turns unproductive into productive labourers. But, in order to determine them to labour, it is not sufficient to offer them the necessary wages. It is by permitting them to participate in a more liberal distribution of the surplus that the capitalist engages them in labour; that is, by offering them wages high enough to dispel easy-going ways or prejudices, and to make them think of manual labour as one of the richest sources of revenue, as in the Independent America. Therefore, it is in countries which make gradual progress toward prosperity that the worse-off class of the society, into which it depends upon each to enter, live the most joyful and happiest life (8).

Monday 16 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 32

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 108-109]

   C’est seulement le salaire nécessaire, et non pas le salaire total des ouvriers productifs, qui détermine la masse de travail mise en mouvement, et qui se retrouve en entier dans la production; le salaire superflu est destiné par l’ouvrier à son luxe et à ses jouissances; tantôt il échange l’étroit nécessaire auquel il a droit contre des alimen[t]s et des vêtemen[t]s plus de son goût, tantôt il consacre ce superflu qui forme son revenu à l’entretien d’ouvriers improductifs qui contribuent à ses plaisirs, tantôt ce superflu lui est enlevé par les impôts du Gouvernement pour maintenir d’autres ouvriers improductifs qu’on suppose utiles à sa défense. Ces différen[t]s emplois du salaire superflu entrent tous également dans la classe des dépenses nationales et quelle que soit la proportion entre le salaire superflu et le nécessaire, si celui-ci reste le même, la valeur de la production n’en est pas altérée; elle ne l’est pas même, soit que l’ouvrier ne puisse obtenir du capitaliste aucun salaire superflu, soit que celui-ci lui soit enlevé en entier par lei impôts. Mais dans l’un et l’autre cas un homme sensible ne peut voir sans douleur la classe la plus intéressante de la nation; celle qui la nourrit toute entière du fruit de ses sueurs, privée de toutes ses jouissances, pour en faire le partage de gens oisifs, ou qui lui sont à charge.

[Translation]

   It is only the necessary wages, not the total wages of productive labourers, that determine the amount of the employed labour, and that are found again as a whole in the production. The labourers allot the surplus wages for their luxury and enjoyment. Sometimes they exchange those basic necessaries to which they have the right for foods and clothing better to their taste. Sometimes they allot that surplus which forms their revenue for maintenance of unproductive labourers who contribute to their pleasure. Sometimes they are deprived of the surplus by taxation of the government in order to maintain other unproductive labourers who are supposed to serve their defence. These different employments of the surplus wages all enter into the class of the national expenditure, and, whatever proportion between the surplus and the necessary wages, the value of the production is unchanged as far as the necessary wages remain the same. It is unchanged even if the labourer may obtain no surplus wages from capitalists, or even if he may be deprived by all the surplus wages by taxation; though, in both the cases a sensible man cannot see without sorrow the most interesting class of the nation, who provide the nation with all the fruit of their toil, deprived of all their joys, in order to distribute them among idle men, or those of whom they take care.

Sunday 15 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 30-31

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 104-108]

   L’on voit donc que la plus importante des observations à faire sur l’accroissement ou le déclin de la prospérité nationale, c’est la comparaison du salaire nécessaire avancé dans l’année courante, avec celui avancé dans la précédente; puisque selon que la différence est nulle, ou qu’elle est une quantité positive ou négative, la nation peut s’enrichir ou se ruiner, lors même que la situation de son commerce étranger sembleroit [semblerait] indiquer des résultats contraires (7).
   Ainsi donc la balance générale des exportations et importations, qu’on connoît [connaît] sous le nom de balance du commerce, lors même qu’on la calculerait avec exactitude (chose extraordinairement difficile) ne suffire point pour prononcer si une nation est dans un état rétrograde, ou de prospérité croissante; à moins qu’on ne la combina avec la seule observation déterminante, savoir la proportion entre le salaire nécessaire à retrancher du prix de la production obtenue, et le salaire nécessaire avancé pour une production à obtenir.

[Translation]

   Therefore, you see that the most important observation regarding the growth or decline of the national prosperity is the comparison of the necessary wages advanced in the current year with those of the previous year; since the nation can be ascending or declining according as the difference is null, positive or negative, though the situation of its foreign trade would seem imply contrary results (7).
   Therefore, the general balance of exportation and importation, which is understood in the name of the balance of trade, even if it should be exactly calculated (extraordinarily difficult), does not suffice to tell us whether a nation is in a retrogressive or progressive state in prosperity, unless it coincides with the only determinant observation, that is, the proportion between the necessary wages to be deducted from the price of the production of the current year, and those advanced for the production of the next year.

