Sunday, 9 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 06

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 409-410]

(6) En supposant que le nombre des étrangers qui boivent des vins de France, ne fasse que compenser celui des Français qui font usage de toute autre boisson que de vins de notre cru, nous pouvons partir d’une consommation de trente millions d’individus. Or, on ne peut certainement pas évaluer la consommation annuelle de chaque individu en boisson, l’un compensant l’autre, à une valeur moindre de 10 fr., ce qui donne tout au plus à chacun une pinte de vin par semaine. La consommation annuelle de la France en boissons sera donc de 300 millions, et nous la supposons égale à sa production. Cette dernière pourrait être plus que doublée. Il ne s’agit point dans ce calcul, d’exportation mais de production, parce que les manufactures qui redoutent la liberté du commerce, et auxquelles nous comparons les vins, ne peuvent être exportées, puisqu’elles trouveraient en pays étranger la concurrence des Anglais, dont elles cherchent à se mettre à couvert dans le leur propre.
   Quant à l’exportation de nos vins et eaux-de-vie pour l’Angleterre, elle s’élevait pour l’année 1788, à la valeur de 13,500,000 francs, et si par le traité de commerce on avait obtenu, comme il était juste, que les vins de France fussent admis aux mêmes conditions que ceux de Portugal, l’importation annuelle, de 12,000 tonneaux de mer, de vin d’Oporto en Angleterre, aurait été remplacée par une importation au moins égale de vins de France. Ces douze mille tonneaux sont payés par l’Angleterre un million et demi sterling.
   Rien n’est au reste plus difficile à déterminer, que la quantité de vin produite annuellement par la France. La plus basse estimation que je connaisse, est celle que rapporte l’Abbé d’Expilly sans l’adopter, qui partant d’une étendue supposée de 1,600,000 arpens destinés à la culture de la vigne, donne pour produit 6400,000 muids de vin, lesquels à 30 fr. seulement, valent 192,000,000. La plus élevée est peut-être celle du Maréchal de Vauban, qui partant d’un autre calcul approximatif sur l’étendue des vignes, donne à la France 36,000,000 de muids de vin, lesquels à 30 fr. valent, 1,080,000,000 fr.

[Translation]

(6) By supposing that the number of foreigners who drink French wine is as large as that of the French who make use of all other drinks than wine from our vineyards, we can start with the assumption of 30 million consumers. We can certainly estimate the annual consumption of liquors by each individual, on average, at 10 francs or more; this sum means, at most, one pint of wine per week for each. The annual consumption of liquors in France will, therefore, be 300 million francs, and we suppose that that is equal to her production. The production could be more than doubled. What matters in this calculation is not exportation but production, because the manufactures which fear free trade, and to which we compare wine, cannot be exported. This is because in foreign countries they would be in competition with the English counterparts, from which they seek to be protected in their own country.
   As for the exportation of our wine and whiskey to England, it amounted in 1788 to 13,500,000 francs, and, if the treaty of commerce had permitted the French wine to enter on the same conditions as the Portuguese wine, the annual importation of 12,000 shipping tons of the wine from Oporto to England would have been replaced by the importation (at least, of equal amount) of the wine from France. These 12,000 tons are paid by England one and half million pounds sterling.
   In addition, nothing is more difficult to determine than the quantity of wine annually produced by France. As far as I know, the lowest estimation is that which Abbé Expilly reports without adopting it, who, starting by supposing an area of 1,600,000 acres allotted for cultivation of grapes, estimates the produce of wine at 6,400,000 muids, which is of 192,000,000 francs of value at 30 francs per muid. The highest estimation may be that of the Marshal Vauban, who, starting by another approximate calculation of the extent of vineyards, estimates the produce of French wine at 36,000,000 muids, which is of 1,080,000,000 francs at 30 francs per muid.

Saturday, 8 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 05

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 402-404]