Saturday 14 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 27-29

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 103-104]

   Supposons à présent que les trois Cantons au lieu d’avancer un salaire nécessaire plus considérable en lieu, avancent précisément le même qu’en 1799, toutes les antres circonstances restant les mêmes, leur bilan sera comme suit:

Revenus.Dépenses.Epargnes.
de A.6,000,000.6,000,000000.
de B.6,150,000.5,900,000250,000.
de C.5,850,000.6,000,000Defic. 250,000.

   Auquel cas le premier reste stationnaire, le second s’enrichit et le troisième se ruine.
   Supposons enfin que les trois cantons se ruinent chacun consacrant en 1800, 400,000l. de moins au salaire nécessaire qu’il ne faisoit [faisait] en 1799, leur bilan pour cette année sera comme suit:

Revenus.Dépenses.Déficit.
de A.6,000,000.6,400,000.400,000.
de B.6,150;000.6,300,000.150,000.
de C.5,850,000.6,400,000.650,000.

[Translation]

   Next, let us suppose that the three cantons make an advance of the same sum on necessary wages in 1800 as in 1799, instead of the larger sum. Given that all other circumstances remain the same, their balance will be as below.

RevenueExpenditureSaving
A6,000,0006,000,0000
B6,150,0005,900,000250,000
C5,850,0006,000,000-250,000

   In this case, the first remains stationary, the second is ascending, and the third declining.
   Lastly let us suppose that the three cantons are declining, each allotting 400,000l. less for necessary wages in 1800 than in 1799. Then their balance in the year of 1800 will be as below.

RevenueExpenditureSaving
A6,000,0006,400,000-400,000
B6,150,0006,300,000-150,000
C5,850,0006,400,000-650,000

Friday 13 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 26

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 102-103]

   Que le canton C. fasse aussi un commerce avec l’étranger, mais tel que sa consommation surpasse sa production pour la valeur de 250,000 l. en sorte qu’if emprunte des étrangers cette somme en marchandises, par delà celles qu’il obtient d’eux par des échanges; le produit de son travail en 1800 n’arrivant à valoir que 9,750,000 l., en suivant la même proportion, nous devons supposer que le salaire nécessaire avancé par lui en 1799, ne montoit [montait] qu’à 3,900,000l. Si comme les deux autres il avance en 1800, l. 400,000 de plus que l’année précédente, en salaire nécessaire, l’économie qu’il aura faite dans l’année ne sera que de 150,000l. tandis que A. en aura fait une de 400,000l. et B. une de 650,000l. car dans cette première supposition le bilan de ces trois cantons est comme suit:

Revenus.Dépenses.Epargnes.
de A.6,000,000.5,600,000.400,000.
de B.6,150,000.5,500,000.650,000.
de C.5,850,000.5,700,000.150,000.

[Translation]

   Suppose that canton C also trades with foreign countries, but that its consumption is over its production by the value of 250,000l., so that it borrows from them the sum in the form of commodities, as well as it obtains commodities from them in exchange. The produce of its labour in 1800 amounts to as small as 9,750,000l., and we should, according to the same proportion, suppose that the necessary wages advanced by it in 1799 amounted only to 3,900,000l. If, in 1800, like the two others, canton C makes an advance of 400,000l. more than in the previous year, it will make only a saving of 150,000l. in the year, while canton A will make a saving of 400,000l., and B of 650,000l., for the balance of these three is as below according to these suppositions.

RevenueExpenditureSaving
A6,000,0005,600,000400,000
B6,150,0005,500,000650,000
C5,850,0005,700,000150,000

Thursday 12 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 24-25

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 100-102]

   Que le Canton A. ne commerce point avec l’étranger, sa production sera par conséquent égale à sa consommation; qu’en 1799 les capitalistes qu’il contient aient avancé quatre millions en salaire nécessaire, ce qui leur a produit en 1800 un travail fait valant dix millions, soit six, millions de revenus à répartir entre tous les habitan[t]s; si en 1800 le Canton consacre 4,400,000 l. au salaire nécessaire, il s’en faudra de 400,000 liv. qu’il ait mangé tout son revenu, aussi aura-t-il d’après la même proportion onze millions de produit brut en 1801. soit 6,600,000 l. de revenu, et ainsi de suite.
   Que le Canton B. commerce avec l’étranger, de telle sorte que sa, production surpasse sa consommation, et qu’il vende au dehors pour 250,000 l. de plus qu’il n’en retire, si bien qu’il reste créancier des étrangers pour cette somme: Que le produit de son travail valant 10,250,000 l., soit le fruit d’un salaire nécessaire de 4,100,000 l. avancé en 1799 (6). En 1800 sa consommation ne montant qu’à 10 millions il aura économisé la créance qu’il aura faite à l’étranger. S’il peut de plus comme le Canton A. consacrer 400,000 l. à augmenter le salaire nécessaire, il sera plus riche que ce premier, de toute la valeur de sa créance.

[Translation]

   Suppose that canton A has no trade with any foreign country, and its production will consequently equal its consumption; in 1799 capitalists in the canton had made an advance of 4,000,000l. on necessary wages, which made that labour performed for them in 1800 whose value was 10,000,000l., that is, which produced the revenue of 6,000,000l. to be distributed among all the habitants; if in 1800 the canton allots 4,400,000l. for necessary wages, it will consume less than the whole revenue by 400,000l., and therefore will have the gross produce of 11,000,000l. in 1801 according to the same proportion; that is, the revenue will be 6,600,000l., and so forth.
   Suppose that canton B trades with foreign countries, so that its production is over its consumption, and that it sells 250,000l. more to them than it buys from them, so that it is a creditor against them by the sum. Suppose, furthermore, that the produce of its labour, whose value is 10,250,000l., is from the necessary wages of 4,100,000l., which was advanced in 1799 (6). In 1800, its consumption will amount to as small as 10,000,000l., and will have had the credit which it will give to the foreign countries. If it can allot 400,000l., like canton A, for addition to the necessary wages, canton B will be richer than the canton A by as much as the value of the credit.

Wednesday 11 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 22-23

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 99-100]

   Comme cette manière de présenter la balance nationale est absolument nouvelle, qu’elle est fort importante bien saisir, et faut chercher à dissiper toute l’obscurité qui peut l’envelopper encore, nous représenterons par des chiffres le revenu, les dépenses, le salaire nécessaire, et les créances, que noue supposerons à de petites nations, pour expliquer les différentes altérations que peut subir la balance de leurs revenus.
   Supposons qu’il existe trois Cantons ou petits peuples marchands, dont la consommation soit précisément égale, celle de chacun d’eux montant en l’an 1800 à dix millions de livres. Désignons ces trois Cantons par les lettres A. B. et C. D’après le système des économistes, et même d’après celui de plusieurs mercantiles, la consommation est la mesure de la reproduction, en sorte que ces trois peuples devroient [devraient] se trouver au même degré de prospérité; cependant nous allons voir au contraire qu’avec une consommation égale, selon que leur industrie s’accroît ou se ralentit, selon aussi l’état de leurs créances ou de leurs dettes envers les étrangers, chacun de ces peuples peut avancer un plus ou moins grand salaire nécessaire, et jouir d’un plus ou moins grand revenu.

[Translation]

   This formulation of the national balance is completely new, its full understanding is very important, and you need to try to dispel all obscurities which may still haunt it. Therefore we will represent by numerical examples the revenue, the expenditure, the necessary wages and the external credit. Then we will suppose small nations, in order to explain the variety of alterations to which the balance of their revenue can be subject.
   Let us suppose that there existed three cantons, or small commercial nations, that they were equal in consumption, and the consumption of each nation amounted to 10,000,000 livres in 1800. Let us make the letters A, B, and C designate these three cantons. According to the system of the Economistes, and even to that of some mercantilists, consumption is the measure of reproduction, so that these three nations would be thought to enjoy the same level of prosperity. But we will see on the contrary that, given that consumption is constant, according as their industry is progressive or stagnant, and also according to the state of their external credit or debt, each of these nations can make a more or less advance on the necessary wages, and can enjoy larger or smaller revenue.

Tuesday 10 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 21

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 98-99]

   Si la nation dont nous parlons, fait un commerce avec l’étranger, il pourra consister principalement dans l’échange de ses productions contre d’autres productions, sa consommation pourra être égale à la valeur des fruits de son travail annuel; mais elle pourra aussi échanger partie de ses marchandises contre des créance sur l’étranger, et prêter aux nations avec quelles elle commercera; ou au contraire elle pourra donner en retour contre les marchandises de l’étranger des créances sur elle-même; c’est-à-dire emprunter des nations avec lesquelles elle trafique. Dans le premier cas sa dépense sera égale à sa production moins le salaire nécessaire qu’elle avance et les prêts qu’elle a faits; dans le second elle sera égale à sa production jointe aux emprunts qu’elle a faits, moins le salaire nécessaire qu’elle avance. Cela doit être ainsi, puisque dans la première supposition il s’en faut de toute la valeur de ses créances que sa consommation égale sa production, et que dans la seconde, la consommation surpasse la production d’une valeur égale à celle de ses dettes.