(5) Pour la plupart des objets manufacturés, cette contribution ne s’élevait que de dix à quinze pour cent de la valeur des marchandises. La quincaillerie et les gazes étaient taxés à dix pour cent. (§ VI. du Traité, Art. 6 et 10.) les cotons, les modes, la porcelaine et les glaces paiaient douze pour cent, (Art. 7, 11, 12 et 13.) la sellerie payait quinze pour cent de la valeur, (Art. 9.) et les batistes cinq schellings par demi-pièces de sept verges et trois quarts. (Art. 8.) Les droits sur les vins, les eaux-de-vie, les vinaigres et les huiles, quoique fort réduits, ne l’étaient pas autant à beaucoup près: les uns égalaient, d’autres surpassaient même la valeur première de la marchandise. (Art. 1. 2. 3 et 4.) Celui sur la bière était fixé à trente pour cent. (Art. 5.) Si la réduction des droits perçus par les Anglais, sur les boissons fournies par la France, avait été proportionnée à la réduction des droits perçus par la France, sur les marchandises de fabrique anglaise, il est probable que de part et d’autre les importations auraient égalé les exportations; tandis que d’après les relevés des douanes Françaises, on calcule que les importations de marchandises anglaises se sont élevées,

pour l’an 1787à 58,500,000francs.
178863,000,000
178958,000,000
   Et les exportations des marchandises françaises en Angleterre ont monté
en 1787à 38,000,000
178834,000,000
178936,000,000
   Il faut remarquer qu’en 1789 l’Angleterre fournit à la France pour 18,000,000 de grains, farines ou légumes. En retranchant cet article absolument accidentel, de la valeur des ventes de l’Angleterre, elle se trouve à peu près au niveau de la valeur de ses achats.
   En 1789, le taux de l’intérêt était à peu prés le même en France et en Angleterre; nos capitaux avant la révolution suffisaient à notre industrie, il n’y avait donc pas de raison pour que l’Angleterre fût constamment prêteuse, la France constamment emprunteuse; après que le mouvement extraordinaire produit par le traité de commerce aurait été calmé, l’équilibre se serait peu à peu rétabli entre les achats et les ventes.
   Il n’en serait pas de même aujourd’hui dans nos relations avec l’Angleterre, nous avons trop besoin d’emprunter d’elle des capitaux, elle a trop d’intérêt à nous en prêter, pour que ses ventes à crédit ne surpassent pas ses achats, d’une somme d’autant plus forte, que nos relations commerciales avec elle se resserreront davantage.

[Translation]

(5) For the most part of manufactured goods, this tax is only ten to fifteen per cent of the value of the commodities. Ironmongery and gauze were taxed at ten per cent (section 6 of the treaty, articles 6 and 10); cotton, clothes, porcelain and glass paid twelve per cent (article 7, 11, 12 and 13); saddlery paid fifteen per cent of the value (article 9); and batiste five shillings per half-piece of seven yards and three quarters (article 8). The taxes upon wine, whiskey, vinegar and oil, though much reduced, were not so reduced, or still much higher; some of these were equal to, others were even higher than, the initial value of the commodity (article 1, 2, 3, and 4). The tax upon beer was fixed at thirty per cent (article 5). If the reduction of the taxes collected by the English upon liquors from France had been proportional to the reduction of the taxes collected by the French upon the commodities of English manufactories, it is probable that imports would have equalled exports in both countries. According to the records of the French customs, meanwhile, it is estimated that the imports of commodities from England amounted to:
      58,500,000 francs in 1787
      63,000,000 francs in 1788
      58,000,000 francs in 1789
   Moreover, the exports from France to England amounted to:
      38,000,000 francs in 1787
      34,000,000 francs in 1788
      36,000,000 francs in 1789
   It is noteworthy that in 1789 England provided France with 18,000,000 of corn, flour or vegetable. The value of sales of England, minus these completely accidental imports, turns out to be much the same as that of her purchases.
   In 1789, the rate of interest was almost the same in France and England. Before the revolution our capitals were sufficient for our industry, and, therefore, there was no reason for which England may have been constantly in credit and France in debt. Sooner or later the extraordinary upheavals provoked by the treaty of commerce would have subsided, and, then, the balance between the sales and purchases would have been almost restored.
   The same is not true of our recent relations to England. We are so much in need for loans of capital from her, and she takes so much interest in providing loans of capital to us. As a result, the sales of England on credit are not more than her purchases, by all the more as our commercial relations with her is shrinking.

Friday, 7 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 04

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 401]

(4) Lloyd history of England from the peace in 1783 Chapt. II. §. 27.

[Translation]

(4) Lloyd, The History of England from the Peace in 1783, chapter 2, section 27.

Thursday, 6 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 03

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 397-399]

(3) C’est sous cette catégorie qu’il faut ranger le traité de commerce conclu entre la France et la Russie, le 11 Janvier 1787. Les principes qui ont dirigé les négociateurs de ce dernier, et de celui entre l’Angleterre et la France, conclu peu de temps auparavant, sont les mêmes. Les effets des deux traités ne se sont point cependant fait sentir également, parce que la France ne peut entretenir avec la Russie qu’un commerce d’une nature bien différente de celui qu’elle entretient avec l’Angleterre. Par le traité de Petersbourg, les marchands Russes négociants en France, sont affranchis du droit de fret, et de celui de vingt pour cent sur les marchandises débarquées à Marseille, leurs cires et leurs suifs obtiennent une réduction de vingt pour cent sur les droits portés par le tarif, et leurs fers sont admis sur le pied de ceux des nations les plus favorisées; (Art. X, XI et XII.) En revanche, l’Empereur Russe accorde aux Français dans ses ports les mêmes avantages qu’à ses propres sujets, et il diminue les droits perçus sur les vins et les savons de France. (Art. XII.) Ce traité ne statue rien quant aux manufactures de l’une et de l’autre nation, tandis que par celui du 20 Juin 1766, entre l’Angleterre et la Russie, les droits sur les draps et les étoffes anglaises sont fixés d’une manière modérée. Le traité de Petersburg pouvait être beaucoup plus avantageux à la France et à la Russie, puisqu’il pouvait accorder à leur commerce réciproque une liberté beaucoup plus grande. Tel qu’il était, il contribuait déjà sans doute à augmenter les revenus, à diminuer les dépenses de l’une et de l’autre. Il donnait aux Russes plus de facilité pour obtenir un bon prix de leurs matières premières, et pour s’approvisionner sans trop de frais des produits du sol ou de l’industrie française; Il donnait aux Français plus de facilité pour se pourvoir à bas prix des matières premières que leur fournit le Nord, et pour y vendre d’une manière profitable leurs vins et leurs savons. Mais ceux qui adoptent le système mercantile, considèrent les avantages que la Russie retirait de ce traité, plutôt comme des pertes, tandis qu’ils regardent comme d’une haute importance ceux qui en résultaient pour la France; aussi le traité avec la Russie est-il hautement approuvé par les mêmes gens qui condamnent celui avec l’Angleterre. Nous les regardons tous deux comme avantageux, et ces deux commerces comme profitables; cependant celui des deux qui convient le mieux aujourd’hui à la nation Française, n’est point le commerce Russe, mais le commerce Anglais; car le premier consiste principalement en ventes à crédit, et en achats pour comptant, ce qui constitue un prêt des capitaux français à la Russie, et présente ce que les calculateurs politiques appellent une balance favorable; tandis que le commerce avec l’Angleterre, vu le taux de l’intérêt et l’état des fabriques dans les deux pays, sous l’apparence d’une balance défavorable, se composerait de ventes pour comptant et d’achats à crédit; de telle sorte que la France attirerait à elle à titre d’emprunt, pour une somme considérable de capitaux anglais.

[Translation]

(3) We must count the treaty of commerce concluded between France and Russia, on 11 January 1787, in this category. The principles which directed the negotiators of this treaty, and of that between England and France concluded shortly before, are the same. The effects of the two treaties, however, were not felt alike, because France can only do a different kind of trade with Russia from her trade with England. By the treaty of Petersburg, the Russian merchants trading in France are free from transport costs, and from 20 per cent of taxes upon commodities unloaded in Marseilles; their wax and grease obtain a 20 per cent of reduction upon the taxes carried by the tariff, and their steal is admitted on the same condition as that from the most preferential countries (article x, xi, and xii). In return, the Russian Emperor accords the French in his ports the same advantages as to his own subjects, and diminishes the taxes levied upon wine and soap from France (article xii). This treaty does not accord anything to manufactures of either nation, while, the treaty of 20 June 1766 between England and Russia provides that the taxes upon woollen and other textiles from England should be fixed in a moderate way. The treaty of Petersburg was likely to be much more advantageous to France and Russia, because it was likely to make their reciprocal trade much freer. As it was so, no doubt, it already contributed to increase of revenue and to diminution of expenditure for both countries. It made it easier for the Russian to obtain a low price of their raw materials, and to be provided with the produce of the French soil or industry without excessive transport cost; it made is easier for the French to be provided with raw materials from the North at a low price, and to sell their wine and soap there in a profitable way. However, those who adopt the mercantile system regard the advantages gained by the Russian from this treaty rather as losses, while they think what France gains from it as highly important. Therefore, the treaty with Russia is highly approved by the very men who criticise the treaty with England. We regard both the treaties as advantageous, and both kinds of trade as profitable, but what is the more adequate to France of the two today is not that with Russia but that with England. This is because the former consists principally of sales on credit and of purchases by cash, a fact which means a loan of French capitals to Russia and presents what political calculators call a favourable balance. Meanwhile, trade with England, bearing in mind the rate of interest and the state of workshops in the two countries, in the guise of an unfavourable balance, would be composed of sales by cash and purchases on credit. As a result, France would draw a large sum of capital from England in the name of loans.