[Translation]

   If the said nation carries on foreign trade, it is likely that the trade will consist principally of exchanges of its produce for other nations’ produce, and that its consumption will be equal in value to the produce of its annual labour. But it is likely, too, that the nation will exchange a part of its commodities for bills of credit on foreigners, and will supply loans to the nations with which it will trade, or, on the contrary, that the nation will exchange bills of credit on itself in return for foreign commodities, that is, will make loans from the nations with which it trades. In the former case, the expenditure of the nation will be equal to its production minus the necessary wages on which it makes an advance and the loan it has supplied. In the latter case, its expenditure will be equal to its production plus the loan it has made, minus the necessary wages on which it makes an advance. The calculation should be so, in the former case because the consumption would equal the production if the nation consumed more by the value of the external credit, and in the second case because the consumption is in excesses of the production by as much as the value of the external debt.

Monday 9 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 20

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 96-98]

   Supposons une nation qui n’ait point habituellement de commerce extérieur, le produit de son travail sera conséquemment égal à sa consommation; car si elle produisoit [produisait] plus qu’elle ne peut consommer, ne faisant point d’exportation, une partie des fruits de son travail lui seroit [serait] inutile, il baisseroit [baisserait] de prix, et arrêteroit [arrêterait] la production pour l’année suivante. Malgré cet isolement, et cette égalité entre la production et la consommation, la balance entre les revenus et les dépenses, peut cependant être égale favorable, ou défavorable. Elle sera égale si les trois classes productives consacrent au salaire nécessaire une portion de richesse mobiliaire [mobilière] précisément égale à celle qu’elles lui avoient [avaient] consacré l’aimée précédente; car alors déduisant deux sommes égales, de deux quantités égales, savoir la consommation et la production, les restes seront égaux, la nation n’aura ni perdu ni gagné; un salaire nécessaire égal mettra en mouvement l’année suivante un travail égal, et le revenu sera le même. Elle sera favorable, si la dépense des trois classes productives est moindre que leur revenu; ce qui ne peut se faire que parce que le salaire nécessaire qu’elles avancent cette année est plus considérable que celui, qu’elles ont avancé l’année précédente; la consommation et la production étant égales, et toute la différence entr’elles étant que de la première il faut retrancher le salaire nécessaire de l’année passée, pour avoir le revenu, et de la seconde le salaire nécessaire de l’année courante pour avoir le dépense; un plus grand salaire nécessaire mettra cette année plus de travail en mouvement, et le revenu de l’année prochaine sera plus considérable. Si chaque année il se fait de même une économie sur les revenus, ceux de l’année suivante augmenteront progressivement; et les richesses de l’État iront toujours en croissant, sans qu’il ait besoin pour cela d’aucun commerce avec l’étranger. Enfin elle sera défavorable, la dépense des trois classes productives, surpasse leur revenu, car alors comme chaque année elles avancent un moindre salaire nécessaire, chaque année le revenu national décroîtra, sans que son déclin nécessite aucune exportation, on qu’aucune nation étrangère, en profite.

[Translation]

   Let us suppose that a nation does not usually carry on foreign trade, and the produce of its labour will be consequently equal to its consumption; since if the nation produced more than it can consume and did not export anything, a part of the fruits of its labour would be useless to the nation, would fall in price, and would depress the production for the following year. In spite of this separation and equality between the production and consumption, however, the balance between the revenue and expenditure can be equal, favourable or unfavourable. It will be equal if the three productive classes allot for the necessary wages a portion of movable wealth exactly equal to that allotted for them in the previous year. This is because, if you subtract two equal values respectively from the two equal values (the consumption and the production), you will have the differences equal, which means that the nation will neither win nor lose. If the necessary wages are constant, the same quantity of labour will be employed in the following year, and the revenue will remain the same. The balance will be favourable if the expenditure of the three productive classes is smaller than their revenue; this take place only when the necessary wages advanced for the year are larger than those for the previous year. The consumption and the production are equal, and all the difference comes from the fact that you can find the revenue by subtracting the necessary wages of the previous year from the consumption, while you can find the expenditure by subtracting the necessary wages of the current year from the production. In this case, a larger quantity of the necessary wages will employ more labour this year, and the revenue of the following year will be larger. If the nation economises on the revenue at the same rate every year, the revenue will progressively increase year by year, and the wealth of the state will always and gradually rise, with no need for revenue from foreign trade. Finally, the balance will be unfavourable if the expenditure of the three productive classes surpasses the revenue, since, as they advance a smaller quantity of the necessary wages every year, the national revenue decreases year by year, a decrease which necessitates no exportation, and which is of no benefit to any foreign country.

Sunday 8 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 18-19

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 94-96]

   Les revenus et les dépenses de la société se présentent donc ici à nous sous un troisième point de vue; les premiers sont ceux d’une partie de la nation qui en est seule propriétaire, les secondes sont celles de la même partie de la nation qui fournit aux autres leur nourriture.
   Si les dépenses des trois classes productives surpassent leurs revenus, la nation doit indubitablement s’appauvrir; à moins que la classe improductive ne fasse sur le revenu qu’elle obtient, des économies aussi considérables que l’est le déficit à la balance des premières, et qu’elle ne replace dans la circulation autant de capitaux que celles-ci en auront retiré; or on n’a pas lieu de s’y attendre. Il n’est guère possible que les classes productives dissipent jamais leurs capitaux, à moins qu’elles n’y soient contraintes par la violence ou la ruse; c’est donc entre les mains de la troisième section de la classe improductive que passeront les capitaux qui leur seront enlevés. Cette section composée des suppôts d’un Gouvernement tyrannique, de brigands, et de voleurs, ne thésaurise jamais, parce qu’elle compte sur les mêmes moyens pour se procurer de nouveaux fonds, après que ceux qu’elle possède seront dissipés. Il semble que c’est ce qui arrivoit [arrivait] dans presque toutes les provinces de l’Empire Ottoman, et plus particulièrement en Egypte, où les Mammelues [Mamelues] dissipoient [dissipaient] par leur faste, non pas les revenus seuls, mais les capitaux des classes productives. Au reste ceux de la quatrième classe qui accumulent des richesses, soit qu’ils les fixent ou qu’ils les fassent circuler, entrent par le fait, et pour cette partie de leur fortune, dans une des classes productives, en sorte qu’ils sont compris dans notre balance générale (5).

[Translation]

   The revenue and the expenditure of society can therefore be seen here from the third point of view. The former is the revenue of a part of the nation, who are the only proprietors of the society, and the latter is the expenditure of the part, who provide the rest of the nation.
   If the expenditure of the three productive classes surpasses their revenue, the nation should certainly be impoverished. Admittedly it would be the case if the unproductive class had not economise so much on the obtained revenue, that the surplus of the former class may be equal to, or more than, the deficit of the latter classes, and if the former had not set back as much capital into circulation as the latter will withdraw from it. But there is no reason to expect such a thing to happen. It is hardly possible that the productive classes ever dissipate their capital unless they are forced to by violence or trickery. Therefore, if the capital of the productive classes is eroded, the decrement will get in the hands of the third section of the unproductive class. This section, composed of officials of a tyrannical government, brigands, and thefts, never hoards money, since the section depends, after the money in its possession is dissipated, upon the same means in procuring another sum of money. It seems that this happened in almost all provinces of the Ottoman Empire, and more particularly in Egypt, where mamelukes dissipated not only the revenue but also the capital of the productive classes for conspicuousness. Besides, those of the fourth class who accumulate some wealth, whether in the form of fixed capital or circulating capital, belong to one of the productive classes, due to the fact and for this part of their fortune, so that they are included in our general balance (5).

Saturday 7 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 17

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 92-94]

   La classe qui n’a point de revenus peut se diviser en trois, parce qu’elle met en œuvre trois moyens différen[t]s pour partager ceux des classes productives. Le premier c’est d’embrasser la défense des intérêts des autres, moyennant une rétribution prise sur leurs biens; les revenus d’un Gouvernement légitime, d’un établissement militaire proportionné au besoin de la nation, des juges, des avocats, des médecins, des ministres du culte, proviennent de cette source. Le second expédient c’est de vendre des jouissances, à ceux qui ayant un revenu superflu, en consacrent une partie à nourrir leur esprit, à satisfaire leurs sens, ou à flatter leur vanité; à cette seconde section appartiennent les revenus des philosophes; des poètes, des musiciens (4), des comédiens; ceux des perruquiers, barbiers, baigneurs, etc. ceux enfin de tous les domestiques d’une maison. La troisième section de la classe improductive obtient gratuitement partie du bien d’autrui par la violence, ruse, ou la pitié; les Gouvernemen[t]s despotiques et injustes, ou même trop dispendieux, avec tous ceux qu’ils salarient; ainsi que les brigands, les voleurs de toute dénomination, et les mendions, appartiennent à cette section. Les trois classes productives contribuent toutes plus ou moins comme on voit au maintien de la classe improductive en sorte que les dépenses de celle-ci sont toutes passées en compte dans les leurs. Aussi la dépense nationale est-elle égale à la masse de richesse mobiliaire [mobilière] que les trois classes productives ont ou consommée elles-mêmes, ou aliénée définitivement et sans espoir de la voir renaître; ce qui comprend les impôts que les citoyens de ces trois classes ont payé au Gouvernement, les rétributions qu’ils ont accordées à tous ceux qui ont contribué à leur bien être, et les portions de leur revenu saisies par la force, la fraude, ou la pitié; tandis que cette définition ne comprend point au contraire le salaire nécessaire, parce qu’il n’est jamais une aliénation définitive.