Wednesday, 5 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 02

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 393-394]

(2) D’après Peuchet, Diction. de la Gèog. comm. Tom. IV. p. 459. à l’époque qui a précédé la révolution, la France tirait d’Espagne annuellement des espèces d’or ou d’argent, pour la valeur de 62,500,000 fr. Il est probable que dans peu d’années ce commerce se rétablira sur le même pied.

[Translation]

(2) According to Peuchet’s Dictionnaire universel de la géographie commerçante, volume 4, p. 419, the specie of gold and silver, brought from Spain to France in the period prior to the revolution, amounted to 62,500,000 franc. It is probable that in a few years this trade will be restored to the same condition.

Tuesday, 4 January 2011

Book 3, chapter 8, footnote 01

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 391-392]

(1) L’Espagne vendait chaque année beaucoup de numéraire, et paraissait cependant toujours en être dépourvue: ce dénuement peut fort bien s’accorder avec le bas prix des matières fines: deux causes concourent à l’expliquer. Premièrement, l’Espagne est demeurée si pauvre, elle a si peu de commerce, et les échanges y sont si peu fréquents, proportionnellement à son étendue, qu’elle n’a besoin pour sa circulation, que d’une bien moindre masse de numéraire que tout autre pays. Secondement, elle a tellement multiplié sa monnaie de billon, que le cuivre a dû nécessairement chasser l’or et l’argent de chez elle: dès que la quantité de monnaie de cuivre cesse d’être proportionnée à la masse totale du numéraire, elle a précisément le même effet qu’un papier-monnaie, dont elle ne diffère point, sa valeur étant également fictive, indépendante du travail accumulé en elle et méconnue hors des Etats d’un seul Souverain. Tout ce que nous avons dit, Liv. I. Chap. VI. du papier-monnaie, peut s’appliquer au billon, et suffit pour faire comprendre comment celui-ci chasse d’un pays, les espèces d’or et d’argent qui y circulent concurremment avec lui.

[Translation]

(1) Every year Spain sold much specie, and seemed nevertheless always short in it. This shortage can be fully consistent with the low price of fine materials. Two causes combine to account for that. Firstly, Spain has remained so poor, and has so few tradesmen, and the trade is so sluggish there in relation to her extent, that her home circulation needs a much less amount of specie than any other country. Secondly, Spain has increased coppers so much that copper would by necessity expel gold and silver from Spain. As soon as the quantity of coppers ceases to be in proportion to the total amount of specie, coppers have precisely the same effect as paper-money, from which coppers are not different in that their value is also fictitious, independent of the labour embodied in them, and that it is not understood except within the states of a single sovereign. All that we have said in book 1, chapter 6, concerning paper-money, can apply to coppers, and is sufficient to understand how coppers expel gold and silver coins from a country which circulate there concurrently with coppers.

Monday, 3 January 2011

Book 3, chapter 8, paragraph 29

[De la richesse commerciale, Sismondi, 1803, Original, 418]

   Ce n’est pas, il est vrai, à la liberté du commerce, mais à la liberté civile, qu’il faut attribuer la longue prospérité de la Suisse; c’était l’effet du Gouvernement le plus sage, le plus juste, le plus égal, le plus paternel, que l’Univers eût encore connu. Mais parmi les bienfaits d’un Gouvernement si respectable, celui d’avoir affranchi l’industrie, de toutes les entraves, et de tous les monopoles, auxquels les vues étroites des autres Gouvernements l’ont asservie, n’était pas un des moins importants. Puisse le Peuple Suisse retrouver le bonheur dont il était si digne! et puissions-nous apprendre de lui quel est le prix de toute espèce de liberté! (7)

[Translation]

   True, it is not to commercial liberty but to civil liberty that we must attribute the long prosperity of Switzerland. This was the effect of the wisest, fairest, most egalitarian and most generous government that the world had ever seen. Among the benefits of such a respectable government, however, that of having freeing industry from all restraints and monopolies, to which the myopia of other governments has subjected industry, was not one of the least important. May the Swiss nation regain the happiness that she was so worth! May we learn from her what the reward for every species of freedom is! (7)