[Translation]

   The class which has no revenue can be divided into three sections, because it makes use of three different means in order to participate in the distribution of the revenue of the productive classes. The first means is by carrying on defence of interests of the rest of the society, in return for some remuneration withdrawn from their wealth; from this source comes the revenue of legitimate governments, of military establishments in proportion to the national needs, of judges, of lawyers, of doctors, and of religious ministers. The second is by selling some pleasant services to those who allot a part of their surplus revenue for enrichment of their minds, for gratification of their desires, or for satisfaction of their vanity. To this second section belong the revenue of philosophers, poets, musicians (4), actors, that of wigmakers, barbers, keepers of bathhouses, and finally that of all kinds of domestic servants. The third section of the unproductive class obtain a part of the wealth of the rest of the society for nothing, by means of violence, trickery, or pitifulness; not only brigands, all sorts of tricksters, and beggars but also despotic and unjust governments or even excessively liberal governments (and all those whom they remunerate) belong to this section. The three productive classes all contribute more or less, as you see, to maintenance of the unproductive class, so that all the expenditure of the unproductive is counted in that of the productive. Therefore, the national expenditure is equal to the quantity of the movable wealth the three productive classes have consumed for themselves or have alienated forever and with no hope to retrieve them; this includes the taxes the citizens of these three class have paid to the government, the remuneration they have made for all those who have contributed to their well-being, and those portions of their revenue they have been deprived of by means of force, fraud or pity. Yet this does not include, on the contrary, the necessary wages by definition, because they are no eternal alienation.

Friday 6 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 15-16

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 91-92]

   Les propriétaires des capitaux fixes et des terres, y participent enfin, pour toute la valeur que le travail fixé ajoute au travail annuel de l’homme, ou pour leur rente.
   Ces trois classes que l’on pourroit [pourrait] appeler productives, créant le revenu national qu’elles possèdent en totalité, doivent aussi en dernière analyse supporter toute la dépense, en sorte que leur bilan doit être celui de la nation: la principale de ces dépenses est celle de nourrir la classe improductive, qui vit absolument à leurs frais; celle-ci est composée de gens très utiles à la société, et de gens qui lui sont très nuisibles; de tout ce que nous respectons le plus, et de tout ce que nous méprisons davantage; ce n’est que sous un rapport pécuniaire que l’on peut réunir sous un seul point de vue des personnes qui se ressemblent aussi peu que les magistrats, les gens de lettres, les militaires, d’une part, les mendian[t]s, les prostituées, et les voleurs de l’autre; avec une foule de rangs intermédiaires, qui de même que les précéden[t]s, vivent aux dépens des trois premières classes de la société.

[Translation]

   Finally, owners of fixed capital and of land also participate in the distribution for all the value the fixed labour adds to the annual labour of man, or for their rent.
   These three classes you could call productive, creating the national revenue they possess as a whole, should also after all support all the expenditure, so that their account should be that of the nation: the principal section of all the expenditure is to feed the unproductive class, who live completely at the cost of the three classes. These unproductive class is composed of those useful to the society, and those harmful to the society; of those whom we respect the most, and of those whom we scorn the most; it is only in a cash nexus that you can lump together some people who have as little in common as magistrates, men of letters, militants, on one hand, and beggars, prostitutes, thieves, on the other hand. Furthermore, you can include there the mass of intermediary ranks, who live at the expense of the first three classes of the society, like those enumerated above.

Thursday 5 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 12-14

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 90-91]

   Le revenu de la société n’étant donc autre chose que le produit annuel de son travail, moins le salaire nécessaire qui l’a mis en mouvement, il s’agit à présent de voir comment s’en fait la distribution entre tous les citoyens. On peut à cet égard diviser la nation en six classes, dont trois participent directement à ses revenus, et trois autres n’y ont proprement aucune part, mais se font un revenu de celui d’autrui: ces trois dernières peuvent être réunies en une seule, que j’appellerai la classe improductive.
   La première classe qui partage le revenu national, est celle des ouvriers productifs, lesquels outre le salaire nécessaire, obtiennent presque toujours une partie plus ou moins considérable du superflu de leur propre production; ils peuvent ou l’économiser, ou la consacrer à leurs jouissances; j’appellerai cette part, le salaire superflu.
   Les propriétaires de la richesse mobiliaire [mobilière], tant ceux qui prêtent leurs capitaux, que ceux qui les mettent en mouvement, prennent pour leur part dans ce revenu, toute la valeur de leurs profits, ou toute la part du superflu de produit du travail, que l’ouvrier leur abandonne en rétribution de leurs avances.

[Translaiton]

   Therefore, now that the revenue of society is nothing but the annual produce of its labour minus the necessary wages which have set the labour in motion, it is necessary to see how the revenue is distributed among all the citizens. In this regard you can divide the nation into six classes, three of which take part directly in this distribution, and the others of which do not literally take part but obtain some revenue from that of others: these last three can be united into a single category, which I will call the unproductive class.
   The first class of those among whom the national revenue is distributed is of productive labourers, who, in addition to the necessary wages, may almost always obtain a more or less considerable part of the surplus of their own production. They can save it or allot it for their enjoyments; I will call this part the surplus wages.
   Owners of movable wealth (those who lend their capital as well as those who put it at work) take all the value of their profits or all the surplus part of the produce of labour for their share in this revenue, a part which labourers yield to them for returns on their advances.

Wednesday 4 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 10-11

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 88-90]

   Le salaire nécessaire doit être évalué en marchandises, en denrées, en objets de nécessité première pour les ouvriers; il est alors toujours le même relativement au travail qu’il met en mouvement, c’est-à-dire que la même masse de nourriture et de vêtemen[t]s est toujours nécessaire pour déterminer l’emploi permanent de toutes les forces d’un ouvrier; cependant l’ouvrage qu’il peut faire par l’emploi de toutes ses forces, s’accroît avec l’avancement de la société, lorsque par la multiplication de ses capitaux les métiers sont mieux divisés, et que chacun est assisté par de meilleurs outils.
   Lorsqu’une mauvaise récolte, ou des impôts mal entendus, font hausser le prix des vivres, le salaire nécessaire exprimé en numéraire paroît [paraît] plus considérable, il est le même en effet; c’est toujours une quantité égale de nourriture et de vêtemen[t]s strictement nécessaires, aussi malgré cette altération dans la valeur numérique, le produit du travail qu’il met en mouvement est-il le même; mais si des gens oisifs ou des ouvriers improductifs entreprennent un travail productif, la somme du salaire nécessaire sera réellement augmentée, aussi produira-t-elle pour l’année suivante une plus grande masse de richesses dans leur travail, et pour cette année une diminution dans la dépense, partie de leur consommation étant retranchée de la dépense nationale, pour être comptée dans le salaire nécessaire.

[Translation]

   The necessary wage should be evaluated in terms of commodities, staples, objects of the first necessity for labourers. Thus it is always the same in relation to the labour it put at work; that is, the same amount of foods and clothing is always necessary to determine the permanent employment of all powers of a labourer. However, the work he can perform with the employment of all his powers increases with the advancement of society, when the professions are more divided due to the multiplication of his capital and each profession is assisted with better tools.
   When the prices of provisions rise due to a bad harvest or a wrong taxation, the necessary wage appears to be increased in monetary terms, and still it is really the same. This is always a quantity equal to the strictly necessary amount of foods and clothing, and in spite of this alteration in monetary terms the produce of labour it put at work is the same. But if some prodigal men or unproductive labourers undertake a sort of productive labour, the sum of necessary wages will be really increased, and will produce a larger amount of the wealth through their labour for the next year, and a fall in the expenditure for this year, because a part of their consumption is deducted from the national expenditure to be included in the necessary wages.

Tuesday 3 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraph 09

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 87-88]

   On ne peut se former une plus juste idée du salaire nécessaire, qu’en l’assimilant aux semences que le laboureur confie à la terre; comme elles se retrouveront sur la récolte et qu’on peut les y prélever, on n’est point obligé de les comprendre, ni dans les dépenses de la ferme, ni dans ses produits; on les retranche donc de part et d’autre. Mais c’est en proportion de ce que le laboureur sème chaque année, et de ce que le capitaliste avance chaque année en salaire nécessaire, qu’ils doivent l’un et l’autre attendre une récolte plus ou moins abondante, les autres circonstances influantes [influentes] étant d’ailleurs égales. Or ces circonstances influantes [influentes] sont dans les deux cas, l’effet plus ou moins actif dés capitaux fixes plus ou moins accumulés; ici pour amender la terre, et faciliter son ouvrage; là pour perfectionner l’ouvrier lui-même, ses outils, et ses moyens de travail. L’augmentation de salaire nécessaire est donc pour une nation le signe d’une activité croissante, comme l’augmentation de ses semailles est chez le laboureur le signe d’une plus grande exploitation.

[Translation]

   There is no better way to give the right idea about the necessary wages than by comparing them to the seeds a husbandman sows in the field. Since the seeds will return at the harvest and can be retrieved from it, they must not be included in the expenditure or in the produce of the farm, and are therefore deducted from both. But the husbandman should expect a better or worse harvest in proportion to the seeds he sows every year, and the capitalist should do so in proportion to the advance he makes on necessary wages every year if only all other influential circumstances are equal. And yet in both the cases these influential circumstances are the amount and the active effect of accumulated fixed capital; in the former case to improve the land and to facilitate its work, in the second case to improve the labourer himself, his tools, and his means of labour. Therefore the increase of necessary wages is the sign of growing activity for a nation, as the increase of sowed seeds is the sign of a larger exploitation for the husbandman.

Monday 2 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 07-08

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 86-87]

   Il y a d’autant moins d’inconvénien[t]s à retrancher de part et d’autre ce salaire nécessaire, qu’on ne peut réellement pas le considérer comme une dépense nationale; en effet ce que l’ouvrier productif destine à sa subsistance, lui est fourni par spéculation par ceux qui lui font des avances, lesquels sont assurés que l’ouvrage qu’il leur donnera en payement, vaudra plus que la consommation du journalier, représentée par le salaire qu’ils lui avancent. Tous les autres individus de la nation consomment, mais l’ouvrier productif ne fait qu’échanger. La nation elle-même, ainsi que nous l’avons vu dans les chapitres précéden[t]s, ne peut s’enrichir que par ces échanges du présent contre l’avenir.
   Sous ce nouveau point de vue, la dépense nationale n’est plus la consommation annuelle de tous les individus, mais cette consommation moins celle qui est requise pour l’entretien des ouvriers productifs, ou leur salaire nécessaire: de même le revenu national n’est plus le produit annuel du travail, mais ce produit après qu’on en a retranché le salaire nécessaire auquel il est dû, soit la subsistance des ouvriers productifs qui ont créé le revenu de l’année.

[Translation]

   It is all the more convenient to subtract this necessary wage from both, in that they cannot be really considered as the national expenditure. Indeed, productive labourers are provided with subsistence by a person who makes an advance to them by speculation, who is assured that the work they will give him in return will be of more value than the consumption of the day labourers, represented in terms of wages on which he makes an advance to them. All other individuals consume, but productive labourers do only exchange. The nation itself, as we have seen in the chapters above, can be only enriched by exchange of the present for the future.
   From this new point of view, the national expenditure is no longer the annual consumption of all the individuals, but the consumption minus the portion requisite for the subsistence of productive labourers, or their necessary wages; in the same way, the national revenue is no longer the annual produce of labour, but the produce minus the necessary wages to which we have owed it, or the subsistence of the productive labourers who have created the revenue of the year.


Sunday 1 March 2009

Book 1, chapter 4, paragraphs 05-06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 85-86]

   Nous pouvons nous former une idée tout aussi précise du revenu national; en effet nous avons vu que la rente des terres, et celle de tous les capitaux fixes, se fondoient [fondaient] dans le prix du produit du travail, et l’augmentoient [augmentaient]; nous avons vu aussi que le capital circulant s’échangeoit [échangeait] contre un travail plus considérable à faire, et que par conséquent le profit de ce capital se trouvoit [trouvait] réuni au prix de ce même travail. Il en résulte donc que le produit annuel du travail, rendu plus profitable par l’accumulation du capital circulant et du capital fixe, doit comprendre tout le revenu national (2).
   Remarquons à présent qu’une portion du salaire des ouvriers productifs, représente cette partie de la richesse mobiliaire [mobilière], qui est strictement nécessaire à leur entretien (3); cette portion qui est tout aussi nécessairement accumulée dans le prix de leurs productions, ne fait partie à proprement parler ni de la dépense, ni du revenu de la nation, on peut la soustraire de l’une et de l’autre, c’est une quantité égale, qui retranchée des deux parts, n’altérera point leur proportion; nous l’appellerons le salaire nécessaire.

[Translation]

   We can entertain exactly as precise an idea about the national revenue; indeed, we have seen that the rent of land and of all the fixed capital enters into and raises the price of the produce of labour; we have also seen that the circulating capital is exchanged for more labour yet to perform, and consequently that the profit of this capital is found in the price of this same labour. It follows from this, therefore, that the annual produce of labour, made more profitable by the accumulation of the circulating and fixed capital, must comprehend all the national revenue (2).
   Let us point out here that a portion of wages of productive labourers represents that part of movable wealth which is strictly necessary for their subsistence (3). Exactly speaking, this portion, which is just as necessarily accumulated in the price of their production, does not comprise a part of the expenditure or of the revenue of the nation, and you can subtract this both from the expenditure and from the revenue, a pair of subtractions which will not affect their proportion because they are equal in quantity. We call this portion necessary wage.